le Samedi 1 novembre 2025
le Vendredi 31 octobre 2025 17:34 Francophonie

Renouveau francophone au cœur de l’île de Vancouver

Présentation d'un film francophone à Campbell River | AFCI
Présentation d'un film francophone à Campbell River | AFCI
Renouveau francophone au cœur de l’île de Vancouver
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L’Association francophone du centre de l’île (AFCI), fondée en 1978, fait vivre la langue française et la culture francophone à Campbell River et dans la vallée de Comox. Seul organisme francophone du centre de l’île de Vancouver, il demeure un carrefour pour les francophones qui souhaitent vivre en français.

Martin Bouchard –Initiative de journalisme local – Journal La Source

« Nous sommes en situation minoritaire, mais nous offrons des occasions de rencontre, des repas communautaires et des activités culturelles. Notre but est de rassembler les gens », explique Nadir Hammou, directeur général de l’AFCI. 

Pour François Clavel, président du conseil d’administration de l’AFCI, l’engagement communautaire relève d’un devoir de transmission. « En tant qu’aîné fier de sa culture, je me sens obligé de partager et transmettre la francophonie. L’Association couvre un territoire incluant la vallée de Comox, dont Cumberland, Comox et Courtenay, ainsi que Campbell River, un vaste périmètre qui représente un grand défi de partage essentiel à notre survie ». 

« En un mot, l’AFCI nous permet de nous retrouver entre francophones », conclut-il.

Présentation d’un film francophone à Campbell River | Association francophone du centre de l’île

Des défis bien réels

La communauté francophone du centre de l’île de Vancouver fait face à plusieurs obstacles : manque d’accès aux médias francophones, dispersion des membres et vieillissement de la population. François Clavel résume la situation ainsi : « Nous vivons dans un désert d’information francophone, avec très peu d’accès à toute forme de média, y compris Radio-Canada, accessible seulement en ligne. Nous sommes aussi très dispersés, ce qui complique les rencontres. »

Il évoque aussi un sentiment d’isolement et une intégration difficile des nouveaux arrivants. « Nous sentons un manque d’inclusion en Colombie-Britannique, mais aussi auprès des organismes provinciaux, du fait de la distance et des spécificités de notre population. Le vieillissement entraîne une moins bonne maîtrise des nouvelles technologies et un besoin d’activités adaptées. Et l’intégration des immigrants dans notre communauté francophone diversifiée nécessite des efforts accrus, malgré des ressources limitées. »

Une communauté en mouvement

Pour Nadir Hammou, ce vieillissement s’accompagne d’un besoin de relève. « Beaucoup de jeunes ont quitté la région, mais nous retrouvons aujourd’hui des familles francophones grâce à l’immigration. » 

Cette diversité se reflète dans la composition des membres : retraités de partout, familles venues de l’Alberta ou du reste du Canada, nouveaux arrivants du Maghreb ou du Liban et couples exogames. « C’est une communauté très variée, et c’est aussi ce qui fait sa richesse », dit-il.

L’AFCI mise sur les traditions communautaires tout en modernisant son offre. « Nous célébrons la culture francophone par des repas de Noël, des rencontres et des concerts. Mais nous offrons avant tout un espace où l’on vit en français », résume le directeur général. 

Pour combler le manque d’accès à la culture francophone, il a lancé un ciné-club qui présente chaque mois un film en français, peu importe son origine. « Le cinéma est un excellent moyen de découvrir la francophonie sous toutes ses formes. C’est aussi un prétexte pour se retrouver », ajoute-t-il. 

L’Association numérise également ses archives pour préserver la mémoire collective. Toutes ces initiatives renforcent les liens entre générations. 

L’AFCI demeure toutefois fragile, notamment en raison du mouvement constant de ses membres. « Nous sommes dépendants des politiques d’intégration liées à la base militaire de Comox, qui connaît un roulement régulier », souligne François Clavel.

Regarder vers l’avenir

Pour la direction, l’avenir passe par l’adaptation et la collaboration. « Nous devons ajuster notre offre aux réalités actuelles. Nous n’avons plus les moyens d’assumer un rôle éducatif comme autrefois, mais nous pouvons continuer à renforcer les liens entre membres », estime Nadir Hammou.

François Clavel partage cette vision : « À Campbell River, nous avons été choyés par nos prédécesseurs qui nous ont légué des installations permettant d’offrir des services adéquats. Mais dans la vallée de Comox, l’association précédente a cessé ses activités il y a plus de dix ans. Nous devons reprendre sa mission, renouer les ponts et rebâtir les fondations sur lesquelles s’appuient nos actions. »

Malgré les défis, la direction garde le cap sur l’espoir. Pour Nadir Hammou, « il s’agit avant tout de rassembler des francophones venus d’horizons très différents, mais unis par le même désir de vivre leur culture ».