Le pouvoir de la confidentialité

A qui profite la collecte de vos renseignements personnels ? Que devient votre vie privée dans un monde numérique en réseau ? Comment assurer la sécurité de vos données ?

En l’honneur de la Journée de la protection des données le 28 janvier prochain à la bibliothèque centrale de 19 h à 20 h 30, les universitaires et experts en protection de la vie privée David Swanlund et Maral Sotoudehnia proposent une conversation sur la protection de la vie privée en ligne, les données de localisation et la technologie blockchain.

Protéger sa vie privée : Pourquoi ?

« Je pense que, dans l’ensemble, les gens comprennent pourquoi la protection de la vie privée est importante et savent qu’ils devraient s’en soucier. Après tout, la plupart des gens sont hésitants à donner leur téléphone déverrouillé à un étranger », commente David Swanlund.

Maral Sotoudehnia, doctorante en géographie, à l’Université de Victoria.

Le doctorant en géographie à l’Université Simon Fraser étudie la protection de la vie privée et la surveillance en lien avec notre localisation. Ses recherches portent principalement sur l’anonymisation des données de localisation, un sujet souvent « négligé », selon lui.

« Surtout comparé aux vols de mots de passe et de cartes de crédit qui font constamment la une des journaux. Nos données de localisation sont plus sensibles que nous ne le croyons souvent, » explique-t-il, illustrant qu’elles peuvent par exemple servir à influencer nos décisions d’achat, en traquant nos déplacements en magasin pour ensuite personnaliser les publicités en ligne auxquelles nous sommes exposés en conséquence.

Maral Sotoudehnia, également doctorante en géographie, à l’Université de Victoria, concentre quant à elle ses recherches actuelles sur la création de marchés peer-to-peer non (dé)réglementés (les cryptomonnaies par exemple) et sur la technologie blockchain. Elle définit cette dernière comme « un registre distribué, ou peer-to-peer, d’événements de données. » En d’autres termes, le « réseau » comprend différents utilisateurs et chacun de ces utilisateurs valide et stocke une copie des données envoyées dans un enregistrement indélébile ou permanent. Cet enregistrement est sécurisé par un système mathématique sophistiqué.

Interrogée sur la recrudescence de la protection de la vie privée dans les médias, Mme Sotoudehnia l’explique ainsi :

David Swanlund, doctorant en géographie à l’Université Simon Fraser

« Je pense que nous constatons un intérêt accru pour la question de la protection de la vie privée parce que les gens reconnaissent que, malgré l’utilité d’un bidule connecté qui vous informe que vous n’avez pas très bien dormi la nuit dernière par exemple, cette information peut être utilisée par diverses tierces personnes, dont la plupart sont peu connues, pour contrôler certains aspects de notre vie quotidienne », explique-t-elle.

Où vont nos données et comment se protéger ?

Où vont nos données ? « C’est précisément là le problème », remarquent Swanlund et Sotoudehnia. « On ne le sait pas toujours ».

Mr Swanlund explique que, malgré les politiques de protection de la vie privée et de transparence mises en place, « il est difficile, même pour les experts, de déchiffrer les détails de la nature des données recueillies, leur utilisation et les personnes avec qui elles sont partagées ». Sa collègue ajoute que « même si nous savons que nous donnons activement nos données à une entité gouvernementale par exemple, ou à une société, il peut être très difficile de retracer toutes les façons dont elles pourraient être vendues et à qui, ou quelles données pourraient avoir fait l’objet d’une fuite ».

Que faire donc pour protéger ses données et sa vie privée ? Les deux chercheurs offrent leurs suggestions :
Mme Sotoudehnia souligne qu’il est important de « trouver des moyens de minimiser les collectes de données ou de mettre en place des règles qui empêchent la saisie de données et leur utilisation ultérieure à des fins de surveillance et de profilage des utilisateurs ». Son co-conférencier ajoute qu’Il y a « une liste de choses de base que les gens peuvent faire, à commencer par utiliser des bloqueurs de publicité pour bloquer une grande partie des scripts de suivi en ligne et à faire attention aux sites Web auxquels ils confient leurs informations personnelles ».

Et de conclure :
« Au bout du compte, nous ne devrions pas avoir à dire aux gens de se préparer et de défendre leur propre vie privée, surtout quand la façon dont leurs données sont recueillies ou utilisées n’est même pas claire. Nous avons besoin de solutions politiques et technologiques plus larges », maintient-il.

 

The Power of Privacy

Le mardi 28 janvier, 19 h à 20 h 30

Bibliothèque centrale

Évènement :
vpl.bibliocommons.com/events/5dd6cf16f1b15d450059b7bf

David Swanlund :
www.thetinhat.com