L’exposition « Home » alimente une réflexion visuelle sur le concept du chez-soi

Des visages faisant partie de paysages. Sur ses peintures acryliques, Karen Leon exprime l’idée d’appartenance, d’identité culturelle, mais aussi ces souvenirs heureux et nostalgiques qui créent le « chez soi ».

Dans son exposition intitulée Home, l’artiste canadienne d’origine équatorienne, Karen Leon partage…son chez-soi. À voir, hors-site, à la Richmond Art Gallery jusqu’au 1er mai 2023.

Représentation

Comme ces masques qui interrogent discrètement du regard et qui se détachent des paysages de nature luxuriante, les tableaux de Karen Leon rappellent le propre regard que chacun a sur ces endroits chers à l’enfance et ces lieux pleins de bons moments qui n’existent plus que dans les souvenirs. Le titre évocateur de l’exposition permet une réflexion plus large sur l’idée de chez-soi et le sentiment d’appartenance, à un endroit, à une culture, à une période spécifique dans le temps. Karen Leon est née en Équateur mais a grandi à Richmond, sans avoir de représentation de la culture équatorienne dans son nouveau chez-soi canadien, en dehors du cadre familial. Les œuvres de la peintre lui permettent d’exprimer et d’explorer son identité et son expérience, tout en donnant une occasion au spectateur de se reconnaître dans cette diversité d’héritage et de vécu. « Le “chez-soi” est un concept si difficile à décrire », avance l’artiste, « je pense que c’est l’endroit où l’on se sent le plus à l’aise dans sa peau. [C’est l’endroit où] les gens qui vous entourent vous soutiennent et [là où] la culture vous permet d’exister tel que vous êtes », ajoute-elle. Le chez-soi devient alors une idée plus large et inclusive que chacun peut emporter avec soi dans un nouvel endroit, dans une nouvelle communauté. De l’Équateur à la Colombie-Britannique, mais aussi d’une époque à une autre.

De l’Équateur à la Colombie-Britannique. | Pour plus d’informations, visitez www.richmondartgallery.org/karen-leon

Souvenir

Le chez-soi plus intériorisé de l’artiste permet d’envisager un chez-soi plus intime et immatériel, où chacun peut se replier en pensée. « J’espère que les visiteurs pourront réfléchir et sentir qu’ils ont un chez-eux quelque part. “Même si ce chez-soi est loin ou difficilement accessible, ces lieux nous ont façonnés et nous les portons en nous », explique l’artiste. Envisager sa “maison” ainsi permet de la rendre plus imperméable au passage du temps, et aux changements observés dans les quartiers et les lieux des souvenirs d’enfance. Le chez-soi est alors protégé de la dégradation ou de l’embourgeoisement d’un endroit, d’un quartier. « Il est important de se souvenir de cela lorsque votre quartier a connu ou connaît un processus d’embourgeoisement. C’était autrefois votre environnement, et elle vous a permis de devenir ce que vous êtes aujourd’hui », rappelle l’artiste. En présentant le chez-soi plus comme un souvenir ou une pensée qu’il est possible d’invoquer, Karen Leon propose une conception à la fois plus étendue, plus protégée et plus évolutive du « chez-soi ».

Quotidien

Les années ont alors peu d’impact sur le sentiment d’être chez soi, dans un endroit ou un souvenir évocateur et coloré. Il peut alors se loger dans les moments les plus simples du quotidien. « Je crois que la culture se retrouve dans tout ce que l’on fait, c’est pourquoi je pense que je n’ai pas besoin de faire de la place pour exprimer mon héritage, parce qu’il se retrouve dans plus de façons que je ne peux même pas disséquer », avoue la peintre. L’identité culturelle devenant indissociable des actions du quotidien, elle peut alors faire partie de la vie et du rythme de chacun sans que personne n’y fasse réellement attention. L’héritage culturel se retrouve alors à chaque repas, dans chaque mélodie de la musique qui rythme le quotidien. Karen Leon illustre alors : « J’ai grandi en mangeant de la nourriture équatorienne tous les jours et il y a très peu de plats équatoriens disponibles dans le Grand Vancouver. Les seuls endroits où j’en ai fait l’expérience sont chez moi ou en Équateur. Ce qui a renforcé mon lien entre la nourriture et la culture ».

Comme ces fragments de visages que Karen Leon superpose à la nature dans ses peintures, ces différents héritages culturels et expériences vécues composent la vie de chacun pour créer des œuvres riches et uniques.

Pour découvrir les oeuvres de Karen Leon, visitez le rez-de-chaussé de l’hôtel de ville de Richmond, juste en face de la Richmond Art Gallery, au 6911 No 3 Road, Richmond, BC www.richmondartgallery.org/exhibitions/city-hall-galleria

Pour plus d’informations, visitez www.richmondartgallery.org/karen-leon