En 2023, un plus grand nombre d’écoles, comme jamais auparavant, souhaitent offrir une éducation préconisant de saines relations et adaptée aux besoins de leurs élèves. Le programme Jeunes Leaders des Relations Saines (JLRS), établi dans ce but, vise à promouvoir ces relations et prévenir la violence interpersonnelle chez les jeunes francophones en Colombie-Britannique. « Le programme est en partie géré et créé par des jeunes eux-mêmes préoccupés, ce qui leur permet de développer un contenu d’ateliers spécifique, adapté à leur communauté, leur culture et leurs besoins », explique Claudya Leclerc, chargée de projet du programme de JLRS à Réseau -Femmes. Elle et son équipe utilisent une approche non discriminatoire, tout en reconnaissant les identités croisées des jeunes d’expression française en C.-B.
Elodie Dorsel
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
À chaque automne le programme JLRS offre une formation destinée aux personnes d’âge majeur ( animateurices *) qui leur permettront d’animer des ateliers dans diverses écoles de la province. Cette formation s’adresse, en même temps, à une cinquantaine de jeunes en 11e et 12e année qui en profiteront eux aussi. « Les jeunes ont pour mission de faire connaître le curriculum JLRS dans les classes de 9e année et de mettre en œuvre un projet de sensibilisation à l’échelle provinciale », indique Mme Leclerc.
Dans cette perspective, les ateliers de formation ont eu lieu du 8 au 12 novembre, à Loon Lake, près de la ville de Windfield dans l’Okanagan. « Nous avons pu faire venir des animateurs et des animatrices adultes d’un peu partout de la C.-B. pour la formation en présentiel. Ensuite, ils ou elles (lels**) pourront diffuser les ateliers dans leurs régions respectives », précise la chargée de projet.
Durant la formation, les animatrices sont sensibilisées aux enjeux relatifs à l’intersectionalité et l’antiracisme, en plus de la diversité sexuelle et de genre, parmi les sujets abordés. Ce sont des thématiques souvent mises de côté à cause de l’inconfort qu’elles suscitent; pourtant les jeunes y accordent beaucoup d’importance. Le nombre de jeunes leaders est passé de cinquante à soixante-dix cette année, même s’ils ne pouvaient pas tous être présents à la formation. « C’est essentiel pour nous que les jeunes puissent s’identifier comme leaders dans leur communauté, qu’ils développent un sentiment d’appartenance à la francophonie britanno-colombienne et qu’ils acquièrent des compétences en leadership, en animation et en gestion de projets », déclare Mme Leclerc. C’est une expérience enrichissante pour les jeunes leaders autant que les élèves en 9e année qui voient ces personnes-modèles leur étant accessibles dans leurs cours.
Selon elle, le succès de ce programme s’explique grâce à la collaboration avec le Conseil scolaire francophone et à l’équipe composée majoritairement d’anciens étudiants des écoles du CSF. « Pouvoir devenir une personne-modèle accessible pour les jeunes qui parlent de thématiques qui affectent tout le monde, ça a un impact », affirme la chargée de projet, elle-même ancienne élève d’une école francophone.
Pour Sofia Lemay, élève en 12e année à l’école Gabrielle-Roy, devenir un jeune leader, c’est d’offrir un modèle positif pour les élèves de la 9e année. « C’est une manière d’outiller les élèves plus jeunes que moi pour les aider à mieux gérer leurs relations et leurs études au secondaire, puis les amener à réfléchir davantage sur leurs propos et leurs actes », déclare-t-elle. Participante à la formation en présentiel, Sofia a forgé des liens avec des jeunes d’autres écoles en plus de constater à quel point les jeunes peuvent avoir un impact réel dans leurs communautés. « J’ai apprécié l’accent mis sur être allié et la manière dont nos identités façonnent et influencent nos relations. Cela nous a permis de comprendre les identités différentes de nos pairs afin de les respecter dans le futur », souligne-t-elle.
Ce travail de prévention est aussi important que le travail de guérison. « En tant qu’organisme luttant pour une société équitable, nous croyons que la prévention de la violence était essentielle pour y arriver », rajoute Mme Leclerc. D’ailleurs le programme JLRS offre depuis quelques années un curriculum de la maternelle à la douzième année pour que les jeunes puissent apprendre à créer et maintenir des relations saines et interpersonnelles dans toutes les différentes facettes de leur vie.
Rendus au secondaire, les jeunes traversent une période de croissance où ils se posent beaucoup de questions. « C’est pour ça que c’est tellement important d’avoir des échanges pouvant susciter une réflexion critique et favorisant un apprentissage social et émotionnel », précise Mme Leclerc. Dans ce contexte, le programme JLRS offre aux jeunes un espace où apprendre, désapprendre et échanger sur leurs réalités et celles de leurs pairs et touchant à certains enjeux sociaux. « Un espace qui n’existait pas lorsque moi, j’étais au secondaire », conclut la militante.
*terme qui inclut le féminin et le masculin du nom dans un effort d’avoir un français écrit plus inclusif. D’autres termes discutés au cours de la formation incluent Miel, (M+iel) comme alternatif à Madame et Monsieur. **pronom neutre (lels)