Danses autochtones entre tradition et modernisme

Du 25 février au 1er mars, la troupe de danse des Danseurs de Damelahamid organise le 13e Coastal Dance Festival, une célébration d’histoires, chansons et danses autochtones du Canada et du monde au Centre Anvil à New Westminster et au Musée d’Anthropologie de l’université de la Colombie- Britannique (MOA).

Se rassembleront 14 groupes autochtones en provenance de la Colombie-Britannique mais aussi du Yukon, de l’Alaska et de la Nouvelle-Zélande, autour du thème de l’échange intergénérationnel.

Un art vivant

Inviter des troupes du monde entier est l’occasion pour le festival de créer des liens entre les danseurs d’horizons différents et de faire la promotion de la diversité des pratiques artistiques autochtones auprès du public. Dans le cadre de cette treizième édition, une jeune troupe néo-zélandaise est invitée et participe à démontrer la diversité mais aussi la dimension intergénérationnelle des arts indigènes:

« Je pense que leur groupe touche à un thème qui est pertinent pour la revitalisation et le retour de la culture autochtone», explique Nigel Grenier, danseur masculin principal de la troupe depuis plus de dix ans, «nous voulons montrer au public qu’il y a une diversité de pratiques artistiques: il y a beaucoup de styles régionaux différents ».

La troupe de danse des Danseurs de Damelahamid. | Photo par Carlos Castillo

En effet, un malentendu commun au sujet des pratiques artistiques autochtones, comme le relève M. Grenier, est la notion que celles-ci sont uniques mais aussi ancrées dans le passé :

« Je pense que l’un des stéréotypes serait l’idée que la culture autochtone est quelque chose qui appartient au passé. Au contraire, il y a donc beaucoup de jeunes qui la pratiquent, et c’est une pratique très contemporaine qui continue à changer », exprime-t-il.

Dans le cadre de cette évolution, les danseurs de Damelahamid se concentrent désormais sur la création de performances originales et contemporaines, ancrées dans les traditions auprès desquelles la troupe puise ses origines :

« Maintenant que nous avons une base solide sur les danses traditionnelles, nous voulons créer exclusivement de nouvelles chansons, de nouvelles danses. Opérer dans le cadre de la tradition pour nous exprimer et parler de thèmes et d’expériences que nous voulons communiquer aujourd’hui ».

Cet engagement à cultiver un héritage fort tout en innovant et en représentant la diversité des arts indigènes est au coeur du travail de la troupe qui, comme l’exprime Mr Grenier, s’est engagée à faire avancer une pratique à la fois ancestrale et résolument moderne.

« Nous voulons mettre en valeur toutes ces différentes cultures et sensibiliser le public. C’est une forme d’art vivante, qui continue à se développer », précise-t-il.

Une affaire de famille

Damelahamid est une compagnie de danse autochtone fondée sur plus de cinq décennies de travail intensif de restauration des chants.

« Ayant grandi dans une petite communauté de la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique, j’ai été immergée dès mon plus jeune âge dans la pratique du chant et de la danse qui se sont transmis depuis d’innombrables générations », témoigne Margaret Grenier, directrice artistique de la troupe. « C’est par cette expérience que je suis entrée en relation avec mes souvenirs ancestraux. Aujourd’hui, en tant qu’artiste de la danse, au sein d’une pratique qui mêle de nombreuses disciplines artistiques, j’ai trouvé le moyen d’établir un lien tangible avec ma lignée ancestrale. »

La troupe est née dans les années 1960 pour que le savoir de leurs ancêtres ne soit pas perdu. En effet, le chant et la danse indigène en représentation publique ont été interdits par le gouvernement canadien pendant plusieurs décennies, et au cours des quarante années qui ont suivi, le travail de la troupe a été concentré autour de la danse en tant que spectacle pour le public afin de participer à la survie de cette culture.

« Dans nos spectacles, nous ne nous tournons pas seulement vers nos connaissances ancestrales pour notre propre réconciliation, » explique la directrice, « mais nous partageons et soutenons les autres au moyen de notre art ».

Depuis 2008, la compagnie produit le Coastal Dance Festival, qui présente des danses indigènes de toute la côte de la Colombie-Britannique et accueille des artistes canadiens et étrangers. Nigel Grenier évoque son parcours et l’ambition de la troupe de familiariser le public avec les pratiques artistiques indigènes :

« Le groupe été fondé par mes grands-parents, et depuis mon enfance le but a été de nous donner l’occasion de participer à notre culture, et même pour ceux d’entre nous qui vivent en ville, d’avoir encore un lien avec la communauté et ses pratiques culturelles », partage-t-il.

Pour plus d’information veuillez visiter le : www.damelahamid.ca