La rage face à l’orage

Honteux, décevant, décourageant, déroutant, révoltant, frustrant, débilitant, scandaleux… je suis à la recherche de qualificatifs qui pourraient le mieux décrire ce que je ressens depuis la fin des travaux de la COP26 de Glasgow. Aucun, jusqu’à présent, ne parvient à mesurer l’ampleur de ma déception face à l’accord finalement obtenu qui mettait fin à cette conférence 2021 sur les changements climatiques.

« Une entente historique mais imparfaite », nous ont fait savoir plusieurs analystes et observateurs présents durant cet événement dont on aurait espéré davantage qu’un texte largement modifié et dilué à la demande de certains états tel que la Chine et l’Inde. Ces deux pays ont ainsi demandé que l’on change, dans l’accord final, parlant de l’exploitation du charbon, la notion de phase out (éliminer) par phase down (diminuer). Petite nuance qui en dit long sur leur dépendance envers cette ressource dont on connaît les méfaits sur l’environnement.

Et dernièrement, ces pluies diluviennes qui ont causé de partout des inondations épouvantables… en Colombie-Britannique. | Photo de B.C. Ministry of Transportation and Infrastructure

De toute évidence Xi Jinping et Modi n’ont cure des préoccupations climatiques qui semblent animer l’ensemble des pays réunis à Glasgow sans compter les nombreux groupes environnementaux venus manifester leur désapprobation envers une conférence vouée à l’échec. « Ne touchez pas à mon charbon » semblent nous dire ces deux grands pays d’Asie qui ne sont pas prêts à se débarrasser d’une ressource dont l’exploitation leur est fort utile dans l’immédiat bien qu’en grande partie responsable des gaz à effet de serre. Vous me direz, à juste titre, que nous, les pays occidentaux, sommes assez mal placés, après avoir exploité au maximum cette ressource depuis la révolution industrielle, pour leur donner une leçon. Il aurait fallu montrer l’exemple si l’on tenait à avoir tant soit peu de crédibilité. De plus, nous, je parle du Canada, n’avons pas à être fiers de nos résultats en matière de pollution énergétique. Parmi les pays du G7, le Canada est le pays le moins performant en ce qui a trait à nos engagements face à la protection de l’environnement.

Toujours est-il que ce n’est pas le moment de prendre des demi-mesures face aux dangers que représentent les changements climatiques. Qu’attend-on, scrogneugneu, pour enfin mettre en branle une politique mondiale de protection de l’environnement ? Que le ciel nous tombe sur la tête ? Ce qu’il fait déjà. Allons voyons, ces bavardages ont assez duré. Finis les « bla bla bla » comme l’a indiqué Greta Thunberg aux leaders de ce monde en perdition.

En Colombie-Britannique, de ces déboires environnementaux nous sommes au courant. Les incendies et chaleurs extrêmes de l’été dernier ne sont qu’un présage de ce qui nous attend si des mesures draconiennes à l’échelle mondiale ne sont pas prises. Le village de Lytton en sait quelque chose. Et dernièrement, ces pluies diluviennes qui ont causé de partout des inondations épouvantables; qui ont coupé les routes et autoroutes de la province; qui ont forcé l’évacuation de plusieurs communautés; qui ont coincé des automobilistes dans leur véhicule pendant des heures entières ; qui ont obligé des familles à abandonner leur maison avec leurs biens ; qui ont provoqué la mort d’au moins une personne et plus de mille bêtes ; qui sont responsables de dégâts dont un jour ou l’autre il faudra bien qu’on paie la note. L’état d’urgence a été déclaré. Sous peu il en sera de même pour toute la planète.

Face à cette triste situation, les mots ne font pas le poids; c’est le choc des photos, celui des images qui parlent, malheureusement, de toute évidence, pas assez fort pour se faire remarquer et entendre de nos chefs d’état. Pourtant elles en disent long.

Où sont-ils ceux qui nient encore, à la Trump, les changements climatiques ? Qu’ils viennent faire un tour chez nous afin de voir de leurs propres yeux la triste réalité de notre inaction qui, d’ailleurs, ne date pas d’hier. Nous faisons l’autruche depuis 1824, quand un physicien français du nom de Joseph Fournier, évoquait l’existence de l’effet de serre. En 1906 Arrhenius, un chimiste suédois, Prix Nobel, parlait déjà de corrélation entre la concentration de CO2 dans l’air et la hausse des températures moyennes de l’atmosphère. Rendons à César ce qui appartient à César : je tiens ces informations du Canard enchaîné. Oui, messieurs (et mesdames) qu’on nomme grands, je vous écris non pas cette lettre mais cet article pour vous enjoindre de vous magner le cul et d’agir rapidement car, comme vous le savez mais préférez l’ignorer, le temps presse. Je n’invente rien, n’ayant pas assez d’imagination pour cela. Je suis maintenant à la recherche non plus d’adjectifs mais d’onomatopées afin d’exorciser ma rage en attendant que l’orage passe : Aaaaaah, berk, beuh, grrrr, hiiii, pfff, pouah, roooo…je suis à court, au secours.