La connexion divine pour guérir

q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins conjugue art-thérapie et spiritualité avec son exposition Divine Connection à la galerie d’art de Surrey. Le chemin thérapeutique personnel de l’artiste est également initiatique et délivre des messages universels.

q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins, dont le nom signifie très poétiquement « Je porte les nuages comme couverture », est membre des Premières Nations Kwantlen. D’un feu père chef héréditaire de Kwantlen, Joe Gabriel, et d’une mère du groupe Shakan (Rivière Thompson), elle porte l’espoir et les perspectives tangibles de l’art-guérison.

Photo de Spring Salmon Studio

« J’ai débuté ma carrière artistique, et donc mon chemin thérapeutique il y a 25 ans », explique l’artiste qui étudie d’abord la peinture à l’huile avec Barbara Bolt en 1996. Puis elle se diversifie et apprend à sculpter l’argent à la main avec le maître sculpteur Haisla Derek Wilson. q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins produit également des oeuvres de tissage et travaille conjointement avec son mari, Nəq̓ɑɬc̓i / Drew Atkins, lui-même sculpteur. Le couple possède son propre studio depuis 2005, K’wy’iy’e Spring Salmon à Fort Langley.

q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins a de nombreuses cordes à son arc et s’intéresse à l’édition. Elle illustre le livre Let’s Count the Moons, (Comptons les lunes), un livre pour enfants écrit par l’enseignant de langue Kwantlen Fern Gabriel. Une vidéo avec la prononciation de ces nombres en langue hən̓q̓əmin̓əm̓ est disponible sur le site internet des écoles de Langley.

Les vertus thérapeutiques de l’art

Pour l’artiste des Premières Nations, Divine Connection est un voyage thérapeutique : « Je dois me soigner par rapport aux écoles résidentielles, dont ma mère a souffert », déclare q̓ʷɑti̓cɑ /
Phyllis Atkins.

q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins, artiste | Photo de Spring Salmon Studio

Cet effroyable épisode n’est pas le seul évènement dont q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins veut parler. « Je veux dénoncer les abus sexuels sur mineurs. J’en ai moi-même été victime à douze ans. Je suis passée par le désespoir et la honte. L’art m’a beaucoup aidée à évacuer. Cela a changé ma façon de voir car j’avais tendance à tout peindre en noir. J’ai pu transformer le négatif en positif, en quelque chose de beau pour me permettre de guérir et de créer », explique-t-elle à la manière d’une alchimiste.

Si elle fait référence à la culture Salish de la côte ouest, l’artiste est aussi ouverte aux autres spiritualités. « J’ai incorporé le concept du yin/yang, élément de la philosophie chinoise, pour évoquer les différentes forces », commente q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins à propos d’une des oeuvres du triptyque ƛ̓a tə qələms tə c̓ic̓əɬ səy̓em̓ / L’Oeil du Créateur (The Creator’s Eye).

La reconnection

q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins pointe le chemin vers l’unité retrouvée par le biais du cercle. « Les familles ont été déconnectées entre elles, les individus à leur culture. Il faut travailler à la reconduction à la terre et à la culture », explique-t-elle.

Ainsi le cercle et la réunion s’imposent comme fil rouge de l’exposition et se déclinent en trois parties de sa première exposition en solo. On retrouve notamment sil̕ə θə ɬqelc̓ / Grandmother Moon (la Grand-mère Lune), un portrait lunaire cerclé des phases lunaires sur feuille d’argent.

La répétition des formes circulaires, avec la lune mais aussi le tambourin rond, met en valeur la culture et la revitalisation des Salish de la côte. q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins allie tradition par les thèmes et les objets utilisés, notamment un verticille de la broche, outil de tissage traditionnel, et technologie avec une vidéo-projection.

Les autres oeuvres de q̓ʷɑti̓cɑ / Phyllis Atkins sont également visibles à Surrey, dans de nombreux lieux publics tels que le pont de Bear Creek (We Are All Connected to this Land), la mairie (Paddling through the Waves of Change) ou encore le musée de Surrey (The Rivers that Connect Us).

Si Divine Connection évoque un parcours personnel et s’ancre dans la culture des Premières Nations, l’exposition brille par sa résonance universelle en la recherche de la paix et de la proximité du divin dans l’unité.

Divine Connection est à la galerie d’art de Surrey jusqu’au 11 décembre 2021. Cet évènement est gratuit.

Pour plus d’informations : www.surrey.ca/arts-culture/surrey-art-gallery/exhibitions/qwatica-kwamkwm-t-sxwhli-phyllis-atkins-divine