Calendrier multiconfessionnel, à quel saint se vouer ?

Avec l’invention des règles sociales, la mise en place d’un calendrier religieux est l’autre pilier de toute société. Reste que s’il est universel, ce besoin de marquer d’une pierre blanche certains jours comme autant de points de repères dans la ligne du temps revêt autant de significations qu’il existe de croyances. C’était déjà vrai il y a 5000 ans, ça l’est encore aujourd’hui et peut-être plus que jamais alors que les religions et les cultures n’ont jamais autant été brassées et mises en contact.

Le monde aime se faire peur avec le calendrier maya qui annonce la fin du monde dans moins de deux semaines. Pourtant, il oublie un peu vite que dans certaines parties du monde le 21 décembre 2012 s’inscrit encore dans un futur lointain. De même lorsque l‘on peste parfois contre ces musiques de Noël qui commencent à résonner dans certaines grandes surfaces dès le mois de novembre, il est bon de se rappeler que Noël et la symbolique qui s’y rattache est loin de toucher l’ensemble de la population. Et la liste de ces jours et célébrations observés par certains, ignorés par d’autres est longue. Dans une ville comme Vancouver, multiculturelle et donc multiconfessionnelle par excellence, la question n’est pas d’observer un calendrier confessionnel, mais lequel ?

Calendrier multiconfessionnel

Au Canada comme dans l’ensemble du monde occidental, le calendrier grégorien prévaut. Fondé sur des bases chrétiennes, il a longtemps imposé le rythme du temps et des festivités. Or dans une société de plus en plus multiculturelle, ce calendrier rigide s’éloigne de plus en plus de la réalité d’un pays où les religions et les cultures s’entremêlent. Un constat qui a amené la Multi faith Action Society à publier un calendrier multiconfessionnel. Basée à Vancouver, l’association se prépare à éditer la 27ème edition annuelle de ce calendrier de 32 pages. « Cette association a été créée dans le but de d’instaurer un dialogue interconfessionnel ici à Vancouver et en Colombie-Britannique en insistant sur les points communs qui existent entre les différentes religions, » explique Bernard Bouska, responsable de la distribution du calendrier publié par l’association. « L’idée de ce calendrier multiconfessionnel répond à un besoin croissant dans notre société. À travers ce calendrier nous célébrons nos différences et la dynamique d’une société diverse. C’est devenu un outil éducatif qui peut par exemple servir aux entreprises pour aménager certains emplois du temps. »

Un calendrier pour créer le dialogue entre les religions. Illustration par la Multi faith Action Society

Edité à 20 000 exemplaires le calendrier multiconfessionnel prévoit les dates exactes de célébrations relatives à la plupart des groupes ethniques et religieux présents en Amérique du Nord. Y sont représentés la spiritualité autochtone, le bahaïsme, le boudhisme, le judaïsme, le christianisme, l’hindouisme, l’islam, la scientologie, le shintoisme, le sikhisme, l’unitarianisme, la wicca et le zoroastrisme.

L’existence d’un tel outil s’inscrit dans une réalité de plus en plus prégnante. Nombre de Canadiens jonglent en effet quotidiennement avec deux calendriers confessionnels et parfois même plus selon les familles.

« En tant que musulmane vivant au Canada, je suis le calendrier grégorien et le calendrier islamique, » témoigne Sana. « Suivre le calendrier grégorien est indispensable pour vivre dans cette société. En revanche J’utilise le calendrier islamique qui est un calendrier lunaire pour me repérer quand il s’agit de vivre ma religion. »

Une réalité partagée par Yaya, musulman lui aussi. « Il y a deux jours que nous célébrons particulièrement qui sont la fin du Ramadan et la commémoration du sacrifice d’Abraham. Pour ces deux jours-là, je dois m’absenter du travail, » explique-t-il. « Mon employeur me le permet, j’ai de la chance mais ce n’est pas toujours le cas ».

Tout les deux s’accordent à dire que suivre deux calendriers demande une certaine organisation. « Il est plus difficile de suivre le calendrier islamique car le calendrier grégorien rythme notre quotidien, » reconnait Sana. Elle estime également qu’il est peut-être temps pour la société canadienne de prendre en compte ces différences. « Suivant la communauté dans laquelle vous vivez, il se peut que vous viviez dans un quartier où la plupart des gens ne célèbrent pas les jours sacrés du calendrier grégorien. La société se diversifie de plus en plus, y compris en termes de religion. C’est une réalité avec laquelle il va falloir composer. »