L’Assemblée francophone des retraité(e)s et aîné(e)s de la Colombie-Britannique (AFRACB) s’est réunie, le 20 et 21 novembre dernier, avec quelques partenaires, afin de décider d’un changement de cap majeur qui affectera l’organisation à long terme.
Selon le directeur général de l’AFRACB, Stéphane Lapierre, il est aujourd’hui temps de renouveler la mission de l’organisation. « L’organisme arrive bientôt à son vingtième anniversaire. Le monde a beaucoup changé depuis ces vingt dernières années », commente-t-il soulignant ainsi un besoin urgent de s’adapter à son environnement.
Des changements à l’horizon
Le nom de l’organisation est l’un des points qui a été notamment discuté lors de cette réunion. Stéphane Lapierre explique que le public ciblé par l’AFRACB ne s’identifie plus au terme d’« aîné(e)s » et de « retraité(e)s ». Certain(e)s voudraient les remplacer par celui de « 50 ans et plus ».
Selon le directeur, on peut comprendre cette préoccupation par le fait que l’on vit généralement beaucoup plus vieux et en meilleure forme qu’il y a des décennies en arrière. « Aujourd’hui avoir 70 ans, c’est comme quand on avait 55 ans il y a 25 ou 30 ans », illustre-t-il. En outre, utiliser le terme « retraité(e)s » ne ferait plus sens car « plusieurs personnes dites « aînées » travaillent encore », explique la présidente Joanne Dumas dans un communiqué.
L’organisation prévoit aussi un repositionnement stratégique majeur. Alors que jusqu’à présent, elle jouait uniquement un rôle rassembleur pour les 50 ans et plus, elle souhaite aujourd’hui être un organisme pleinement revendicateur et politique. « On aimerait s’impliquer davantage dans les dossiers qui touchent les 50 ans et plus, surtout les francophones, que ce soient les soins de fin de vie en français, le logement, ou les loisirs », souligne le directeur.
Au mois de décembre dernier, l’AFRACB a également mis à jour sa politique sur la diversité et l’inclusion. « Nous avons estimé qu’il était très important […] de bien refléter les changements rencontrés au sein de la société dans laquelle nous évoluons », explique la présidente de l’AFRACB dans un communiqué.
Il est d’ailleurs bon de mentionner que récemment une attention grandissante s’est portée sur la double discrimination vécue par les aînés 2LGBTQ+. Le 24 janvier prochain, la Fondation Émergence organisera ainsi une tournée dans l’Ouest canadien afin de sensibiliser le grand public et les acteurs aînés aux réalités 2LGBTQ+. L’AFRACB est l’un des partenaires clés de l’événement.
Lutter contre l’âgisme
C’est dans cette idée d’être une organisation revendicatrice que l’AFRACB s’engage à lutter contre l’âgisme. Selon Jessica Dupuis, coordonnatrice à la Fédération des aînés et aînées francophones du Canada (FAAFC), ce phénomène social consiste à véhiculer des images négatives autour de la vieillesse, à discriminer les personnes sur la base de leur âge. Elle en donne un exemple frappant : le temps pour traverser aux passages piétons est souvent beaucoup trop court pour les personnes de 50 ans et plus. « Les structures d’urbanisme ne sont pas adaptées à la réalité du vieillissement. C’est comme si on arrêtait de considérer la vie de ces gens-là à partir d’un certain âge », s’offusque-t-elle.
Martin Bouchard, coordonnateur au sein de l’AFRACB, rappelle que l’âgisme est la troisième plus grande discrimination après le racisme et le sexisme. Selon lui, ce problème n’est pas assez abordé puisqu’il serait très bien ancré dans les codes sociaux. De plus, les médias véhiculeraient souvent des discours âgistes. « La phrase “il faut protéger nos aînés”, qu’on entend souvent depuis la pandémie, est vraiment lourde de sens. Tout d’abord, cela pose les aînés en position de victime. Et puis le “nos” enlève l’identité des aînés alors qu’ils n’appartiennent à personne », illustre-t-il.
Jessica Dupuis ajoute que cette discrimination peut être véritablement pesante pour les personnes âgées qui vont jusqu’à changer leur identité pour se conformer aux discours âgistes. « Elles vont se dire qu’elles ne peuvent plus mettre tel ou tel vêtement car ce n’est plus de leur âge. Elles vont se priver de leur sexualité et elles vont s’interdire certaines activités. [Elles vont même aller jusqu’à croire] qu’elles n’appartiennent plus à cette société », explique-t-elle. Cette dévalorisation les pousserait souvent à l’isolement et à des troubles dépressifs. Pire, dans certains cas cela pourrait même les amener jusqu’au suicide.
Afin de lutter contre ce fléau de l’âgisme, Martin Bouchard et Jessica Dupuis ont mis sur pied dès octobre 2021 un comité d’actions de sensibilisation à l’âgisme, dont l’AFRACB fait partie. Selon Martin Bouchard, il est impératif de se pencher sur cette discrimination liée à l’âge, d’autant plus que la population vieillissante, la part d’aînés, augmente d’année en année.
Jessica Dupuis souligne que tout le monde devrait être concerné par l’âgisme. « Aujourd’hui, on est peut-être jeune, mais demain ça va être nous les aînés. Est-ce qu’on veut vraiment vieillir dans de telles conditions ? », finit-elle par conclure.
Pour plus de renseignement visiter le: www.afracb.ca