Le Théâtre de la Seizième, unique compagnie théâtrale professionnelle francophone en Colombie-Britannique, présentera sa pièce annuelle pour adolescents Statu Quo les 6 et 7 avril 2013. La troupe partira ensuite en tournée dans les écoles francophones et d’immersion française de notre province et de Saskatchewan.
La simplicité pour mieux toucher
Statu Quo, c’est l’histoire de Sarah qui, arrivée en fin de secondaire, se voit contrainte de faire un choix de carrière. Alors que tout le monde semble fixé, y compris Adèle, sa meilleure amie, elle se retrouve à perdre tous ses repères. C’est alors qu’elle rencontre Simon, un étranger, fils de militaire, plus docile. Ensemble, ils redécouvriront ce village sans histoire, où l’on meurt de l’ennui.
Gilles Poulin-Denis a délibérément choisi de poser le cadre de la pièce dans un univers fait de simplicité : « Je voulais casser avec ces œuvres pour adolescents où l’on ne relate que des cas extrêmes, comme des cas de viols ou des adolescents vivants dans les quartiers élitistes de grandes villes telles que New York ou Los Angeles. Je pense qu’il faut raconter ce qui fait la vie quotidienne des adolescents. Et selon moi, l’ennui en fait partie. Il n’y a que trop peu d’activités organisées spécialement pour eux. »
L’idée de la pièce a germé en Gilles Poulin-Denis pendant les dernières élections fédérales.
« Je me suis mis à me questionner sur la place que l’on accordait aux jeunes. C’est comme s’ils étaient évacués du regard public. Aux nouvelles, lorsque l’on parle d’eux, c’est pour parler de crimes ou de disparus », soutient-il. C’est alors qu’il commence l’écriture de sa pièce.
« Je ne voulais pas d’une pièce à thème, comme la drogue, la sexualité chez les adolescents, l’internet. Dans Statu Quo, je veux simplement faire découvrir des personnages, leur évolution et leur questionnement quant au monde qui les entoure. »
Statu quo sur notre société
Pour Craig Holzschuh, directeur général et artistique du Théâtre, cette pièce remet en question la place des adolescents dans notre société. Ainsi, il déclare : « Alors que l’on attribue aux adolescents un individualisme extrême, la pièce réaffirme la condition sociale de l’humain qui, au contact de l’autre, se découvre, revendique son espace de liberté et y ajoute de nouvelles dimensions ».
Par ailleurs, Statu Quo questionne notre société actuelle qui pousse les adolescents à faire des choix de grande importance de plus en plus vite et de plus en plus tôt. Craig Holzschuh le souligne: « la pièce dénonce une problématique de notre société. Aujourd’hui, on demande à nos jeunes de répondre à ces questions rapidement. Certains peuvent avoir le sentiment angoissant d’être perdus dans leur vie ».
Il assure toutefois ne pas vouloir d’un « théâtre moralisateur », souhaitant simplement présenter aux jeunes une situation qui les touche, et qui peut être vécue à plusieurs moments de la vie humaine. « La fin du secondaire est une étape charnière de la vie, comme la fin de l’université l’est avec l’entrée sur le marché du travail. On se demande qui l’on est, ce que l’on aimerait être, comme cela peut être le cas à d’autres moments de la vie », constate Gilles Poulin-Denis. Toujours motivé à être une voie sincère pour les adolescents, il espère toucher, bousculer, éveiller les émotions des spectateurs : « J’ai pour espoir que Statu Quo crée un écho chez certaines personnes, qu’elle captive l’intérêt du public », confie-t-il.
Théâtre et adolescence : un bon mélange
Gilles Poulin-Denis, acteur de formation et dramaturge, confère au théâtre une place toute particulière parmi les arts. « De tout temps, on a exprimé le besoin de se faire raconter des histoires », explique-t-il. Mais, ajoute-t-il, « le théâtre est l’une des formes d’expressions les plus intéressantes, engageant l’imaginaire du public. Chacun peut alors interpréter à sa manière les images et la scène qu’il observe. »
Craig Holzschuh accorde par ailleurs à la culture pour les jeunes une grande importance.
« à l’adolescence, la culture – et, ainsi, le théâtre – permet un attachement à qui tu es, et te donne une façon de voir et réfléchir le monde qui t’entoure. Plus encore, ancrée dans un milieu minoritaire, elle permet de vivre ta langue maternelle. Il est donc important que les jeunes aient un théâtre propre à eux et qui leur appartient. », conclut-il. C’est donc un voyage au cœur de leur propre univers offert aux adolescents.
Statu Quo
6 avril à 20h et 7 avril à 14h
Théâtre de la Seizième, Studio 16, 1545, 7è Avenue Ouest, Vancouver
Billets : 5–10$.
Réservations au 604.736.2616