Kalabanté : la magie du cirque africain

Fusion des arts africains et du cirque, Kalabanté invite son spectateur à découvrir une Afrique magique. La troupe montréalaise se produira à Vancouver au Chan Centre le 24 février. Rencontre avec son généreux fondateur, Yamoussa Bangoura.

Plutôt tourné, enfant, vers le football, Yamoussa Bangoura voit sa vie transformée par une retransmission télévisuelle : « C’est de là qu’est venu mon amour du cirque. Tout le monde disait que c’était magique. On était curieux. On a commencé à aller chercher des informations et des connaissances en regardant la télé au bord de la mer. »

Kalabanté : Afrique en Cirque met en scène la vie africaine au quotidien, une vie du « dehors ». | Photo de Kalabanté

De fil en aiguille, l’artiste pluridisciplinaire embarque dans un projet de film en Guinée (Circus Baobab), puis part pour l’Espagne pour représenter la Guinée et rencontre le cirque Éloize, qui le mènera à Montréal. Il collaborera par la suite avec de nombreuses troupes dont Cavalia, le Cirque du Soleil et le cirque inuit Artcirq.

Après des débuts difficiles, principalement pour des raisons administratives, Yamoussa Bangoura décide de monter son propre cirque : « J’ai toujours eu l’idée de faire quelque chose qui m’alignait avec mes traditions, ma langue, ma manière de faire les choses. Je voulais créer quelque chose où l’on sent qu’on est vraiment en Afrique. »

La communauté et la vie dehors

Avec Kalabanté : Afrique en Cirque, Yamoussa Bangoura met en scène la vie courante africaine, une vie du « dehors » : « Quand on regarde comment nos ancêtres vivaient et comment nous vivons, il y a vraiment une grosse différence. J’aimerais faire un pas en arrière. On a ce mot [communauté] mais ça ne fonctionne pas pareil. Ce qu’on faisait avant la pêche, ces rituels : je veux mettre ça sur scène : la vie en Afrique, la vie dehors. Je veux qu’on sente l’énergie de cette vie-là. »

La vision humaniste de Yamoussa Bangoura est visible dans la trajectoire qu’il donne à ses projets. Le fondateur de Kalabanté a travaillé dans des écoles aux États-Unis, autant cossues que défavorisées. Ouvert sur toute la société, il soutient également les minorités visibles : « Quand on arrive ici, même si on a du talent, on peut être perdu. Je rentre en contact avec ces gens, on peut leur donner des cours s’ils ne sont pas professionnels. Ici, à Montréal, on a nos propres locaux depuis trois ans où l’on enseigne les arts du cirque et les arts africains. »

Il a également créé un festival international de cirque de Conakry, pour tisser des liens entre les artistes du monde entier : « On invite des artistes européens, canadiens, du monde entier en Guinée et ils font des choses avec les artistes locaux. C’est très intéressant pour les artistes d’ici de voir comment les artistes de là-bas travaillent
et inversement. »

L’aventure humaine avant tout

Travailler avec de grosses entreprises a permis à Yamoussa Bangoura de voir d’autres choses mais lui a surtout permis de voir ce qu’il voulait réellement. : « Je veux faire de gros projets tout en restant petit. Je veux pouvoir me promener dans la rue simplement, aller pêcher à Conakry, aller faire des acrobaties dans les parcs ici, faire aussi des gros projets à Las Vegas ou New York. Je veux que Kalabanté grossisse mais garde sa dimension humaine, et reste ouvert à de petits projets. »

L’artiste guinéen souhaite entreprendre des projets qui lui tiennent à coeur et offrir des expériences d’une vie à ses collaborateurs : « Quand on est allé avec la troupe Kalabanté dans le Grand Nord, on a pris un petit bateau pour aller sur le Baffin et on a pêché des ombles chevalier. Je veux garder cet environnement libre et ouvert à tous. »

Yamoussa Bangoura a créé une école de cirque en Guinée, dont le but dépasse le monde des arts : « Quand on a créé l’école, on voulait former des acrobates mais ça a changé, l’idée est de donner la possibilité aux gens. C’est juste donner l’espoir. On est arrivé à faire avec peu et c’est donner le goût et le courage à ceux qui veulent faire d’autres choses, pas seulement acrobate mais pourquoi pas cordonnier. C’est donner l’envie de croire ce qu’ils veulent vraiment faire et trouver des outils. »

Kalabanté : Afrique en Cirque sera au Chan Centre le 24 février à 20h.

Pour plus d’informations : www.chancentre.com

Site officiel de Kalabanté : www.kalabanteproductions.com