Avis aux amoureux des lettres, le Vancouver Writers Fest sera de retour pour sa 38e édition du 20 au 26 octobre. Cette année, 115 écrivains seront présents sur Granville Island afin d’échanger autour de leur passion commune pour la littérature.
« Quels sont les enjeux et les thèmes qui dominent la sphère culturelle et politique et qui mériteraient d’être approfondis et mieux compris ? », c’est la question autour de laquelle Leslie Hurtig, directrice artistique du festival, souhaite orienter cette nouvelle édition.

Christine Estima sera présente au festival le 24 octobre. | Photo par Panther Sohi
Dans un climat politique et social incertain, l’engagement des auteurs et le pouvoir de leurs mots seront mis en lumière lors d’évènements et de conférences à thème. Le public aura le choix parmi une programmation riche et variée : plus de 85 rendez-vous sont désormais disponibles à la réservation, de quoi satisfaire le plus grand nombre.
Avec pour tête d’affiche la populaire écrivaine canadienne Margaret Atwood, notamment connue pour son roman La Servante écarlate, le festival accueillera des auteurs du monde entier. Et malgré qu’aucun livre ne fasse honneur à la langue de Molière cette année, une poignée de francophones comme Christine Estima et Michael V. Smith ont tout de même répondu présents à l’invitation.
Donner une voix aux femmes oubliées
Christine Estima est une écrivaine née au Québec d’origine libanaise, syrienne et portugaise, résidant à Toronto depuis ses 12 ans. Cette année marque sa deuxième participation au Vancouver Writers Fest. « La dernière fois j’ai été très impressionnée par les auteurs et par la discussion sur la littérature », se confie-t-elle. « Les lecteurs de Vancouver sont si gentils et généreux, c’est sans doute l’un des meilleurs festivals du pays ».

Couverture de Letters to Kafka, le premier roman de Christine Estima. | Photo par Panther Sohi
Elle a publié en septembre son premier roman Lettres à Kafka qui retrace l’histoire d’amour entre Milena Jesenská, une jeune journaliste et écrivaine, prisonnière d’un mariage malheureux. Pour compléter ses revenus, elle décide de contacter Franz Kafka et commence à travailler pour lui en tant que traductrice. S’ensuit une correspondance intense et de plus en plus passionnée entre les deux amants.
Christine raconte avoir découvert l’histoire de Milena Jesenská pour la première fois en 2012 lorsqu’elle étudiait à Londres. Son nom avait été prêté à une bourse universitaire destinée aux journalistes et c’est en creusant un peu que Christine explique avoir était captivée par son histoire. « La plupart des écrits étaient en allemand ou en tchèque mais j’ai tout de même fini par me procurer cinq livres traduits en anglais », raconte-t-elle. « J’ai été stupéfaite. Quelle femme incroyable, quelle vie incroyable, quelle aventure incroyable ! Je me souviens de me dire que quelqu’un devrait écrire un roman sur elle et puis j’ai compris que je pouvais être cette personne ».
Par le biais de sa passion pour la fiction, Christine se donne pour mission de soutenir les voix des femmes. « Mes œuvres et ma philosophie ont toujours consisté à explorer les vies de femmes complexes », affirme-t-elle. Comme dans son premier recueil The Syrian Ladies Benevolent Society paru en 2023, la femme est une fois de plus mise au cœur du récit. « Elles font de leur mieux, elles se questionnent, cherchent à comprendre, et même quand elles commettent des erreurs je souhaite les soutenir ».
La musique pour raconter la joie queer
Michael V. Smith, auteur queer résident à Kelowna en C.-B. sera aussi présent au Vancouver Writers Fest. Très récemment publié, son huitième ouvrage est un recueil de poésie inspiré de la musique qu’il définit aussi comme un mémoire autobiographique.
Au cours de 19 poèmes, Michael cherche à se remémorer des souvenirs et des moments de vie. « Chaque poème prend le titre d’un album ou d’une chanson qui m’a marqué à une période précise de ma vie », explique-t-il, « c’est une enquête sur ce que c’est d’être dans le corps d’un jeune homme gay à ce moment de l’histoire ».

Michael V. Smith, habitué du festival, reviendra sur la bande sonore qui a façonné sa vie. | Photo par Jessica Zais
De 1978 à 2005, l’auteur nous raconte son expérience queer dans une petite ville de l’Ontario qui s’inscrit dans une société conservatrice et réticente due notamment à l’émergence du sida. « La difficulté à l’époque ce n’était pas que j’étais gay, c’était que j’étais visiblement gay et fier de l’être », déclare Michael. « La société et la définition du terme queer a largement évolué depuis mon enfance », mais selon lui un poids trop important pèse encore sur la communauté LGBTQ+ dans le monde : « La cible a changé, les histoires restent les mêmes ».

Couverture de Soundtrack : a lyric memoir, le dernier opus de Michael V. Smith.
Après avoir vécu à Vancouver pendant 13 ans, « c’est toujours émouvant et spécial d’y revenir, c’est ici que ma carrière d’écrivain a commencé », se confie Michael. « C’est mon Home festival ». Ce dernier représente pour l’artiste un lieu où le mélange des genres et des différences poussent à la conversation et à la découverte. Dans cette même idée, Michael conclut : « Je pense que le plus important dans mon recueil, c’est de mettre en avant l’esprit de joie et d’espoir qui nous pousse à avancer et à changer le monde ».