Dictons, maximes et proverbes

La fête du travail annonce la rentrée des classes. Cette dernière, à son tour, indique la fin de l’été et l’arrivée de l’automne qui ne perd rien pour attendre. Il en est ainsi chaque année, que cela nous plaise ou non. Il faut s’y faire. Je m’y suis fait.

Il existe toutes sortes de rentrées. La rentrée politique, la rentrée artistique, la rentrée d’argent et d’autres rentrées dont je ne vois pas la sortie. La rentrée qui toutefois m’intéresse au plus haut point, celle qui m’intrigue le plus et me préoccupe le moins, celle qui me passionne, celle qui, à mes yeux, s’avère la plus significative, n’est autre que la rentrée scolaire. Oui, pour être tous passés par là nous sommes conscients de son importance et du rôle qu’elle peut jouer dans nos vies. Notre éducation ne peut éviter cette étape. Elle est faite de clichés, de dictons, de maximes et de proverbes.

« Notre éducation ne peut éviter cette étape. »

Je me souviens de mon premier jour d’école. Mon grand-père, sellier de son état, m’avait confectionné un cartable tout en cuir fait à ma mesure. Bien qu’athée de confession, j’étais heureux comme un pape. Je pensais être sorti de la cuisse de Jupiter ce qui me faisait de belles jambes. J’en mettais plein la vue à ceux qui ne voyaient pas plus loin que leur nez.

Parlant d’école et d’éducation, j’ose poser cette question : qu’apprend-t-on à l’école primaire, qu’enseigne-t-on aux nouveaux élèves de nos jours ? Il y a bien trop longtemps qu’il m’est arrivé de mettre les pieds dans la classe d’une école élémentaire pour en savoir quelque chose. Avec mon expérience je peux néanmoins imaginer ce que cela peut donner.

Après tout, les principes fondamentaux, je crois comprendre, n’ont pas varié : écoutez, avalez, obéissez et, si le temps le permet, dormez. Dans la foulée, cependant, vous enseigne-t-on les leçons de la vie ? J’ai bien peur que non et c’est bien dommage. Ainsi dans la classe de lecture, si ma mémoire ne me fait pas défaut, l’institutrice ne m’a jamais prévenu que je devais apprendre à lire entre les lignes. De même pour l’écriture : à aucun moment je ne l’ai entendue dire « les paroles s’envolent, les écrits restent », histoire de m’encourager à me taire et à me consacrer à parfaire les pleins et les déliés de ma calligraphie.

L’enseignement de la géographie ne connut pas un meilleur sort. Certes, j’ai appris que tous les chemins mènent à Rome mais on a oublié de me dire qu’une fois là-bas je devais faire comme les Romains et ne jamais dire « fontaine je ne boirai pas de ton eau ».

Les classes de mathématique ne valaient guère mieux. « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » ne m’a pas aidé auprès de Laura, élève assise à mes côtés, qui n’aura pas pu cueillir ses lauriers sur lesquels elle comptait. J’ai fait ni une ni deux, sans calcul, je me suis plié en quatre pour lui offrir les miens. Mon geste me valut un zéro de conduite. Pour finir de la conquérir je lui ai dit « À l’infini, ce ne sera jamais deux sans toi ». Après être passés en cinquième, on ne s’est plus revus.

En histoire naturelle ou sciences naturelles, la maîtresse d’école faisait la pluie et le beau temps tout en piquant, face à mon désagréable comportement, des crises de rage. Futé, je laissais passer l’orage et, fuyant sa foudre, en un éclair j’allais m’abriter sous un paratonnerre. Un nuage pesait sur nous et se dissipa lorsque notre situation connut une éclaircie.

Dans le cours d’atelier d’art, l’enseignante nous demanda de dessiner des arbres. Je n’en ai dessiné qu’un seul. Elle me demanda où étaient passés les autres. Je lui répondis que c’était l’arbre qui cachait la forêt. Elle apprécia ma réponse puis, comme elle avait de la suite dans les idées, ajouta « si l’habit ne fait pas le moine, le bois ne fait pas l’arbre » ce qui à mes yeux d’enfant surpris ne rimait à rien. Mais là encore je me suis tu, ne voulant mordre la main de celle qui me nourrissait l’esprit.

Je me souviens aussi des sottises que nous faisions lorsque la maîtresse s’absentait. « Quand le chat n’est pas là les souris dansent » comme chacun le sait. Oui, on dansait au son de la cornemuse, un instrument dont j’abuse quand je m’amuse avec ma muse.

J’arrive au bout du rouleau de ma chronique et non du papier hygiénique. J’espère qu’en la lisant vous avez pris votre mal en patience et que, malgré mes envolées insensées, cela vous a rappelé de beaux souvenirs d’enfance. Période où l’on me faisait comprendre que le futur, qu’il soit antérieur ou postérieur, n’a pas d’avenir.