TomoeArts présente la danse japonaise aux Canadiens

L’association TomoeArts vous propose de commencer l’année par un chef d’œuvre. La projection de la performance filmée de La Courtisane Akoya est gratuite et se fera le 23 janvier à UBC. Une occasion d’en découvrir plus sur le Nihon Buyoh, la danse traditionnelle japonaise et, en cas de coup de foudre, de savoir où pouvoir la danser.

Au Japon, le Nihon Buyoh est l’équivalent de notre ballet européen : une danse classique, vue comme « noble », qui demande des années d’entraînement. Il s’agit à la fois de la danse des geishas et du théâtre Kabuki. Seuls les jeunes Japonais venant de bonnes familles peuvent se permettre d’avoir un avenir professionnel dans le théâtre Kabuki. C’est dire si l’apprentissage de cette danse est sélectif.

Colleen Lanki, Canadienne, a pourtant eu le privilège de trouver le professeur idéal : « Mon premier professeur au Japon, Fujima Yûko, décédée en 2003, s’était engagée à ouvrir cette danse à l’international. Elle ne parlait aucune autre langue que le japonais. Elle a grandi à Tokyo pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et pourtant, elle était absolument engagée sur le fait que cette forme d’art qu’elle aimait tant se devait d’être internationale. »

Colleen Lanki continue dans les pas de son mentor avec TomeoArts, une association qui offre des cours de danse japonaise et met en scène des représentations originales. La danse a, en effet, tout pour plaire. « Ce n’est pas que du drame parlé, pas que de la danse, pas que de la musique… mais tout cela, ensemble. Une histoire racontée sur quatre niveaux : visuel, oral – le son –, gestuel et potentiellement, textuel. » Le Nihon Buyoh n’a donc rien à envier aux comédies musicales de Broadway. Pourtant, cette forme artistique n’est pas visiblement présente en Amérique du Nord.

Canadienne en kimono

« J’ai senti que cette danse méritait d’être exposée à un niveau professionnel », raconte Colleen. Ses efforts ne sont cependant pas au goût de tout le monde. Si, au Japon, plusieurs personnes se refusent à enseigner aux étrangers, l’acharnement de Colleen lui fait gagner le respect des plus sceptiques. Étonnamment, c’est au Canada que la danseuse rencontre le plus de difficultés : « mes compétences n’importent pas. Si j’étais physiquement différente, je serais plus acceptée par certaines personnes ».

Le Canada, qui a une grande histoire d’appropriation culturelle, ne plaisante pas avec ça. Une Caucasienne en kimono fait froncer les sourcils. C’est pourtant avec beaucoup de respect que Colleen l’enfile. Comme le kimono de judo, c’est là l’uniforme de son sport – ici, de sa danse. Comme son professeur avant elle, Colleen Lanki partage une dynamique d’ouverture sur le monde. C’est dans cet esprit-là que sont organisées les séries de projections à UBC.

Maki Yi et Colleen Lanki dans Weaver Woman. | Photo par Alfonso Arnold

Akoya : La performance tour de force

La série du moment met en avant les plus grands rôles féminins. « Dans le Grand Kabuki, le rôle principal – le rôle féminin – est joué par des hommes », précise Colleen. « Il y a eu des professionnelles femmes mais elles n’ont pas accès à la grande scène. Dans la partie danse, par contre – pas le Grand Kabuki mais la version dansée, qui est souvent très similaire, il y a beaucoup de femmes. »

La prochaine projection, La Courtisane Akoya est en réalité le troisième acte d’une pièce en cinq actes. Les pièces Kabuki durent souvent une journée entière et c’est le meilleur acte qui continue d’être produit et rejoué. Ici, l’acte en question, surnommé la « scène de torture », est « un tour de force pour l’acteur ». Comme le monologue d’Hamlet, l’auditoire vient au théâtre pour voir si l’acteur relève le défi. « L’acteur doit jouer – pas prétendre jouer, vraiment jouer – trois instruments différents. Ce n’est pas facile, la plupart des gens ne peuvent pas jouer trois instruments. Encore moins un acteur, qui en réalité a reçu une éducation de comédien, pas de musicien. »

L’association TomeoArts n’a, elle-même, pas peur des tours de force. En octobre, elle met en scène une fusion multiculturelle inédite : Kayoi Komachi, un mélange de danse japonaise et d’opéra occidental.

TomeoArts résout ainsi toutes vos résolutions du Nouvel An : s’ouvrir à une nouvelle culture, être plus créatif et faire du sport sans devoir aller à la gym. Dans ces trois cas, la danse traditionnelle japonaise est ce qu’il vous faut !