La présentation du documentaire Haute tension à Chinatown marquera cette année l’ouverture du Festival du documentaire DOXA à Vancouver à l’occasion du coup d’envoi des projections en présentiel du jeudi 4 mai qui coïncidera également avec les activités annuelles du Mois du patrimoine asiatique.
L’histoire se déroulant durant le centenaire de la Loi de l’immigration chinoise (1923) au Canada, les projections du documentaire seront tenues dans le cadre de grands festivals du cinéma en Amérique du Nord, en même temps qu’une tournée communautaire d’un océan à l’autre. Ces événements dédiés aux communautés amèneront ce documentaire au cœur des Quartiers chinois canadiens avec une version spéciale sous-titrée produite spécifiquement dans la langue chinoise traditionnelle. De nombreuses projections incluront des panels en compagnie de la réalisatrice Karen Cho et des protagonistes du film ou des organisateurs impliqués dans les Quartiers chinois, qui discuteront des problématiques présentées dans le film afin de ramener la lutte au niveau local. Le documentaire sera aussi présenté à travers le pays grâce à des diffusions télévisées.
Partout dans le monde, les Quartiers chinois sont en voie d’extinction. Menacés de disparaître et d’emporter avec eux leur histoire. Celle d’une communauté marginalisée qui s’est battue pour se faire une place. Haute tension à Chinatown illustre la lutte collective menée pour sauver les Quartiers chinois en Amérique du Nord et comment celle-ci s’organise à une époque où la crise de la COVID-19 accélère partout leur dépérissement. Alors que le tourisme s’effondre et que les magasins, restaurants et commerces du Quartier chinois ferment, comment ces quartiers et leurs communautés vivantes pourront-ils faire face à la montée de la gentrification au lendemain de la pandémie ? L’augmentation effrénée des prix va-t-elle perdurer ou les communautés vont-elles profiter de ce moment pour trouver de nouvelles façons de protéger leur foyer ainsi que leurs biens culturels, qu’ils soient matériels ou immatériels ?
Alternant les époques, le film dresse un parallèle entre passé, présent et avenir. Rasés autrefois, afin de soi-disant chasser le vice et la maladie, les Quartiers chinois sont aujourd’hui au cœur de la pandémie du
« virus chinois » et demain réimaginés et remodelés au gré de leur communauté.
Le rôle de refuge qu’a joué le Quartier chinois dans le passé, à une époque de forte tension raciale, pour des citoyens ne disposant pas des mêmes ressources et droits que les autres semble encore d’actualité. Ils incarnent toujours cet espace sécurisé où la communauté peut se rassembler, écrire sa propre histoire et revendiquer sa place dans la société. Le documentaire Haute tension à Chinatown, est une histoire de résistance et de résilience communautaire qui illustre la lutte collective menée pour sauver les Quartiers chinois en Amérique du Nord.
Dans Haute tension à Chinatown, le Quartier chinois se situe à la croisée des chemins. Le documentaire explore les tensions qui existent dans le combat pour revitaliser le Quartier chinois. En donnant la parole aux membres de sa communauté, il est à noter que les points de vue divergent sur cet enjeu.
Alors que de « nouveaux Quartiers chinois » émergent dans des banlieues dynamiques et que surgit une classe d’immigrants chinois plus aisés, l’ancien Quartier chinois serait-il devenu obsolète ? Que risque-t-il d’arriver à ceux qui vivent et utilisent encore les services du Quartier chinois urbain traditionnel ? Comment la communauté et les résidents du Quartier chinois arriveront en ce temps de crise à imaginer ensemble une nouvelle destinée pour leur foyer ?
Une des principales interrogations est de savoir pourquoi il y a encore un besoin aujourd’hui du Quartier chinois et comment la communauté pourrait parvenir à respecter son passé tout en façonnant son avenir. C’est l’histoire d’un quartier, à la fois canadien et universel. Un quartier d’immigrants où l’ancien pays vit encore dans les entrailles du nouveau, où les forces du monde moderne se heurtent toujours aux mœurs du passé. Un quartier où une communauté saisit cet instant critique pour se reconstruire.
Karen Cho est une réalisatrice sino-canadienne, surtout connue pour ses documentaires sociopolitiques qui explorent des thèmes tels que l’identité, l’immigration et la justice sociale. Descendante de cinquième génération des Low Wah Kiu (Chinois d’outre-mer) qui sont arrivés au Canada durant la période de la ruée vers l’or et des chemins de fer, Karen Cho a réalisé son premier film intitulé In the Shadow of Gold Mountain (2004) qui explore l’expérience de l’immigration sino-canadienne et les effets de la taxe d’entrée et la loi d’exclusion visant les personnes d’origine chinoise. Le film examine aussi comment le racisme légiféré au Canada a eu un effet négatif sur sa famille chinoise alors que ses ancêtres européens ont été récompensés pour avoir immigré.
La réalisation de ce film a aidé Karen Cho à façonner sa vision comme documentariste engagée à l’exploration des récits des communautés sous-représentés et l’expansion de la notion de l’identité et de l’histoire canadienne. L’impact du film comme outil éducationnel du mouvement de dédommagement sino-canadien a été documenté dans le livre Being Chinese in Canada de William Dere publié en 2019, ainsi que dans Reel Asian : Asian Canada on Screen d’Elaine Chang publié en 2007.
Karen Cho a également réalisé des films tels que Seeking Refuge (2009), lauréat d’un prix Gemini et qui suit des demandeurs d’asile au Canada, ainsi que Status Quo ? The Unfinished Business of Feminism in Canada (2012), qui a remporté le prix du meilleur documentaire au festival du film de Whistler et qui a été projeté dans plus de 67 communautés à travers le pays.
Au petit écran, Karen Cho a abordé des sujets comme l’art et l’identité, la santé et le bien-être des peuples autochtones, l’internement des Nippo-Canadiens, la cuisine québécoise, le Downtown Eastside de Vancouver, et les artistes militants à travers le monde. En 2018, Karen Cho a été sélectionnée dans la catégorie de la meilleure réalisation aux prix Écrans canadiens pour son travail dans Interrupt This Program (CBC).