Les Rendez-vous de la francophonie célèbrent les richesses culturelles des francophones du Canada

Photo des Rendez-vous de la francophonie

Selon Patrimoine canadien, au Canada, près de dix millions de personnes peuvent soutenir une conversation en français et plus de sept millions ont le français comme langue première. Du 1er au 31 mars, les Rendez-vous de la francophonie (RVF) reviennent avec leur 24e édition afin de célébrer les communautés francophones d’un océan à l’autre du Canada.

Mettant de l’avant la thématique des traditions pour l’édition 2022, les porte-paroles des Rendez-vous cette année, la musicienne Elisapie, originaire de Nunavik, Québec, et l’humoriste Neev, de Montréal, font preuve de la diversité d’expression de la francophonie canadienne.

Une relation artistique et intellectuelle

Auteur-compositrice, Elisapie est aussi interprète, actrice, et réalisatrice. Son dernier album, The Ballad of the Runaway Girl, émis en 2018, est un mélange évocateur de chansons en anglais, en français, et en inuktitut, sa langue maternelle.

Née à Salluit, Nunavik, Elisapie a appris le français à l’école dès l’âge de huit ans et elle a adoré l’expérience. Or, à ses débuts en tant qu’interprète, ce sont l’inuktitut et l’anglais qui se manifestent quand elle écrit ses premières chansons. Le folk est un genre privilégié par la communauté inuk – « c’est notre background musical » – explique-t-elle et « c’était très naturel pour moi de prendre la guitare et de tout de suite trouver des rythmes et d’écrire en anglais ».

Aujourd’hui, celle qui vit à Montréal avec ses trois enfants depuis plus de vingt ans a ajouté le français à son répertoire de langues pour s’exprimer dans son art et sa musique. Mais, avec trois langues à sa disposition, comment Elisapie décide-t-elle laquelle utiliser ? Ce sont les émotions et le message à passer qui vont le déterminer, constate l’interprète.

« Qu’est ce que j’ai envie de dire ? Qu’est ce que je ressens ? Qu’est ce qui est la première phrase qui sort à ce moment-là ? », dit-elle. Elle utilise le français quand elle a besoin d’exprimer des idées plus politiques ou intellectuelles. « Quand j’ai vraiment envie de me donner un bon défi et j’ai l’impression que je dois m’exprimer aux Québécois francophones, c’est sûr que je vais être beaucoup plus cérébrale. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose de presque politique parce que c’est mon entourage aussi en tant qu’Autochtone inuk ».

« Francophone et francophile »

Le français est de la matière première pour l’humoriste Neev, qui se déclare à la fois « francophone et francophile ». « C’est une langue que je consomme dans plusieurs aspects différents. J’ai été musicien avant d’être humoriste et j’écrivais mes chansons en français. J’adore lire des romans. J’ai étudié à l’université en français », explique-t-il.

D’après Neev, le français est une langue qui permet à ses locuteurs de s’exprimer dans une multitude de registres, et de là, sa grande richesse.

« C’est une langue qui tient un registre qui peut être aussi gras que du joual québécois et des sacres, et aussi fin que la plume de (l’écrivain) Eric-Emmanuel Schmitt, duquel je viens de lire le dernier roman. C’est une langue qui nous permet de dire beaucoup de choses de façon différente », constate-t-il. « Cette richesse, je trouve que c’est vraiment quelque chose de beau et ça m’a suivi toute ma vie ».

En tant qu’humoriste, Neev a eu l’occasion de voyager partout au Canada, souvent dans des prestations au festival Juste pour rire ou dans le cadre des Rendez-vous de la francophonie.

Ces voyages lui ont laissé une perspective unique sur la francophonie au Canada, dit celui qui est né à Montréal mais dont les origines sont marocaines et françaises.

« Quand tu es au Québec, tu es persuadé que la francophonie, c’est le Québec. Mais après, tu vas en Acadie, tu vas à Winnipeg, tu vas dans les Plaines, tu vas jusqu’à Vancouver et tu vois que chacun vit sa francophonie différemment », explique-t-il. « Je trouve que le feu de cette langue et de cette culture est très vivant. Pas juste au Canada mais partout dans le monde ».

Un mois d’activités

Le 1er mars, les Rendez-vous de la francophonie ont dévoilé leur calendrier d’activités.

Au menu : des concours, des spectacles, des ateliers, et des événements culturels dans toutes les provinces et territoires canadiens.

En plus de nombreuses activités qui se tiendront en Colombie-Britannique dans le cadre du RVF 2022, les amateurs d’humour pourront voir Neev en spectacle le 12 mars au Théâtre Norman Rothstein à Vancouver au gala Juste pour rire.

De sa part, Elisapie sera également en spectacle à Vancouver le 11 mars au Théâtre Chan Centre où elle présentera les chansons de son album The Ballad of the Runaway Girl en concert. La chanteuse dit que le public peut s’attendre à « beaucoup d’intensité » sur la scène et qu’elle sera accompagnée de son groupe, des musiciens avec qui elle joue depuis deux ans.

« Le thème, cette année, ce sont les traditions, et les Rendez-vous de la francophonie sont devenus une tradition pour moi », partage Neev. Son message pour les francophones – et les francophiles – c’est « de se joindre à nous dans cette célébration. On est francophone dans un pays qui est officiellement bilingue, le français c’est dans l’ADN de notre pays et c’est une richesse dont il faut profiter ! ».

Pour Elisapie, le fait d’être invitée une deuxième fois à être porte-parole des RVF (elle l’a déjà été en 2016) « c’est un message en soi » sur ce que signifie célébrer la francophonie au Canada.

« Je pense que la présence de quelqu’un comme Neev ou moi, ça fait un beau débat qui va nous faire réfléchir. Je trouve ça fort et important, et je suis très fière de ce rôle », conclut-elle.

Les Rendez-vous de la francophonie ont lieu du 1er au 31 mars. Pour en savoir plus, visitez le site www.rvf.ca.