Un arrêt sur image sur le bilinguisme : Langues officielles au Canada : mythes ou réalités ?

Les citoyens canadiens doivent-ils tous être bilingues ? La dualité linguistique est-elle synonyme de division ? Un employé unilingue peut-il obtenir un poste au sein du gouvernement fédéral ?

Au cœur de l’identité et de la culture du Canada, les langues officielles sont entourées de constats et d’idées reçues parfois contradictoires. Ces mythes nuisent à l’objectif de la Loi sur les langues officielles et à la compréhension mutuelle entre les communautés francophones et anglophones du pays.

Afin d’assurer le respect et l’égalité du français et de l’anglais au Canada, il est temps de déboulonner les fausses croyances et de mettre en lumière les faits en ce qui a trait aux langues officielles. Voici donc quelques-uns des mythes répandus à ce sujet et leur réalité.

Mythe : La Loi sur les langues officielles oblige tous les citoyens canadiens à être bilingues.

Réalité : La Loi sur les langues officielles oblige le gouvernement fédéral et ses institutions à offrir des services en français et en anglais. Ainsi, comme le stipule la Loi, c’est au gouvernement fédéral que revient la responsabilité de communiquer avec les citoyens canadiens et de les servir dans la langue officielle de leur choix. Bien entendu, cette exigence indique que certains postes de l’administration fédérale sont occupés par des employés capables de servir la clientèle dans les deux langues officielles.

Mythe : Les entreprises privées ou les organisations à but non lucratif nationales, provinciales et locales doivent se conformer à la Loi sur les langues officielles.

Réalité : Les organisations à but non lucratif et les entreprises canadiennes ne sont pas assujetties à la Loi sur les langues officielles et n’ont donc pas à s’acquitter des obligations linguistiques prescrites par la Loi, sauf si elles fournissent des services au nom du gouvernement du Canada. De plus, certaines organisations, comme Air Canada, le CN et NAV CANADA, ont gardé des obligations linguistiques après leur privatisation.

Comment démystifier quelques-uns des mythes répandus et leur réalité par rapport aux langues officielles.

Mythe : Il faut être bilingue pour occuper un poste au sein de la fonction publique fédérale.

Réalité : Afin de pouvoir offrir des services dans les deux langues officielles, la fonction publique fédérale doit compter un certain nombre d’employés bilingues et unilingues. Selon le Rapport annuel sur les langues officielles 2017–2018 du Conseil du Trésor :

  • 42,9 % des postes sont désignés bilingues;
  • 49,7 % des postes sont désignés anglais essentiel;
  • 3,5 % des postes sont désignés français essentiel;
  • 3,9 % des postes sont désignés français ou anglais essentiel.

Les pratiques d’embauche reposent sur un régime du mérite, notamment en ce qui concerne les compétences linguistiques. Les procédures de dotation sont fondées sur une évaluation de la compétence linguistique du candidat plutôt que sur ses antécédents linguistiques. Aux termes de la Loi sur l’emploi dans la fonction publique, la Commission de la fonction publique du Canada détient le pouvoir d’effectuer des nominations externes et internes à la fonction publique.

Mythe : La dualité linguistique crée une division entre les communautés francophones et anglophones.

Réalité : Bien que le Canada compte deux groupes de langue officielle, l’un francophone et l’autre anglophone, cette réalité n’est pas synonyme de division. Au contraire, si la tolérance et le sens de l’accommodement font partie intégrante des valeurs canadiennes, c’est largement grâce à la dualité linguistique qui nous a appris à coexister et à nous respecter mutuellement. La Loi sur les langues officielles encourage d’ailleurs, pour ceux et celles qui le souhaitent, l’apprentissage de leur deuxième langue officielle.

Mythe : Les Canadiens ne sont pas intéressés par le bilinguisme et ne reconnaissent pas l’importance de la dualité linguistique.

Réalité : Selon le sondage de 2016 sur les langues officielles et le bilinguisme, 84 % des Canadiens sont en faveur du bilinguisme pour l’ensemble du Canada, alors que 88 % appuient les objectifs de la Loi sur les langues officielles. De plus, 8 Canadiens sur 10 reconnaissent que l’existence de deux langues officielles contribue favorablement à l’image internationale du Canada. En outre, 8 Canadiens sur 10 sont d’accord pour dire qu’il faut déployer plus d’efforts afin que les jeunes puissent devenir bilingues.

Mythe : Avec une telle diversité culturelle, il y a plus de personnes qui parlent des langues non officielles qu’il y a de personnes qui parlent français au Canada.

Réalité : Le Canada tire énormément avantage de sa diversité linguistique – une diversité croissante caractérisée par les langues officielles (le français et l’anglais), les premières langues (les langues autochtones comme le cri, l’ojibwé et l’inuktut) et les langues patrimoniales de divers groupes d’immigrants et des générations subséquentes (parlant, par exemple, le mandarin, le cantonais, le punjabi, l’arabe, l’italien, l’allemand, le grec).

Selon le recensement, en 2016 :

  • près de 10,4 millions de Canadiens étaient capables de parler le français, soit 29,7 % de la population, plus de personnes que jamais dans l’histoire canadienne;
  • près de 8,2 millions de Canadiens parlaient le français au moins régulièrement à la maison, représentant 23,4 % de la population;
  • la langue la plus commune à la maison après l’anglais et le français était le mandarin, parlée au moins régulièrement par près de 650 000 personnes, soit 1,8 % de la population.

Mythe : Seuls les francophones sont capables de devenir bilingues, c’est pourquoi ils sont surreprésentés dans la fonction publique fédérale.

Réalité : Tous les Canadiens qui le souhaitent devraient avoir accès aux occasions de devenir bilingues. Cet apprentissage est important pour le fonctionnement du gouvernement, non seulement pour répondre aux obligations relatives aux communications avec le public, à la prestation de services et à la langue de travail, mais également parce que le principe de participation équitable des francophones et des anglophones est protégé par la Loi sur les langues officielles (Partie VI).

De façon générale, la fonction publique devient de plus en plus bilingue. En effet, selon le Rapport annuel sur les langues officielles 2017-2018 du Conseil du Trésor, près de 95 % des employés fédéraux qui détiennent des postes désignés bilingues satisfont aux exigences linguistiques de leur poste.

Cependant, cela ne veut pas dire que, selon les chiffres, les francophones ou les anglophones sont nécessairement favorisés. En fait, selon le dernier rapport du Conseil du Trésor, pour l’ensemble des institutions assujetties à la Loi, 74 % des employés avaient l’anglais comme première langue officielle et 25,9 % avaient le français comme première langue officielle; ce taux de participation reflète de près celui de l’ensemble de la population canadienne.

Mythe : Les institutions fédérales au Québec ne sont pas tenues d’offrir leurs services dans les deux langues officielles.

Réalité : La Loi sur les langues officielles s’applique à toutes les institutions fédérales, peu importe où elles se situent dans les provinces et territoires du Canada.

Mythe : Le bilinguisme est mauvais pour l’économie.

Réalité : Le bilinguisme comporte en fait de nombreux avantages économiques. En effet, une connaissance des deux langues officielles du Canada favorise l’accès à l’emploi et la mobilité individuelle et elle pourrait donc stimuler la croissance économique grâce à une meilleure communication et à des relations intergroupes plus harmonieuses. Dans le contexte de la mondialisation, le bilinguisme est de plus en plus perçu comme un avantage concurrentiel et une valeur ajoutée.

Mythe : Au Nouveau-Brunswick, toutes les obligations linguistiques de la province relèvent de la Loi sur les langues officielles du Canada.

Réalité : Certaines provinces et certains territoires du Canada ont adopté leurs propres politiques et leur propre législation visant à protéger les langues officielles. C’est le cas du Nouveau-Brunswick où la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick oblige notamment les institutions du gouvernement provincial (ministères, sociétés de la Couronne, hôpitaux, services de police, etc.) à servir les membres du public dans la langue officielle de leur choix.

Source : Commissariat aux langues officielles www.clo-ocol.gc.ca/fr/droits-linguistiques/mythes-realites