Le parcours humaniste d’Alireza Ahmadian

Photo de Fatima Abedi

Il s’agit certainement d’un des festivals les plus longs de l’année. Il a commencé le 11 février avec la commémoration du tsunami de 2011 au Japon, et se terminera le 10 juin par une remise de prix, cette année le festival ExplorASIAN fête son vingt-cinquième anniversaire. Parmi les 55 activités, conférences et célébrations proposées, une conférence sera donnée en ligne en mémoire du professeur Alireza Ahmadian, décédé en 2019, peu de temps après avoir été le maître de cérémonie du gala du festival de cette même année.

Ce professeur de l’UBC était très connu, non seulement dans la communauté iranienne de la Colombie-Britannique, mais aussi des étudiants de l’UBC où il enseignait le Farsi ainsi que les lettres et la poésie de son pays d’origine. Cependant, ce n’est pas tant par son métier que par son engagement à promouvoir la pluralité et le dialogue entre les communautés qu’il est devenu un des membres les plus appréciés de la Vancouver Asian Heritage Month Society (VAHMS)

Défenseur des valeurs humaines

Leticia Sanchez, présidente du VAHMS, se souvient  : «  Alireza était un grand soutien de la sous- représentée communauté panasiatique. Il a été membre du comité de direction de la VAHMS en 2014–2015, et a assuré bénévolement le poste de directeur de la communication. Il a écrit de nombreux articles à propos d’ExplorASIAN  », mais cet engagement au sein de la VAHMS n’était que l’aboutissement d’un parcours depuis longtemps entamé sur le chemin du militantisme et de la défense de valeurs humanistes.

Son frère Hamid nous raconte  : «  Alireza était un homme très engagé dans le dialogue entre les communautés. Il avait une grande ouverture d’esprit qui lui permettait de jeter des ponts entre des individus qui n’auraient rien dû avoir en commun  ».

Il est surtout connu pour avoir ardemment milité en faveur de la démocratie. Il avait ainsi été très impliqué dans l’organisation de la contestation des élections iraniennes de 2009, où pendant plusieurs jours des manifestants ont protesté contre les résultats vraisemblablement falsifiés par le pouvoir en place. Ces manifestations ont rassemblé jusqu’à 3 000 participants, tant au Convention Center que devant la Vancouver Art Gallery.

Originaire de Yazd en Iran, Alireza Ahmadian arrive avec ses parents et son frère Hamid en 2001 et s’installe à North Vancouver. Il étudie à Langara et devient tout de suite représentant du conseil des étudiants avant de s’inscrire à UBC pour y étudier l’histoire et obtenir son diplôme en 2011. Il part ensuite pour Londres, à l’université de laquelle il obtient son master en «  études internationales et diplomatie  » à l’École des études orientales et africaines, avant de revenir s’installer définitivement en Colombie-Britannique après son diplôme. En 2016, il se marie avec Fatima Abedi, elle aussi d’originaire iranienne (Badol).

À son retour de l’Europe, il devient professeur de Farsi à UBC et poursuit en parallèle une vie riche en engagements de toutes sortes, en particulier auprès de la VAHMS. Alireza sera également impliqué dans le Farsi Dar BC Campaign (pour permettre aux élèves d’origine iranienne d’avoir des cours de persan au secondaire) à l’Institut pour la citoyenneté canadienne (dans lequel il participe à l’organisation des cérémonies d’obtention de la citoyenneté canadienne). À côté de cela, il participe à l’association UBC Alumni avec pour but d’y promouvoir l’engagement civique et le renforcement de la participation de la communauté immigrante à la vie universitaire.

Il sera aussi régulièrement consulté par divers médias internationaux, comme la BBC pour analyser les nouvelles en provenance de l’Iran et tiendra une page Facebook nommée Review (toujours disponible) dans laquelle il publiait ses interviews de nombreux acteurs de la vie culturelle politique et communautaire provinciale.

Soucieux de défendre la démocratie et inquiet de la personnalité du candidat républicain à la Maison Blanche, Donald J. Trump, Alireza Ahmadian se rend aux États-Unis en 2016 pour faire campagne dans l’équipe de Hillary
Clinton pour laquelle il militera dans la ville de Denver (Colorado). L’État sera assez largement remporté par la candidate démocrate, contrairement au reste du pays. Ironiquement, l’histoire lui donnera raison car Trump interdira l’admission de réfugiés de pays musulmans, dont l’Iran, par le décret présidentiel 13769 (surnommé le «  muslim ban  »)

Un homme de coeur

«  Alireza était une personne extraordinairement ouverte d’esprit  » confie Hamid «  c’était un homme d’origine iranienne dont les meilleurs amis étaient israéliens et juifs, car pour lui ce qui comptait était l’humain. Il avait à cœur d’aider à instruire la communauté persane de Vancouver mais aussi d’établir des liens avec les autres cultures. Il avait l’histoire personnelle d’un citoyen du monde qui voyait ce qui rapprochait les êtres humains les uns des autres plus que leurs différences. Pour moi son héritage se trouve dans l’amour de la diversité par l’unité de nos points communs plus que de nos différences  »

Alireza Ahmadian a succombé des suites d’un anévrisme cérébral qui l’a frappé pendant un voyage aux Bahamas avec son épouse le 28 juin 2019. C’est pour présenter son héritage que la VAHMS organise le 23 mai une conférence par Zoom qui sera animée par Michael Hwang, directeur de la salle de spectacle Columbia à New Westminster et qui avait notamment été l’hôte d’une interview d’Alireza Ahmadian qu’on peut trouver sur la page Facebook Review.

Lien pour l’inscription à la conférence : https://us02web.zoom.us/webinar/registe/WN_wzMLW4vqQcyEdJ_LzvbH2g

Les interview d’Alizera Ahmadian : www.facebook.com/ReviewYVR/?ti=as