Les communautés autochtones face aux changements climatiques : entre vulnérabilité et résilience énergétique

Les communautés autochtones vivant dans des zones rurales sont particulièrement exposées aux effets sévères des changements climatiques. Le manque d’infrastructures et de moyens complique leur adaptation. Les politiques publiques doivent prendre en compte ces défis spécifiques pour réduire et prévenir les impacts du dérèglement climatique dans ces régions.

Les risques auxquels ces communautés font face sont variés dont entre autres les incendies et les inondations. Patrick Michell, Chef de la communauté de Kanaka Bar, situé à 18 km au sud de Lytton en Colombie-Britannique, a vécu deux évacuations ces dernières années en raison d’incendies de forêt et d’inondations.

Au-delà des catastrophes extrêmes qui dévastent des villages entiers, le dérèglement climatique engendre des difficultés quotidiennes : prévisions climatiques imprévisibles, irrégularité des précipitations, écarts de température importants. Ces changements affectent la continuité de l’approvisionnement en énergie et en nourriture. Patrick Michell rappelle que les Premières Nations habitent ces terres depuis au moins 12 000 ans. Il ajoute que, en à peine 400 ans de l’arrivée des Européens, notre mode de vie a perturbé l’environnement. « ll serait peut-être temps d’écouter les Premières Nations, » souligne-t-il amicalement.

Un barrage hydro-électrique sur la Columbia River.

Un accès continu à l’énergie

L’autonomie énergétique est une solution clé. Patrick Michell a initié un projet hydroélectrique solaire pour sa communauté.

Le partenariat Kwoiek Creek Resources Limited, entre le Kanaka Bar Indian Band et l’entreprise privée Innergex, a été créé. Ce projet inclut également des batteries installées dans le bâtiment communautaire, garantissant ainsi un accès continu à l’énergie, et il pave le chemin pour de nombreux succès futurs.

Grâce à des années de lobbying, ces projets à petite échelle sont devenus une priorité pour la Colombie-Britannique. Le partenariat entre une entreprise privée et les communautés locales n’est pas la seule option, selon les projets et le niveau de risque que les communautés autochtones sont prêtes à prendre, d’autres formules sont possibles. « L’essentiel c’est la flexibilité » pour répondre parfaitement aux besoins et aux attentes des communautés, spécifie Kwatuuma Cole Sayers, de la Hupacasath First Nation et directeur général de Clean Energy BC. Il conseille les communautés autochtones sur la mise en place de projets d’énergie renouvelable. La rentabilité des projets est évaluée pour déterminer quelle source d’énergie renouvelable sera développée pour chaque communauté.

Des écosystèmes marins endommagés

L’indépendance par rapport au diesel est également cruciale. Le diesel, en plus de contribuer au dérèglement climatique, peut être difficile à acheminer. Kwatuuma Cole Sayers rappelle la marée noire de 2015 sur la côte Pacifique de l’île de Vancouver, causée par une fuite de diesel, qui a ravagé les écosystèmes marins.

Des stratégies sont donc mises en place en fonction des ressources disponibles pour chaque communauté, permettant une autonomie énergétique. En reprenant les mots d’un père de famille d’une communauté autochtone, le directeur général de Clean Energy BC résume, « Maintenant mes enfants peuvent jouer aux jeux vidéo quand ils veulent. »

Le défi de l’accès au capital

Malgré certaines avancées, tous les défis ne sont pas encore relevés et le principal d’entre eux reste encore l’accès au capital. Des programmes de garanties à long terme ont été instaurés pour faciliter cet accès, qui conjuguent la création d’infrastructures énergétiques, l’alignement avec les intérêts environnementaux et des communautés autochtones. Du coup, tous les défis n’ont pas encore été surmontés, et l’accès au capital demeure encore le principal obstacle. Des programmes de garanties à long terme ont été mis en place pour atténuer cette difficulté. Ces politiques publiques, axées sur le développement d’infrastructures énergétiques, répondent à la fois aux besoins environnementaux et aux aspirations des communautés
autochtones.

Kwatuuma Cole Sayers et Patrick Michell rappellent que la Colombie-Britannique a été précurseur dans l’application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et continue de l’être en facilitant leur participation à la transition écologique.

C’est sans doute pourquoi Patrick Michell arbore toujours sa cravate jaune, veritable métaphore de la flamme d’espoir qui brille dans ses yeux.

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