Pour un « dé-confinement » de l’esprit

Qui a dit « Le mois est mort, vive le mois » ? Comment pourrait-t-on afficher une absence de positivisme alors même que le Mois de la poésie se poursuit désormais sur le web. Eh bien ! c’est sans doute une figure de style puisque cette annonce provient de l’équipe du Mois de la poésie.

Et oui, même en période de Coronavirus, l’humour et surtout l’amour des mots font figure de résistance.

Vive le « dé-confinement » de l’esprit. Cette période troublée qui agite le monde aura certainement eu un effet bénéfique. Elle laisse place à la créativité, à l’imagination, au pouvoir de l’esprit sur celui de la consommation. Cette pause mondiale, imposée par un virus jusque-là inconnu, met aussi en lumière de nombreuses initiatives dans le monde des arts. Au Canada, le Mois de la poésie revient tous les ans. Il a vu le jour en 1998, soit deux ans après l’initiative lancée aux États-Unis par l’Académie des poètes américains. Ces derniers ont un jour eu l’idée de distribuer des poèmes aux passants.

« Le Mois de la poésie présente une parole poétique qui sort du livre, tout en mettant le poète au centre de son énonciation ; une parole poétique qui se laisse entendre sous différentes formes, qui s’entremêle à d’autres disciplines artistiques, qui s’immisce partout et dans tous les milieux. Une parole poétique plurielle, vivante, foisonnante, qui tantôt se met en scène, tantôt se livre intimement, avec simplicité », peut-on lire sur le site du Mois de la poésie.

Car c’est bien sur la toile désormais que se poursuit le festival. Le COVID-19 aura mis à mal toutes les représentations programmées dans le pays. Mais il n’aura pas la peau du réseau virtuel.

Rendez-vous sur la toile à l’Est

Le Festival de la poésie de Montréal propose d’écouter des poèmes en ligne. Douze podcasts sont ainsi accessibles en ligne sur la page www.festivaldelapoesiedemontreal.com/fr/. PoésieGo ! est un projet développé avec le soutien de la STM, la Société de Transport de Montréal. Douze poèmes originaux sont à écouter durant cette période de confinement.

Œuvrer et soutenir la poésie passe aussi par la jeunesse. Les Voix de la poésie recherchent de jeunes auteurs pour élaborer un journal de poèmes. La seconde édition du journal de poésie Voices/Voix sera lancée en juin prochain. Si vous êtes en 3e, 4e, ou 5e secondaire ou en première année de cégep, vous pouvez envoyer vos œuvres jusqu’au 30 avril.

Poètes à l’honneur

Avec l’annulation le mois dernier du salon du livre de Vancouver, le mois d’avril devrait vous encourager à lire et à découvrir ou redécouvrir des écrivains installés en Colombie-Britannique. Ce serait l’occasion de lire les poèmes de Laurent Fadanni, un viticulteur-poète ou poète-viticulteur. Ses deux passions sont intimement liées et lui permettent de s’exprimer des deux manières. Visages dionysiaques est sa dernière œuvre en date. En vingt nouvelles, Laurent Fadanni donne vie à des personnages inspirés des différents vins. C’est aussi pour lui la possibilité de parler d’une langue qui lui tient à cœur. « En étant en Colombie-Britannique, je suis beaucoup plus sensible – évidemment – au français, parce que quand on vit en France, ou en Belgique, ou en Suisse, on ne se pose jamais la question, on le tient pour acquis : « Bah ! Oui, on parle français », déclarait-il dans une entrevue. Ce Belge de naissance a vécu au cœur de l’Europe avec ses parents d’origine italienne avant de s’installer au Canada.

La puissance des mots

Ce mois de la poésie résonne d’une manière originale pour cette année 2020. Le contexte de pandémie mondiale permet à la Terre de faire une pause, de se recentrer sur ce que l’Humain a de plus précieux : sa relation à l’autre. Comment ne pas évoquer la poésie comme outil de communication et d’universalité. Résistance et résilience trouvent ici un écho particulier. La Source souhaite évoquer Marie Uguay, poétesse de talent, originaire de Montréal et disparue bien trop tôt en 1981. Emportée par la maladie, elle avait à peine 26 ans. Son parcours et sa bravoure ne peuvent que nous encourager à cultiver l’optimisme par l’art. La puissance des mots nous procure alors cette allégresse créative. Cet élan d’humanité qui fait souvent défaut à nos sociétés modernes.

Visages dionysiaques par Laurent Fadanni.

Le temps de la réflexion est venu. Lire reste sans doute le dernier moyen de s’évader, surtout lorsque l’on est confiné dans un petit appartement de centre-ville. Lecture et poésie sont les armes actuelles d’une humanité qui s’interroge sur le temps et plus particulièrement sur son temps ici- bas.

Et la poésie n’est pas morte, loin de là. Combien savent que le Canada compte un poète officiel au Parlement ? Ce poste très honorable est présent dans de nombreux pays comme le Royaume-Uni ou encore les États-Unis. Au Canada, il a été créé en 2001, en lien avec la Loi sur le Parlement du Canada. Les présidents du Sénat et de la Chambre des communes nomment le poète officiel après un processus de candidature ouvert. Tour à tour anglophone et francophone, le poète officiel reste en place pour deux ans. Il rédige des œuvres de
poésie pour des occasions importantes au Parlement, parraine des séances de lecture, ou encore conseille le bibliothécaire parlementaire. Le prochain heureux élu devrait être présenté sous peu.

Preuve, s’il en est, que le poète tient sa place dans notre XXIe siècle. Armé de son stylo ou de son clavier, il fait naître des sentiments multiples. Pour que les cœurs continuent de battre et de se battre.

Plus d’infos sur le Mois de la poésie : www.moisdelapoesie.ca

www.whisperinghorsewinery.com/team/laurent-fadanni/

www.lesvoixdelapoesie.com/poemes/il-existe-pourtant