Nancy Lee et Kiran Bhumber explorent la thématique du rituel du mariage dans un monde postapocalyptique avec leur performance UNION à la Richmond Art Gallery.
Le duo d’artistes n’en est pas à sa première collaboration. Nancy Lee et Kiran Bhumber s’étaient rencontrées en 2013 et avaient créé ensemble Pendula en 2015. Nancy Lee, artiste pluridisciplinaire taïwanaise-canadienne a été primée au Festival de Cannes. Kiran Bhumber elle, met le son en scène : cette artiste indo-canadienne élabore des arrangements sonores en prenant en compte l’environnement spatial. Toutes deux ont été engagées dans CURRENT : un symposium féministe d’art électronique destiné aux femmes, aux artistes non-binaires et aux artistes de couleur.
Le tandem artistique se concentre sur la robe de mariée, symbole puissant de la société actuelle, dans une performance située en l’an 3000 dans une société où le contact est interdit. À la suite d’une catastrophe, les humains sont confinés et ne peuvent se contacter et recontacter que grâce à la mémoire ancestrale accumulée dans les gènes. UNION propose une remise en question de toutes les valeurs associées
à l’étoffe.
Une cérémonie remise en question
Derrière les fastes et les habits de luxe, « le plus beau de notre vie » obéit actuellement à des conditions dictées par une société capitaliste, selon les créatrices d’UNION. Les artistes dénoncent une cérémonie vidée de son sens et tristement mercantile mais aussi une industrialisation de la relation amoureuse.
Les acolytes dénoncent également un rituel étriqué, homophobe et sexiste. Étant toutes deux non-binaires, elles sont éloignées de ces rituels mais aussi de tout leur pendant culturel et de la transmission de la tradition. Les modalités de la réalité virtuelle ont permis au duo de pousser ces portes fermées pour réfléchir sur l’absurdité du monde actuel et pour une exploration de la mémoire et de l’identité.
Une immersion virtuelle
L’ensemble des modalités de réalité virtuelle, qu’elles soient visuelles ou sonores, constitue l’ouverture sur la réflexion. Cette brèche dans l’espace-temps avec cette performance dystopique permet de rêver et d’échapper à la déception d’un rituel assez réducteur.
Cette ode à l’amour est accessible par le biais d’une série d’expériences comprenant une installation de court métrage à deux canaux, des sculptures imprimées en 3D, des messages de propagande, deux robes de mariée futuristes, une installation interactive de 16 canaux de projection sonore et visuelle reflétant les multiples mondes dans lesquels UNION se déroule, et un environnement web de réalité virtuelle qui peut être expérimenté en ligne.
L’appartenance en question
L’appartenance en question
Si l’œuvre est de science-fiction, elle est totalement d’actualité. Autant tournée vers le passé avec les racines que vers le futur avec la dystopie, UNION aborde un thème d’actualité : les personnes ne peuvent pas se toucher. Cette privation de contacts fait tristement écho à la pandémie qui a gelé la majorité des relations sociales depuis plus d’un an maintenant.
La performance interroge également les notions d’appartenance et l’identité. Les deux artistes issues de diasporas mettent en lumière cette difficile position d’étrangères à leur propre culture. La robe nuptiale, ultime symbole de nombreuses pressions sociales, est au cœur de l’appartenance au sens large du terme; appartenance à une communauté et appartenance à un couple.
Cependant, UNION n’est pas qu’une simple critique. Ce monde virtuel montre l’espoir avec la création de l’intimité et de la présence qui régénèrent les humains. UNION pointe un monde des possibles avec une culture qui n’est pas figée mais à bâtir dès maintenant.
UNION est à découvrir du 24 avril au 5 juin à la Richmond Art Gallery.