Retour à l’alimentation sauvage

Réapprendre à manger naturellement | Photo par SlugsYouth

Réapprendre à manger naturellement | Photo par SlugsYouth

Abandonner le chemin des supermarchés et privilégier les trésors de la terre nourricière, n’y avez-vous jamais pensé ? Les plantes comestibles existent partout et en abondance pour l’œil averti qui saurait les trouver, et les amateurs de ces plantes sauvages se font de plus en plus nombreux.

Le samedi 27 avril, l’association SLUGS (Sustainable Living and Urban Gardening Skills) propose donc un atelier sur « les aliments sauvages locaux » afin d’enseigner la reconnaissance de l’alimentation directement issue de la biodiversité à l’état sauvage. Basée à Victoria, elle a été créée il y a quatre ans et promeut le mode de vie durable et les compétences en jardinage urbain. Clare Pepper explique « l’idée était d’enclencher un retour aux sources, réintroduire les pratiques de jardinage et le retour à la culture, la cueillette. »

L’objectif étant que les gens se rapprochent de la nature dans leur quotidien. Cette pratique si naturelle auparavant a été perdue au fil des ans et aujourd’hui peu de personnes connaissent ce qui les entoure, et peu de gens savent vivre avec les plantes.

« Notre idée était surtout de sensibiliser les enfants et les adolescents en instaurant des ateliers ludiques car nous sommes passés d’un extrême à l’autre, il est donc temps de retrouver un certain équilibre. Encore aujourd’hui certaines communautés vivent quasi exclusivement des produits sauvages de la terre, les ressources sont multiples si l’on prend en compte l’océan qui borde notre île. »

La cueillette des plantes sauvages | Photo par SlugsYouth

La cueillette des plantes sauvages | Photo par SlugsYouth

Des cadeaux de la nature

Fleurs, fruits ou herbes sauvages ont été utilisés depuis la nuit des temps par les Hommes pour s’alimenter mais aussi se soigner. Puis l’industrialisation, l’agriculture de masse, l’évolution des générations les ont relégués à la case oubli. L’ethnobotaniste français François Couplan souligne bien « cette rupture s’est faite au Moyen-Âge lorsque les bourgeois, voulant montrer leur supériorité par l’alimentation, ont consommé exclusivement du gibier, du pain blanc, du sucre raffiné, ainsi que les végétaux issus des expéditions qu’ils finançaient. Les pauvres eux, ne pouvaient pas s’offrir ces mets et consommaient des plantes sauvages, qui, depuis cette époque ont donc acquis une mauvaise réputation. Elles reviennent maintenant en force car elles sont des cadeaux de la nature. On s’aperçoit qu’elles ont des qualités nutritionnelles intéressantes. Les orties par exemple contiennent sept fois plus de vitamines C que les oranges, sans compter que la saveur des plantes sauvages est incomparable. Elles sont génétiquement plus fortes que les autres aliments et, issues de la nature, elles sont plus nutritives que les plantes cultivées. Par ailleurs, leur système racinaire en font des herbes souvent plus résistantes à la sécheresse ».

Et en plus elles sont gratuites. Si les canadiens sont fervents des myrtilles poussant à l’état sauvage sur la côte Est, c’est moins souvent le cas du cresson d’eau par exemple, pourtant présent à travers tout le pays et qui se mange aussi bien cru que cuit, et délicieux accompagné de champignons.

Alimentation sauvage, mode d’emploi

Malgré tout, attention, l’identification des plantes adéquates est essentielle. Elise Krohn, herbaliste et passionnée de plantes locales, met en garde sur son blog wild foods and medicines. Si vous ne connaissez pas les plantes, il est possible de confondre celle qui est toxique et celle qui est comestible. Cette pratique est difficile à apprendre seul, il faut savoir s’entourer de connaisseurs.

Il y a d’ailleurs des façons d’éveiller et d’affiner vos sens et vous pourrez plus facilement identifier une plante – remarquer l’odeur, la texture, la forme, les couleurs et l’emplacement. Quels sont les autres plantes qui poussent autour ? Poussent-elle dans les zones marécageuses, les lieux humides ou sur des côteaux pierreux ? Tous ces détails sauront solidifier vos connaissances. De même, la préparation d’une plante sera différente si elle est bonne ou mauvaise pour la santé. Un bon exemple de ceci est le Faux Arum. Les racines et les feuilles sont comestibles, mais seulement quand elles sont cuites à plusieurs reprises et que l’eau a été changée plusieurs fois. Ainsi l’ébullition, ou même le séchage de cette plante supprime de minuscules cristaux d’oxalate de calcium qui sont irritantes pour la bouche, la gorge et l’estomac. Donc, attention, chaque plante a des propriétés uniques et des utilisations appropriées.

Manger des plantes sauvages locales signifie donc que la plante se défend contre les mêmes organismes que votre corps ce qui les rend très bénéfiques pour le système immunitaire. Avis aux intéressés.