Le défi d’être mère en affaires

Au téléphone, Melanie Levenberg sourit. « Après cette période d’isolement, les parents auront appris combien les enfants ont besoin d’être sociaux et actifs ! », s’exclame-t-elle.

Originaire de l’Ontario, cette trentenaire a posé ses valises à Vancouver et fondé Pl3 Education, devenu le premier fournisseur mondial de programmes d’éducation physique pour les enfants. Le curriculum est enseigné dans les écoles et les communautés afin d’aider les jeunes à être actifs et améliorer leur santé mentale par le mouvement et le jeu.

Aujourd’hui mariée et maman, Melanie Levenberg est finaliste du prix Les femmes qui font la différence dans la communauté de l’organisation Mompreneurs® (ndlr, contraction de maman et entrepreneur).

Une surprise pour elle qui est tombée dans l’entreprenariat par hasard.

Melanie Levenberg est la fondatrice de Pl3yeducation. | Photo de Melanie Levenberg

« D’abord professeur de sport; j’ai accepté un poste de conception de programmes pour aider les enseignants à mettre en place des projets sportifs. J’ai alors constaté que ce qui existait ne correspondait pas vraiment à la philosophie que nous essayions de promouvoir à l’école », précise Mme Levenberg.

Melanie Levenberg (à droite) et sa compagne Justine ont appris à équilibrer travail et famille. | Photo de Melanie Levenberg

Pour la danse, par exemple, les enfants passaient leur temps à apprendre des mouvements isolés sans être réellement actifs Elle décide donc de combiner les idées acquises dans l’industrie du fitness avec sa propre façon d’enseigner aux petits pour créer des cours de danse ludiques.

« Nous avons supprimé les règles qui font fuir les gens. On s’est dit : et si le but était de ressentir simplement la joie des mouvements de son corps, en écoutant la musique, de communiquer avec les autres sans se soucier du pied à utiliser », ajoute-t-elle.

Séparer les deux mondes

Melanie Levenberg organise alors des ateliers pour expliquer son projet, et la demande est telle qu’elle finit par créer son entreprise. Mais elle reconnaît que « devenir entrepreneur est un véritable apprentissage… d’autant plus que ma conjointe détient aussi sa compagnie ».

Une situation plutôt inhabituelle puisque, selon une enquête publiée par Statistique Canada en 2018, seulement 15,6 % des PME étaient détenues par des femmes. Gérer une entreprise et une famille sans sacrifier l’une pour l’autre n’est pas une mince affaire et Melanie Levenberg prévient qu’« être entrepreneure, ce n’est pas seulement un travail ou un moyen “facile” de gagner de l’argent ».

La clé de leur succès professionnel et familial tient dans une planification rigoureuse, un soutien mutuel et une séparation des deux mondes.

« À la maison, nous sommes avec notre fille et nous avons un bureau séparé pour le travail. Il nous a fallu mettre au point un emploi du temps clair pour toute la famille », soutient-elle.

Une vie de famille et une entreprise prospère

Melanie Levenberg a d’ailleurs deux conseils importants pour toutes les mamans qui souhaiteraient se lancer en affaires.

« Découvrez ce qui vous passionne vraiment pour ne pas lâcher quand les difficultés arrivent. Les jours difficiles sont fréquents, il faut un projet qui vous tient suffisamment à cœur pour relever les multiples défis que vous rencontrerez », prévient-elle.

Et surtout, sachez vous entourer.

« Trouvez votre gang! Beaucoup de mamans entrepreneures sont passées par le même parcours. Nous, les femmes, voulons souvent tout faire nous-mêmes sans demander d’aide. Or j’aurais eu besoin d’être guidée quand je me suis lancée dans ce “voyage” », s’exclame-t-elle.

C’est ce qui l’a poussée à rejoindre l’organisation Mompreneurs® dont le but est de montrer aux femmes qu’elles peuvent avoir une entreprise prospère et une vie de famille en même temps.

« C’est un fait, 90% des entreprises échouent au cours des cinq premières années, mais avec un soutien approprié, des outils, un mentorat et une communauté de soutien autour d’elles, nous pouvons avoir un impact positif. Et aider les femmes à réussir dans une vie déterminée par leurs passions, leurs talents et leurs besoins », conclut Mme Levenberg.