La pandémie donnerait-t-elle un regain de plus-value au bénévolat ?

Les périodes de crise comme celles que nous traversons amènent à chaque fois avec elles des transformations de nos sociétés. Le besoin accru de solidarité, de contacts et de liens sociaux dans un temps où ces derniers deviennent compliqués à entretenir a eu au moins un effet à la fois inattendu et positif : celui de renforcer le bénévolat au profit des associations chargées de venir en aide aux personnes vulnérables.

C’est le cas à la Boussole. « Notre activité cette année a augmenté de façon incroyable et nous a demandé beaucoup plus de travail, notamment en raison de l’augmentation des besoins, de l’isolement social et des problèmes psychologiques que peuvent rencontrer nos bénéficiaires », explique Maxime Barbier, directeur des opérations de l’organisme de charité.

Or, la petite équipe de bénévoles a bénéficié de l’aide d’un nombre plus accru de personnes. « En voyant l’état du monde, les gens se demandent : comment puis-je apporter ma pierre à l’édifice ? », continue Maxime Barbier, et avec pour conséquence de voir davantage de candidatures que d’habitude dans les différentes associations et organismes ayant recours au bénévolat.

Le quotidien d’un bénévole. | Photo par Alex Mecl

Pas question pour autant de travailler avec n’importe qui. Certains organismes comme l’Immigrant Services Society of British-Columbia (ISS of BC) n’accueillent pas n’importe quels bénévoles. Pour entrer dans les équipes, l’accueil est réalisé en fonction de procédures strictes incluant une vérification du casier judiciaire, une participation d’au minimum trois mois et une formation obligatoire. Sans cela, passez votre chemin. Pourtant les bénévoles ne manquent pas, et seule l’antenne de Burnaby est actuellement à la recherche d’un bénévole au profil bien spécifique (d’aide à l’installation des nouveaux arrivants), toutes les autres localités bénéficiant d’un nombre suffisant de personnes prêtes à donner de leur temps gracieusement pour combler les besoins de l’organisation.

Un afflux de bénévoles

Du côté de la Boussole, il ne reste guère de places de bénévoles à pourvoir, mis à part un poste aux tâches administratives une fois par semaine… Situation apparemment peu courante dans l’organisme. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce désir d’aider, à commencer par le besoin de lien social de personnes elles-mêmes à l’abri des besoins matériels, mais en manque de relations humaines. Ainsi le bénévolat fonctionne dans les deux sens, les bénéficiaires pouvant, et c’est important, avoir le sentiment de donner autant qu’ils reçoivent.

« Il y a une vraie quête de sens et une quête de lien dans la démarche bénévole », confirme Maxime Barbier.

Ainsi la pandémie, au lieu d’éloigner les gens les uns des autres, permet au contraire d’en rapprocher certains, et a même amené au bénévolat des catégories de personnes assez peu présentes jusqu’ici. Par exemple, la Boussole a vu venir à elle des étudiants anglophones qui ont proposé d’enseigner l’anglais à des bénéficiaires, ce qui leur a permis, dans un même temps, de pratiquer et d’améliorer leur français. Face à l’afflux de bénévoles, l’organisation a mis en place un système de binômes bénéficiaires/bénévoles qui lui permet de respecter les règles sanitaires tout en créant davantage de liens.

Si le lien social, le développement des compétences et le besoin de se rendre utile sont les premières motivations des bénévoles, d’autres raisons semblent d’ordre plus… spirituel.

Et des raisons peu banales

Impossible d’y échapper, on ne compte plus les théories des plus étranges les unes que les autres circulant sur les réseaux sociaux en tout genre. Nombreuses sont celles qui ont transformé l’émergence d’un virus contagieux (un phénomène loin d’être rare) et la crise économico-sociale qui en résulte en punition divine, en vengeance de la nature ou encore en réponse de l’univers aux, soi-disant, péchés de l’humanité. Cette quête de sens, qui rappelle un peu les processions de pénitence du Moyen-Âge et de la Renaissance, résonne à travers divers engagements en faveur d’actions positives envers son prochain dans l’espoir d’apporter, grâce à ces actions, du karma positif à la société.

Quelle que soit la raison, d’un point de vue concret, on a rarement vu autant de personnes prêtes à se tourner vers le bénévolat qu’en ces temps de pandémie. Et si c’était cela la vraie leçon de la COVID-19, celle qui dit que peu importe les épreuves, l’humanité est toujours prête à faire front pour surmonter n’importe quelle crise ?