Intelligence artificielle : entre fiction et réalité

L’intelligence artificielle est déjà en train de passer de la science-fiction à la réalité, et les scientifiques canadiens montrent la voie.

Dans sa conférence intitulée Artificial Intelligence : The Journey So Far, and the World in 2029, le mardi 14 janvier à 17 h à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), Kevin Leyton-Brown passera en revue le passé, le présent et l’avenir des technologies de l’intelligence artificielle, ainsi que leur impact sur nos vies et notre société.

Faits et fiction

Pour beaucoup, l’intelligence artificielle (IA) est un concept lointain, synonyme de films de science-fiction et de robots qui envahissent le monde. Kevin Leyton-Brown, professeur d’informatique à UBC, directeur du Center for AI Decision-making and Action et président de l’Alberta Machine Intelligence Institute, propose une approche plus nuancée.

« Je dirais que nous sommes loin de cela », rassure-t-il. « Il n’est pas surprenant que les gens pensent à ces sujets, mais s’il y a une chose que je pourrais dire au grand public à propos de l’intelligence artificielle, c’est : ne vous arrêtez pas aux robots tueurs ou à la question de savoir si les machines peuvent avoir une conscience, car ni l’un ni l’autre n’est proche de la réalité. »

Ancré dans le concret, le directeur du CAIDA souligne que l’intelligence artificielle aura un impact sur la société grâce à des applications dans la vie réelle et mentionne à cet effet un outil que la plupart ont déjà pleinement intégré dans leur vie.

« Google. Vous êtes juste habitué à ce qu’est Google, mais c’est un outil incroyable, et il y a une tonne d’IA derrière cet écran blanc ». « Les systèmes d’IA d’aujourd’hui ressemblent pour la plupart à Google, soutenus par de gigantesques centres de données. »

Automatisation et avenir du travail

Au-delà des fantaisies hollywoodiennes, l’inquiétude autour de l’intelligence artificielle s’articule souvent autour de l’idée que l’IA pourrait nous remplacer, en particulier dans le monde du travail. Kevin Leyton-Brown le reconnaît et donne un compte rendu de ce qu’il pense voir changer sur ce front dans un avenir proche.

Kevin Leyton-Brown, professeur d’informatique à UBC.

« Nous allons certainement voir l’automatisation changer rapidement », souligne-t-il, ajoutant que, contrairement à la croyance populaire, cela touchera « surtout les emplois cols blancs plutôt que cols bleus ». Il soutient en effet que les tâches physiques sont tout simplement trop coûteuses à automatiser.

« Nous sommes à 50 ans d’un robot jardinier qui pourrait remplacer votre jardinier, » dit-il,

Selon le professeur, les emplois qui risquent d’être automatisés sont « essentiellement ceux où l’on a demandé aux gens de se comporter comme des machines, en faisant des choses incroyablement routinières qui engourdissent l’esprit toute la journée. »

A contrario, les emplois qui impliquent une interaction avec les humains ne sont pas près d’être automatisés.

« Vous n’aurez jamais de robot psychothérapeute, de robot éducateur ou de robot entraîneur personnel, car personne n’en voudrait, » précise-t-il. « Le but d’une garderie est que votre enfant soit pris en charge par un être humain qui partage vos valeurs et socialise votre enfant. »

Le rôle du Canada et notre futur avec l’IA

Interrogé sur le rôle du Canada sur la scène mondiale de l’IA et plus particulièrement à Vancouver et UBC, Leyton-Brown est enthousiasmé.

« Le Canada est un énorme leader en IA. C’est le premier pays à avoir une stratégie nationale en matière d’IA en 2017 », dit-il, ajoutant des détails sur UBC et le CAIDA dont il est le directeur : « Quatre-ving dix personnes font partie de ce centre à Vancouver. Dix-huit ou 20 personnes vivent et respirent l’IA, tandis que les 70 autres sont des personnes qui utilisent l’IA comme outil dans d’autres domaines : chimie, médecine ou encore éthique de la durabilité ».

Alors que sa conférence abordera l’histoire de l’IA et ses principes fondamentaux, elle donnera également un aperçu de notre société selon Kevin Leyton-Brown. Le professeur en donne un coup d’œil réaliste, mais serein.

« L’IA va bouleverser les choses d’une manière assez profonde, et nous rendre plus riches en tant que société », commente-t-il, « Nous allons pouvoir accomplir davantage, avoir de meilleurs soins de santé, un système juridique plus solide… De bonnes choses vont se produire, mais il y aura beaucoup de transition en cours de route. »

Le professeur atténue les inquiétudes.

« Nous avons déjà beaucoup d’expérience avec l’intelligence surhumaine et elle n’a pas besoin de nous effrayer », explique-t-il. « Nous avons déjà des systèmes qui peuvent faire des raisonnements que les gens ne peuvent pas faire. Cela ne veut pas dire qu’ils seront plus grands et meilleurs que nous à tous égards. Cela veut simplement dire qu’ils ont dépassé nos capacités à certains égards. Et je pense que cela sera tout à fait normal à l’avenir ».

Conférence : www.greencollege.ubc.ca
Kevin Leyton-Brown : www.cs.ubc.ca/~kevinlb/