le Jeudi 13 février 2025

L’accès aux soins de santé mentale en milieu rural en Colombie-Britannique reste un défi malgré des initiatives provinciales. Si certains trouvent des services adaptés à leurs besoins, d’autres peinent à consulter un professionnel, notamment en français. Les disparités régionales et le manque de visibilité des ressources rendent la situation encore plus complexe.

Paul T. Tshilolo – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Selon le rapport 2024 de l’Association canadienne pour la santé mentale (CMHA), la Colombie-Britannique affiche un taux de psychiatres de 14,8 pour 100 000 habitants, supérieur à la moyenne canadienne de 13,1. Cependant, ce taux ne résout pas tous les problèmes d’accès aux soins.

Des statistiques contrastées

Le taux de besoins de services insatisfaits ou partiellement satisfaits en C.-B. atteint 9,4 %, soit plus que la moyenne nationale de 7,8 %. De plus, 15,3 % des patients hospitalisés pour un trouble de santé mentale sont réadmis dans les 30 jours, un taux supérieur à la moyenne canadienne de 13,4 %.

Malgré ces chiffres, le gouvernement de la province a pris des mesures pour améliorer l’accès aux soins. En 2023, il a investi 75 millions de dollars pour la création de 12 nouveaux centres Foundry, qui offrent des services de santé mentale aux jeunes. De plus, des équipes de soins assistées par des pairs (Peer Assisted Care Teams) ont été mises en place pour intervenir en cas de crise sans recours systématique à la police.

Photo de famille de Catherine Alary à Kelowna. | Crédit : Matt Ferguson

Des expériences variées selon les régions

Catherine Alary, habitante de Kelowna, fait partie de ceux qui n’ont pas rencontré de grandes difficultés pour trouver de l’aide. « Ici, je trouve que c’est facile de faire des recherches en ligne. Nous sommes quand même une petite communauté francophone, mais pour moi, ce n’est pas un grand défi », explique-t-elle. « J’avais personnellement voulu parler à un conseiller, et ça a été facile d’y accéder. Au moins une fois par mois, individuellement, en couple et en famille, nous consultons un professionnel. »

Toutefois, Catherine souligne que la question du coût et de la couverture par les assurances reste un enjeu majeur. « Ce que nous voulons, c’est que ces services soient abordables et couverts par les assurances de travail », ajoute-t-elle. Selon elle, la principale amélioration à apporter serait d’accroître la visibilité des services de santé mentale en français, notamment pour les parents.

Une accessibilité relative selon les besoins

Deborah Dennis, résidente de Salmon Arm depuis plus de 30 ans, n’a pas personnellement eu besoin de ces services, mais son mari a dû consulter un psychiatre. « Il voulait aussi participer à un groupe de soutien pour personnes souffrant d’anxiété, alors j’ai appelé et nous avons pu y accéder facilement », témoigne-t-elle.

Si elle reconnaît la facilité d’accès aux services virtuels, Deborah regrette un manque d’information sur les ressources locales. « J’espère qu’il y en a d’autres, mais je n’en connais pas trop », admet-elle. Son conjoint, souffrant d’un trouble mental à haut fonctionnement, a pu obtenir un soutien adéquat, mais il est possible que d’autres habitants de la région ne bénéficient pas du même niveau d’information.

Une autre perception chez les aînés

Lise Ouimet, également de Salmon Arm, n’a jamais eu recours aux services de santé mentale, mais elle témoigne de l’existence de ressources accessibles, notamment pour les aînés. « Mon mari et moi sommes en bonne santé, mais je connais une amie dont le mari a été déclaré inapte, et elle a pu facilement voir un médecin et obtenir du soutien », dit-elle.

Elle met en avant un outil précieux : « Il y a des petits dépliants dénommés « Le Guide pour les aînés de la C.-B. » qu’on retrouve à la bibliothèque, à la pharmacie et chez le médecin. Ils sont très utiles pour savoir où aller chercher de l’aide. » Cela montre que l’information existe, mais qu’elle est parfois peu soulignée.

L’expérience de Catherine Alary à Kelowna montre qu’un bon niveau de bilinguisme et une recherche proactive facilitent l’accès aux soins, tandis que le témoignage de Deborah Dennis à Salmon Arm met en lumière les lacunes en ce qui concerne la sensibilisation aux services disponibles.

La ville de Kelowna fait partie des six localités choisies par Ottawa dans le cadre du nouveau Programme pilote d’immigration dans les communautés francophones (PPICF). Ce programme se donne pour ambition de hausser le nombre de nouveaux arrivants francophones et de faciliter leur obtention du statut de résidents permanents au Canada. Une solution pour contrer, entre autres, la pénurie de main-d’œuvre qui affecte plusieurs secteurs clés dans la région.

Paul T Tshilolo – IJL – Réseau. Presse – Journal La Source

Le 30 janvier 2025, l’honorable Marc Miller, ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), a annoncé le lancement du Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Programme pilote d’immigration dans les communautés francophones. Ce programme offre aux collectivités sélectionnées une voie d’accès privilégiée à la résidence permanente pour les nouveaux arrivants francophones souhaitant s’installer et contribuer au développement économique local.

Un programme bénéfique pour la communauté francophone

Dans le cadre de ce programme, la Société de développement économique de la Colombie-Britannique (SDECB) joue un rôle de premier plan dans l’identification des employeurs de Kelowna prêts à embaucher des travailleurs francophones. Selon Jessica Rogers, directrice du Secteur employabilité et immigration de la SDECB, l’objectif est double : attirer des talents qualifiés et s’assurer qu’ils s’intègrent durablement à la communauté locale.

« Notre mandat est de repérer, sensibiliser et accompagner les employeurs locaux. Nous avons identifié des secteurs en forte demande, notamment le tourisme, la santé, la construction et la technologie. Les employeurs doivent suivre une formation obligatoire, déposer une offre d’emploi, puis nous les aidons à trouver des candidats qualifiés », explique-t-elle. Par exemple, un entrepreneur qui recherche un boulanger recevra l’accompagnement nécessaire pour faciliter l’embauche et l’intégration de son employé.

Elle soutient que le processus est rigoureux pour éviter les fraudes et garantir que chaque offre d’emploi soit légitime. Les travailleurs recrutés peuvent être déjà sur le sol canadien ou venir directement de l’étranger, à condition qu’ils soient francophones.

Un dispositif d’accompagnement complet

Le programme ne se limite pas à l’aspect professionnel. Une fois les travailleurs arrivés à Kelowna, des organismes locaux se mobilisent pour faciliter leur intégration sociale et culturelle.

Le Relais francophone, une coopérative engagée dans l’accueil des nouveaux arrivants, joue un rôle essentiel dans cette dynamique. Ines Ghozzi, directrice générale du Relais, précise que leur mission consiste à appuyer les employeurs et orienter les travailleurs vers des ressources pertinentes.

« Nous restons le point de référence pour les travailleurs temporaires et les demandeurs d’asile qui arrivent à Kelowna. Même si nous n’intervenons pas dans le processus de sélection des candidats, nous sommes en mesure d’offrir des services pré-départ pour les travailleurs francophones qui s’apprêtent à venir s’installer en Colombie-Britannique », souligne-t-elle.

Concrètement, ces services pré-départ comprennent des informations sur la vie à Kelowna, des conseils sur le logement, l’accès aux services de santé, et des formations interculturelles.

L’engagement du Centre culturel francophone de l’Okanagan

Acteur clé de l’intégration des nouveaux arrivants, le Centre culturel francophone de l’Okanagan (CCFO) s’emploie à favoriser leur inclusion sociale et culturelle. Sa directrice générale, Hélène Girardot, insiste sur l’importance de tisser des liens et de bâtir une communauté forte pour assurer leur enracinement durable.

« Les nouveaux arrivants ont plutôt tendance à partir lorsqu’ils ne parviennent pas à se créer un réseau local solide. C’est là que le rôle du CCFO est crucial. En leur proposant des rencontres avec des personnes partageant leur langue et leur culture, nous les aidons à s’ancrer durablement à Kelowna », explique-t-elle.

Le CCFO organise chaque mois plus de dix événements gratuits ciblant différents profils : jeunes familles, femmes, aînés, etc. L’objectif est d’offrir aux nouveaux arrivants des occasions de socialiser et de mieux s’intégrer.

Hélène Girardot ajoute que le CCFO est en discussion avec le ministère d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour développer de nouveaux services d’accompagnement.

Un Programme en constante évolution

Bien que le projet soit encore récent, la SDECB et ses partenaires travaillent déjà à son déploiement. « C’est un programme en pleine construction, et nous demandons aux participants d’être patients. Nous suivrons aussi des formations avec IRCC pour mieux accompagner les employeurs et les candidats », conclut Jessica Rogers.

Depuis bientôt dix ans, un état d’urgence sanitaire est déclaré en Colombie-Britannique qui fait face à une augmentation exponentielle de décès liés aux overdoses de drogues. Principale cause : le mélange des substances avec des opioïdes tels que le fentanyl. Acteurs de terrain, médecins et politiques divergent sur les méthodes à mettre en place pour pallier l’urgence.

Suzanne Leenhardt – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

L’équipe de All Nations Outreach sillonne les rues de Vancouver-Est pour apporter de l’aide aux personnes en prise aux addictions. | Crédit: site web All Nations Outreach

James Harry se décrit comme « l’ami autochtone sur lequel on peut compter » quand il parcourt les allées du centre-ville Est de Vancouver. Le fondateur de l’organisme All Nations Outreach est membre de la nation Haisla installée à Kitaamat, sur la côte nord de la Colombie-Britannique. Avec son équipe, il offre des repas chaque semaine aux personnes vivant dans la rue à Vancouver et majoritairement en prise aux addictions. Parallèlement, il tente de faire revenir les membres de sa communauté à Kitaamat. « La rue, c’est leur zone de confort. Notre but c’est de les sortir de là, leur proposer un café, leur faire sentir qu’ils comptent, entamer une discussion sur un traitement », pose-t-il. Alors que les Premières Nations représentent seulement 3,3% de la population de la province, on compte 16% d’entre eux dans les décès liés aux surdoses en 2020. « Beaucoup fuient leurs traumatismes et leurs mauvais souvenirs», souligne James Harry en référence aux écoles résidentielles où les autochtones ont subi des violences sexuelles et psychologiques jusqu’aux années 1990.

Depuis l’année 2016, un état d’urgence sanitaire est déclaré en Colombie-Britannique face à l’explosion des décès liés aux surdoses de drogues. D’après le dernier rapport des services du coroner, en 2024, 2 253 personnes sont mortes suite à la consommation de drogues non réglementées. Si cela représente une baisse de 13% par rapport à l’année dernière, ce chiffre a quintuplé en dix ans. L’ajout d’opioïdes dans les produits en est la principale cause : dans 78% des décès, le fentanyl a été détecté. À la vitesse à laquelle ces substances très addictives apparaissent sur le marché noir, les acteurs de terrain et les autorités régulatrices se livrent à une course-contre-la-montre.

Un projet de décriminalisation limité

Pour limiter l’explosion des décès, en 2023, Santé Canada a accordé à la Colombie-Britannique une exemption à la loi pour que les usagers de drogues puissent détenir moins de 2,5 grammes de substance illicite à usage personnel. Pour les soutiens du projet, cela aurait permis d’améliorer la sécurité des usagers de drogues en limitant leurs craintes d’être arrêtés.

Sur le terrain, James Harry reste sceptique. « Je ne vois le bénéfice de cette mesure que pour les dealers qui peuvent se déplacer en toute tranquillité. Eux s’en fichent du nombre de morts. Quand un de leurs clients meurt, ils passent au suivant », soupire-t-il. Un an après, les autorités font marche arrière et restreignent les lieux autorisés : cette exemption n’est plus possible dans les espaces publics.

L’accès à des produits sécuritaires en question

Une autre mesure importante avait été avancée par un comité d’examen des services du coroner de la province, en novembre 2023 : l’accès à des opioïdes sécuritaires sans ordonnance pour les personnes dépendantes. Mais celle-ci n’a jamais vu le jour suite à de vives oppositions des autorités provinciales et au regret d’ancien coroner en chef de la province, Lisa Lapointe.

De son côté, le ministère de la Santé l’assure : « Il n’existe pas de solution unique pour mettre fin à cette crise. Il faut un éventail de mesures de soutien pour que chacun puisse trouver les soins qui lui conviennent ». Pour l’heure, le ministère appuie la distribution de « trousses de naloxone », un médicament permettant d’inverser les effets d’une surdose d’opioïdes. Depuis le lancement du programme, plus de 2,65 millions de ces trousses ont été expédiées, d’après les services provinciaux.

Après la survie, la question de la santé mentale

Centres de consommation supervisés, centres de désintoxication, visites médicales… les besoins diffèrent pour chacun, mais le premier pas pour se soigner est parfois compliqué. « Un de nos jeunes membres s’est retrouvé dans la rue à 20 ans. Ça m’a pris deux ans avant qu’il ne soit prêt à prendre un café avec moi », témoigne James Harry. Parfois, il arrive à convaincre une personne d’entamer des soins et fait alors le voyage de presque 20 heures jusqu’à un centre de traitement de Prince Rupert pour l’éloigner de la ville. « Une fois que la personne nous fait confiance, elle peut se diriger vers une vie meilleure. Et cette confiance n’a pas de prix », pose le directeur de l’organisme. Sobre depuis onze ans, il sait de quoi il parle.

L’Association des juristes d’expression française de la Colombie-Britannique (AJEFCB) a célébré son 25e anniversaire, le 5 février 2025 à Vancouver, rassemblant plus de 230 personnes. Cette soirée historique a mis en lumière les avancées dans l’accès à la justice en français, tout en soulignant les défis qui persistent pour la communauté francophone de la province. L’événement a réuni les plus hautes autorités juridiques de la province et du Canada, marquant ainsi un tournant dans la reconnaissance des droits linguistiques.

Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal la Source

Le juge en chef de la Colombie-Britannique, Leonard Marchand, a profité de cette soirée du 25e anniversaire de l’AJEFCB pour prononcer sa première allocution publique en français. Il a souligné l’importance de l’accès à la justice en français, rappelant que la langue demeure l’un des principaux obstacles pour les francophones.

Le juge en chef de la Colombie-Britannique, Leonard Marchand | Photo : Courtoisie AJEFCB

« En raison de la pénurie de ressources bilingues, a -t-il souligné, un programme de formation linguistique a été mis en place, auquel participent activement juges et personnel juridique. » Le juge Marchand y participe lui-même, évoquant avec fierté ses racines françaises : l’un de ses ancêtres, Jacques, originaire de Normandie, s’est établi au Québec en 1655.

Dans un message préenregistré, le procureur général du Canada, Arif Virani, a rappelé les progrès accomplis à la suite de la réforme sur la Loi sur les langues officielles, en plus de la nouvelle disposition sur les droits linguistiques ajoutée à la Loi sur le divorce qui prévoit que les instances peuvent se dérouler en français, en anglais ou dans les deux langues. 

Une communauté francophone plurielle

La procureure générale et vice-première ministre de la Colombie-Britannique, Nikki Sharma, s’est exprimée dans les deux langues révélant qu’elle est parfois une anglophone minoritaire à la maison, son époux et ses deux enfants parlant français.

La procureure générale et vice-première ministre de la Colombie-Britannique, Nikki Sharma | Photo : Courtoisie ALEFCB

Elle a rappelé la contribution positive de la population francophone dans plusieurs secteurs, incluant l’économie, la culture, le droit et l’éducation. « Plus d’un quart des francophones de la Colombie-Britannique sont nés à l’étranger, tandis que 10 % sont natifs de la province », a précisé la procureure générale. « Cette diversité reflète l’apport des francophones venus du Canada, incluant la communauté métisse, ainsi que des pays francophones de l’Afrique et du Moyen-Orient. »

L’accès à des services adaptés

« En janvier 2024, a rappelé la procureure générale, la province a franchi une étape cruciale avec l’instauration de sa première politique linguistique francophone complète. Cette politique guide désormais les ministères dans l’amélioration des services en français à travers la province. La collaboration étroite avec l’équipe des affaires francophones assure la traduction continue du contenu existant et l’adaptation aux nouvelles priorités. »

« Des avancées concrètes ont été réalisées », a-t-elle soutenu. « Le service des poursuites de la Colombie-Britannique compte maintenant une équipe grandissante de procureurs et de personnel de soutien bilingues. » Elle a ajouté que « le nombre de procès en français a considérablement augmenté, passant d’environ un par mois à une centaine de dossiers actifs. » De fait, les contraventions contestées peuvent maintenant être traitées en français, une avancée importante pour les droits des francophones.

Le système judiciaire canadien : un modèle d’excellence

L’invité d’honneur à cette soirée, le juge en chef de la Cour suprême du Canada, Richard Wagner, a mis en perspective les particularités du système judiciaire canadien : « Ce qui fait la différence au Canada, c’est non seulement le bilinguisme et le bi-juridisme, mais c’est aussi l’indépendance judiciaire. Ce n’est pas pour les juges, mais c’est pour les citoyens. » Il a souligné que le Canada, bien que n’étant pas une superpuissance militaire ou économique, excelle en matière de règles de droit.

De g. à d. : Le juge Patrice Abrioux, de la Cour d’appel de la Colombie-Britannique (C.B.) et le juge en chef Richard Wagner, de la Cour suprême du Canada. | Crédit Photo. Marc Béliveau

Lors d’une causerie animée par le juge Patrice Abrioux de la Cour d’appel de la Colombie-Britannique, il a été question d’enjeux d’actualité, notamment la politisation du système juridique dans certains pays voisins. (où certains juges sont désignés dans les médias par leur affiliation politique).

Selon le juge en chef Richard Wagner, « l’indépendance judiciaire canadienne se distingue notamment par son processus de nomination des juges. Contrairement à certains pays voisins, a-t-il ajouté, où le processus est ouvertement politisé, le Canada dispose d’un système de comités indépendants, composés de citoyens et de juristes, qui examinent les candidatures judiciaires. Cette approche garantit la transparence et renforce la confiance du public dans les institutions judiciaires. »

Pour célébrer cette année son 150e anniversaire, la Cour suprême du Canada a annoncé des initiatives de rapprochement avec la population. Une première visite a eu lieu à Victoria et d’autres sont prévues à Moncton, Thunder Bay, Yellowknife et Sherbrooke. Le juge en chef Richard Wagner affirme que « ces rencontres visent non seulement à informer le public sur le fonctionnement de la Cour, mais aussi à mieux comprendre les réalités locales. »

Mentions honorables pour la défense des droits

Trois lauréats ont été honorés pour leur dévouement à la cause des droits juridiques des francophones.

De gauche à droite : L’honorable Richard Wagner, juge en chef de la Cour suprême du Canada; Sandra Mandanici, présidente de l’AJEFCB; Jean-Benoît Deschamps, procureur administratif de la Couronne (C.-B.); Marie-Nicole Dubois, présidente de la FFCB; et Marc Power, avocat de Juristes Power. | Crédit : Courtoisie FFCB

À l’issue de cette soirée, la présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, Marie-Nicole Dubois, affirme « sentir un signe d’ouverture des anglophones face à la francophonie canadienne. »  

Plusieurs participants se souviendront des derniers propos du juge Richard Wagner, affirmant être « très impressionné par le courage et les efforts au quotidien qui sont faits par les juristes d’expression française et les citoyens de Colombie-Britannique. Ce sera toujours un combat. Je crois que les francophones de la Colombie-Britannique donnent l’exemple à beaucoup d’autres régions au Canada pour protéger leur langue et leur culture française ».

Le gouvernement de la Colombie-Britannique indique que 14 % de ses terres sont protégées. Si certains scientifiques estiment que 30 % sont nécessaires pour la durabilité, la plupart affirment que 50 % sont indispensables pour garantir une planète habitable. | Crédit : TJ Watt, Creative Commons

La protection et la restauration des forêts de la Colombie-Britannique, notamment des forêts pluviales tempérées côtières et intérieures d’importance mondiale, sont considérées par les scientifiques comme essentielles pour atteindre l’objectif de 30 % de protection des terres d’ici 2030.

Marie-Paule Berthiaume – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

La biologiste professionnelle agréée, Amber Peters, indique que « les experts de l’industrie admettent avoir scié la branche sur laquelle nous sommes assis. Le Global Wood Summit, tenu en octobre 2024 à Vancouver, a d’ailleurs abordé la question de la « réduction de la fibre », en référence à la diminution de la ressource. »

Amber Peters entreprendra une tournée en Colombie-Britannique en février 2025 avec le nouveau film de la Valhalla Wilderness Society, SAFE HAVEN: The Rainbow-Jordan Wilderness, dans l’espoir de reproduire l’impact de conservation occasionné par le documentaire Primeval: Enter the Incomappleux. | Crédit : Tévan Wilson

Parler tout en coupant

Amber Peters remet en question les discours gouvernementaux remplis de bonnes intentions et confirme que la plupart des recommandations passées en matière de protection des forêts anciennes, souvent reprises d’un rapport à l’autre, n’ont pas été appliquées. Selon elle, des décennies d’ingérence, de coupes à blanc et de protections insuffisantes ont rendu les écosystèmes de la province vulnérables aux incendies de forêt, aux inondations, aux sécheresses et au déclin de la biodiversité.

« Il reste moins de 1 % des forêts anciennes à grands arbres, les plus productives et riches dans la province, comme l’indique le rapport 2020 BC’s Old Growth: A Last Stand for Biodiversity. Ces forêts fournissent de l’eau douce, stabilisent le sol et agissent en tant que banques de carbone vitales à l’échelle mondiale. Elles stabilisent le climat, mais en réduisant leur capacité, elles contribuent désormais au changement climatique en brûlant », explique-t-elle.

Lors d’une conférence au Capitol Theatre de Nelson le 27 janvier 2025, la responsable du Mother Tree Project, Suzanne Simard, a déclaré que la forêt pluviale intérieure de la province a presque la même capacité de stockage de carbone que la forêt pluviale côtière, qui rivalise avec celle de l’Amazonie. | Crédit : Jdoswim, Creative Commons

Forêt pluviale tempérée intérieure

Malgré ce constat, Amber Peters reste optimiste grâce aux efforts de conservation, comme la proposition de la Valhalla Wilderness Society pour trois nouveaux parcs dans la zone humide Interior Wetbelt, en réponse aux recommandations du rapport de 2010 intitulé « Conservation of Ecological Integrity in B.C. Parks and protected Areas » mené par le bureau du vérificateur général de la C.-B.

« Nous avons la possibilité de préserver la biodiversité, de soutenir les espèces en péril et de protéger les écosystèmes vitaux pour les générations futures. Mais pour y parvenir, il faut sensibiliser les décideurs et renforcer le soutien offert aux initiatives de conservation », déclare Amber Peters.

Le dernier Bastion (Last Stand Kootenay)

La fondatrice d’Elemental Journeys et guide de plein air, Andrea Fox, a planté des arbres pendant plusieurs années. « En juin 2021, lors du dôme de chaleur qui a frappé l’Ouest canadien, je voyais les arbres mourir à mesure que je les plantais. Pour échapper aux feux de forêt cet été-là, je me suis rendue sur l’île de Vancouver, le seul endroit dans la province sans fumée. Par hasard, j’ai rejoint le mouvement activiste Last Stand à Fairy Creek, puis, par la suite, Last Stand West Kootenay. »

Andrea Fox a reçu le prix Suzy Hamilton Legacy en 2024 pour son engagement exemplaire en faveur des forêts anciennes, de la biodiversité et des initiatives entreprises avec Last Stand West Kootenay.

Andrea Fox partage son parcours empreint de dévouement, jalonné de victoires et de revers dans la lutte pour protéger les forêts anciennes. 

Malgré ses efforts de négociations avec l’industrie forestière et les dérogations obtenues, elle reste aujourd’hui « accablée » par la destruction progressive des arbres et forêts qu’elle s’efforce de préserver.

« C’est en grande partie dû à l’incapacité du gouvernement à appliquer intégralement les recommandations d’experts, comme celles que l’on retrouve dans le rapport Old Growth Strategic Review (OGSR), publié en septembre 2020 », explique Andrea Fox.

Selon le ministère de la Forêt de la C.-B., la province « continue de progresser dans la conservation des arbres les plus anciens et les plus rares, tout en favorisant une sylviculture durable qui génère davantage d’emplois locaux pour chaque arbre récolté. »

En réponse à l’une des recommandations de l’étude OGSR, le ministère affirme avoir mis en place des moratoires volontaires sur l’exploitation forestière respectées par les titulaires de permis forestiers de la région de Kootenay-Boundary. « Ces moratoires sur la récolte des forêts anciennes resteront en vigueur jusqu’à ce que la province, les Premières Nations et l’industrie puissent élaborer une approche durable et à long terme pour la gestion de ces forêts dans la région de Kootenay-Boundary », précise le ministère de la Forêt.

Une carte confidentielle divulguée en 2024 aux médias révèle que le gouvernement a déplacé plus de la moitié des moratoires établis vers des zones de moindre valeur, rendant ainsi les forêts anciennes exploitables.

La Saint-Valentin, qui trouve ses origines dans des rituels anciens liés à la fertilité, a évolué au fil des siècles pour devenir une célébration commerciale de l’amour. Aujourd’hui, dans le contexte du mouvement MeToo, cette fête offre une occasion de redéfinir l’amour, en mettant l’accent sur le consentement et le respect mutuel.

Paul T Tshilolo
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

En Colombie-Britannique, des initiatives telles que le programme Jeunes Leaders des Relations Saines (JLRS) et des ressources comme le Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter jouent un rôle essentiel pour sensibiliser les jeunes et la communauté à l’importance de bâtir des relations équilibrées, saines et respectueuses.

Saint-Valentin, MeToo et l’évolution des dynamiques relationnelles

À l’origine, la Saint-Valentin n’avait rien de romantique. Inspirée des Lupercales, une fête romaine dédiée à la purification et à la fertilité, elle consistait en des rites où les jeunes femmes étaient frappées, dans l’espoir d’accroître leur fertilité. Un autre aspect des origines de cette fête est lié à la légende de saint Valentin, un prêtre chrétien du IIIe siècle, qui fut exécuté pour avoir célébré des mariages secrets entre jeunes couples. Ce n’est qu’au XIXe siècle, aux États-Unis, que la Saint-Valentin a pris sa forme commerciale avec l’échange de cartes et de cadeaux, devenant une occasion de célébrer l’amour sous une forme consumériste.

Jeunes Leaders des Relations Saines de Réseau-Femmes C.-B. | Crédit : Marie-Rose Monabek

Le mouvement MeToo, né il y a quelques années pour dénoncer le harcèlement sexuel et les violences sexuelles, a changé la manière de voir et de comprendre les relations interpersonnelles. En dénonçant des histoires de violences sexistes et sexuelles, MeToo a permis de rappeler l’importance du consentement dans toutes les interactions humaines, et plus particulièrement dans les relations amoureuses. Ce mouvement a ouvert la voie à une prise de conscience collective sur les abus de pouvoir et la normalisation des comportements toxiques dans les relations. « Les messages de sensibilisation, comme ceux du mouvement MeToo, encouragent les femmes : même si elles sont épanouies dans leur relation amoureuse, elles ont le droit de dire non lorsque le comportement en face devient inapproprié. On ne leur dit pas d’éviter les relations, mais plutôt de choisir celles qui leur conviennent et de refuser celles qui ne les respectent pas », souligne Hilla Kerner, porte-parole du Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter, un centre d’aide aux victimes de viol au Canada.

Le programme Jeunes Leaders des Relations Saines (JLRS) : Une initiative visant à promouvoir des relations saines.

Dans le cadre de cette réévaluation des normes amoureuses, des initiatives éducatives jouent un rôle crucial. Mis en place en Colombie-Britannique, le programme Jeunes Leaders des Relations Saines (JLRS) est un excellent exemple de ce que la société peut faire pour favoriser des relations respectueuses dès le plus jeune âge. Conçu par et pour les jeunes, ce programme œuvre pour l’épanouissement personnel et collectif en inculquant des valeurs fondamentales telles que l’empathie, le respect, la communication non violente et la prévention de la violence.

Blanche Monabeka, chargée de projet de JLRS, souligne l’impact de ces initiatives : « Nous avons offert plus de 300 ateliers l’année dernière, atteignant ainsi des milliers de jeunes dans toute la province. Chaque atelier est une occasion d’éduquer sur l’importance de relations équilibrées et respectueuses, de prévenir la violence et de renforcer le bien-être affectif des jeunes. »

En offrant ces ateliers interactifs aux jeunes, du primaire au secondaire, le programme permet de sensibiliser les élèves aux différentes facettes des relations saines. Des thèmes essentiels sont abordés, tels que l’estime de soi, la communication respectueuse, la résolution des conflits, ainsi que la diversité et l’inclusion. Ce programme permet de bâtir une nouvelle génération capable de remettre en question les dynamiques de pouvoir et de violence qui peuvent exister dans une relation.

« Plus on peut sensibiliser les jeunes dès un jeune âge, meilleur sera le futur de l’équité », conclut Blanche Monabeka.

Des statistiques qui témoignent de l’urgence d’agir

Selon Statistique Canada (2021), 19 % des victimes de violence ont signalé les faits à la police, 45 % des victimes d’agression par un ex-conjoint ont subi des violences après la séparation, et 66 % des homicides de femmes et de filles liés au genre ont été commis par un partenaire intime.

Ces statistiques montrent la nécessité d’une sensibilisation continue, non seulement pour prévenir la violence, mais aussi pour éduquer les jeunes générations à des relations plus égalitaires.

Des ressources accessibles pour éduquer et soutenir

Pour soutenir cette éducation, plusieurs ressources sont disponibles pour les jeunes, les parents et les éducateurs en Colombie-Britannique. Des sites comme Loveisrespect.org et SALAL offrent des guides pour aider à repérer les signes d’une relation malsaine et prodiguer des conseils sur la manière de réagir.

Le Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter, quant à lui, œuvre sans relâche depuis 1973 pour soutenir les femmes victimes de violences sexuelles et conjugales. Leur engagement va au-delà de l’aide immédiate, en organisant des événements d’éducation publique gratuits et en militant pour des réformes législatives en faveur de l’égalité des femmes. Ils accompagnent aussi les femmes et les jeunes filles dans le processus de sortie de la prostitution, en leur offrant un soutien téléphonique, un hébergement temporaire et un accompagnement auprès des autorités. Leur mission est d’abolir la prostitution en tant que forme d’exploitation sexuelle et de violence envers les femmes.

Hilla Kerner, porte-parole du Vancouver Rape Relief, rappelle l’importance de l’autonomie des femmes dans leurs relations amoureuses. « Il est vital de comprendre que, même pendant la Saint-Valentin, les femmes ne sont pas obligées d’être dans une relation. Si elles sont en couple, cela doit être une relation dans laquelle elles se sentent en sécurité et respectées. »

Elle rappelle également trois messages essentiels : d’abord, la possession et la jalousie ne sont pas des signes d’amour, une relation saine doit reposer sur la confiance et le respect mutuel. Ensuite, les femmes ont le droit de choisir leurs relations sans se sentir contraintes par des pressions sociales ou culturelles. Enfin, elles doivent savoir qu’elles peuvent demander de l’aide à tout moment. Si une femme se sent maltraitée, en danger ou non respectée, elle a la possibilité de contacter le refuge, disponible 24 h sur 24.

Elle conclut avec un message fort : « Il existe une forte pression culturelle pour être en couple. Mais il y a plusieurs manières de célébrer l’amour : avec ses amis, sa famille, et surtout avec soi-même. »

Fondée en 2001 à Vancouver, la communauté des Daughters of the Church (Les filles de l’Église) est composée de femmes laïques catholiques qui, chacune à leur manière, ont choisi de consacrer leur vie à Dieu tout en restant insérées dans la société. Sous la direction de l’archidiocèse de Vancouver, elles incarnent une vocation singulière, celle d’être des « levains cachés », offrant une présence spirituelle discrète mais influente dans divers milieux sociaux et culturels.

Paul T Tshilolo – IJL – Réseau. Presse – Journal La Source

Patricia Ballard, modératrice de la communauté, explique que leur charisme repose sur l’amour de Dieu et du prochain, vécu avec pureté et dévouement. « Nous sommes appelées à témoigner de la présence du Christ dans les épreuves de la vie quotidienne et à aller là où le clergé ne peut pas toujours se rendre », déclare-t-elle. Cette flexibilité permet aux Daughters of the Church de s’adresser à une grande diversité de personnes et de besoins.

Une vocation unique et adaptée au monde moderne

Leur communauté accueille des femmes âgées de 30 ans et plus, issues de plusieurs cultures, qui souhaitent consacrer leur vie à Dieu sans rejoindre une congrégation religieuse. Elles vivent dans leurs propres foyers tout en respectant une « règle de vie » personnelle qui structure leur engagement spirituel et social.

Une action sociale diversifiée

Chaque membre choisit un « travail apostolique », une mission qui répond aux besoins de la société et de l’Église. Ces missions sont variées : soins aux malades et aux personnes âgées, soutien aux marginalisés, enseignement de la théologie, évangélisation par l’art sacral, et bien d’autres. Mary Waung, trésorière de la communauté depuis 15 ans, avance : « Mon charisme personnel est la reconnaissance. Je m’efforce de servir les jeunes et les personnes âgées en m’appuyant sur les enseignements de la foi ».

Mme Waung a organisé des événements communautaires majeurs, comme des dîners d’appréciation pour les religieuses ou des retraites spirituelles, tout en aidant des personnes vulnérables à trouver un logement ou à régulariser leur statut migratoire, des initiatives démontrant l’influence concrète des Daughters of the Church sur leur communauté locale.

Une vie de prière et de service

L’engagement des membres est équilibré par une vie spirituelle rigoureuse. Elles participent à la messe quotidienne, récitent la liturgie des heures, et consacrent du temps à l’adoration eucharistique. Pour Marna Omichinski, une autre membre active, ces pratiques offrent une structure essentielle : « Nos réunions mensuelles, le chapelet hebdomadaire et les discussions autour de livres spirituels m’aident à rester centrée sur la volonté de Dieu dans toutes mes actions. »

En complément de leur mission spirituelle, les Daughters of the Church s’illustrent par leur engagement dans le tissage des liens sociaux. Patricia Ballard souligne que la pluralité de leurs origines reflète bien le caractère cosmopolite de Vancouver et permet de tisser des liens avec diverses communautés. Leur collaboration avec des groupes religieux tels que les monastères carmélites ou le Conseil des femmes catholiques montre leur volonté de bâtir des ponts entre différentes vocations au sein de l’Église.

Ces femmes jouent aussi un rôle essentiel dans l’éducation religieuse et l’accompagnement spirituel. Que ce soit par le biais de l’enseignement catéchétique, du soutien aux nouveaux arrivants ou de la présence aux côtés des malades, leur présence contribue à transformer des vies.

Collaborations avec d’autres congrégations et communautés religieuses

Les Daughters of the Church entretiennent des relations étroites avec d’autres congrégations religieuses et groupes de foiL’une de leurs alliances les plus remarquables se fait avec les monastères carmélites. Les Daughters of the Church tirent une grande inspiration de la spiritualité carmélitaine, notamment de l’importance accordée à la prière contemplative et à la méditation. Patricia Ballard explique : « Les carmélites nous rappellent que la prière est le fondement de toute action apostolique. Leur exemple nourrit notre vocation et nous pousse à approfondir notre lien avec Dieu. ».

 En outre, elles collaborent régulièrement avec le Conseil des femmes catholiques, un groupe dynamique qui partage leur vision de service communautaire. Ensemble, elles organisent des retraites spirituelles, des événements caritatifs, et des campagnes de sensibilisation sur des questions sociales telles que la pauvreté ou l’isolement des personnes âgées.

Cette volonté de bâtir des ponts s’étend également à d’autres vocations et groupes interconfessionnels. Les Daughters of the Church participent à des dialogues œcuméniques et travaillent aux côtés de groupes protestants et orthodoxes pour promouvoir des initiatives communes, telles que le soutien aux réfugiés ou l’organisation de repas communautaires.

Patricia Ballard dans son studio à Port Moody, juste après avoir terminé l’icône/la peinture de « Le Couronnement de la Vierge » (désormais située dans la chapelle du Centre Pastoral Jean-Paul II, à Vancouver). | Crédit: Daughters of the Church

Retraite communautaire des Daughters of the Church, Cathédrale du Saint-Rosaire avec le directeur spirituel, le Père Pablo Santa Maria. Dernière rangée : Sr. Carmen Herrera (assoc. Filles de l’Église), Regina Mattusch, Jenny Lee, Marna Omichinski, Heather Thompson. Rangée du milieu : Père Pablo Santa Maria, Barbara Van Heiningen. Première rangée : Juvy Bonifacio, Fe Copeland, Patricia Ballard, Anita Moralda, Rose Fortaleza, Mary Souter, Mary Waung, Josie Castillo. | Crédit: Daughters of the Church

En ce début d’année 2025, Pascale Marsan-Johnson a officiellement pris les rênes du Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique. Première directrice à être native de la province, elle incarne le modèle du mandat de l’organisme qui veut engager la jeunesse dans la communauté francophone.

Suzanne Leenhardt – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Pour Pascale Marsan-Johnson, l’année 2025 démarre en fanfare. Bien qu’elle ait pris ses nouvelles fonctions par intérim en septembre dernier, la jeune femme vient officiellement d’être nommée directrice générale du Conseil jeunesse francophone de Colombie-Britannique (CJFCB). Après six années en poste dans l’organisme comme chargée de projet, puis gestionnaire des programmes éducatifs, elle succède à Sophie Audet. De manière réglementaire, le conseil d’administration a ouvert les candidatures, procédé aux entrevues avant de choisir et nommer la nouvelle directrice générale. 

La nouvelle directrice a grandi à Vancouver et a fait sa scolarité à l’école secondaire francophone Jules Verne. « J’ai baigné dans un milieu francophone. Je participais déjà en tant que bénévole aux activités du Conseil mais je n’avais pas vraiment songé à rejoindre l’équipe. Quand je suis entrée à l’université, je voulais retrouver cet environnement »raconte la jeune directrice. Sa première mission de salariée à temps partiel était d’appuyer l’organisation des Jeux francophones à Comox, sur l’île de Vancouver, en 2019.

Pur produit du Conseil jeunesse francophone, son arrivée à la tête de l’organisme ne surprend pas les acteurs et les partenaires. Rémi Marien, ancien directeur du conseil entre 2010 et 2020, avait embauché la jeune femme qui avait 18 ans à l’époque et voit dans sa nomination un « très grand accomplissement » ainsi que la « réussite de la communauté francophone ». «Je me rappelle sa participation à une simulation des Nations-Unies et la place qu’elle prenait vis à vis de ses pairs m’avait marquée. On l’a beaucoup incité à postuler à un poste qu’on ouvrait et la suite a démontré qu’on a eu raison », se rappelle fièrement l’ancien directeur, aujourd’hui directeur adjoint des opérations du Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) de l’université Simon Fraser. 

Faire communauté après le diplôme

Le BAFF en est conscient : le principal défi pour la communauté francophone est de réussir à faire vivre la communauté après le diplôme des jeunes adultes. Car ceux souhaitant poursuivre leurs études en français en milieu minoritaire se heurtent à des difficultés déjà évoquées par La Source (https://thelasource.com/fr/2024/05/26/etudier-en-francais-en-colombie-britannique-reste-un-defi-pour-les-eleves-au-post-secondaire/). « Il y a pas mal d’amis de ma cohorte qui sont partis à Ottawa ou Montréal pour étudier mais certains d’entre eux sont restés et sont très engagés au Conseil, souligne Pascale Marsan-Johnson. D’autres nous aident ponctuellement, comme un photographe avec qui on travaille souvent ». 

L’une des missions que se donne le CJFCB est bien de porter la voix de la jeunesse mais au-delà, l’objectif est de les intéresser à ce qu’ils prennent la relève, comme le revendique leur slogan « par et pour les jeunes ». Par le conseil d’administration ou des comités de travail. Les membres du conseil d’administration, élus pour deux ans, sont formés à représenter l’organisme lors de rencontres institutionnelles ou politiques. En 2024, le conseil était présent à 15 représentations provinciales et nationales d’après le dernier rapport annuel de la structure. Et 50% des salariés sont d’anciens membres du CJFCB. 

Maintenir la dynamique

Au cours de l’année, le conseil jeunesse organise une cinquantaine d’événements pour rassembler des jeunes entre 14 et 25 ans, originaires de toute la province. Si bien que pas moins de 1 847 jeunes ont participé en 2024 et que le principal défi aujourd’hui est de pouvoir répondre à cette demande. D’après les chiffres du dernier rapport annuel, le budget a doublé en dix ans, il est passé d’environ 500 000 $ à plus d’un million de dollars. 

Cette dynamique intervient après des années plus précaires où le CJFCB a dû faire face à des dettes et une mise sous tutelle pour redressement financier. Rémi Marien se souvient de cette époque où il était alors aux manettes. « Il y a eu un effort collectif pour mettre en place des outils de pilotage. Il y a eu beaucoup de professionnalisme avec des planifications stratégiques et opérationnelles. Sophie Audet a fait un travail remarquable », appuie-t-il.

« Elle a stabilisé beaucoup d’ententes avec des partenaires », plussoie Pascale Marsan-Johnson. À peine en poste, la nouvelle directrice le sait : il va falloir pérenniser cette situation. Elle planche déjà sur le nouveau plan stratégique de 2025 à 2028 : élargissement de l’équipe, nouveaux publics cibles, renforcement des rôles clés seront de potentiels sujets présentés au vote des membres lors de l’assemblée générale, en juin prochain.

Pascale Marsan-Johnson a officiellement pris ses fonctions de directrice générale du Conseil Jeunesse Francophone en ce mois de janvier 2025. | Crédits : Conseil Jeunesse Francophone de Colombie-Britannique

Face aux aberrations de l’actualité, deux réactions possibles : vous pouvez en rire ou vous pouvez en pleurer. Autant l’admettre : je n’aime pas pleurer. Cela m’évite une consommation excessive de mouchoirs jetables en papier, un gaspillage absolument inutile, un affront épouvantable à la cause environnementale. La planète un jour me remerciera de ce geste purement altruiste. De tous ces continuels égarements dont nous sommes les victimes au quotidien, j’ai choisi de rire ou de sourire, car je me donne le droit de m’amuser de tout ou de presque tout.

L’humour, la dérision, la satire, l’ironie, la parodie, la moquerie, même le sarcasme sont des armes mises à notre disposition pour nous aider à lutter contre le désespoir, la rage ou la colère. Pourquoi s’en priver ?

Quel horrible spectacle cet ensemble d’égarements auquel nous sommes chaque jour confrontés. Quel triste concert qui nous est donné, non par l’orchestre symphonique de Tataouine-les-bains, mais par tous ces gredins responsables d’un nombre soutenu de fausses notes. Les exemples de ces incartades ne manquent pas. Je n’en citerai que quelques-unes.

Qu’avez-vous pensé du salut peu salutaire d’Elon Musk au cours d’un rassemblement républicain lors de la journée d’investiture du 47e président des États-Unis responsable de la dérive collective ? Geste maladroit ou innocent ? Faux pas ? Doit-on lui accorder le bénéfice du doute ? Personnellement, en voyant cela j’étais en fureur (et non en Führer). Je me suis calmé par la suite. Il devrait savoir, malgré son penchant en faveur des causes fascistes, qu’il ne faut pas élever le bras droit tendu plus haut que l’épaule face à une foule hystérique.

Danielle Smith, la première ministre albertaine et le premier ministre Justin Trudeau. | Photo par Alberta Newsroom, Flickr

Permettez-moi cette petite parenthèse (Depuis longtemps je me pose cette question idiote mais qui demeure toujours sans réponse : est-ce que les gauchers étaient obligés de lever la main droite pour saluer le Führer ou avaient-ils le droit d’utiliser la main gauche pour ne pas être contrariés ?), fin de la parenthèse.

Au fond, pour tout vous dire, malgré ses milliards de dollars, Elon me fait pitié. À le voir trépigner et s’emballer sur scène comme il a tendance à le faire je me dis que ce déplaisant personnage a sérieusement besoin d’aide. Voulant venir à son secours, bien qu’athée et parfois agnostique quand je ne suis pas trop désespéré, n’ayant d’autres recours, j’en suis réduit à cette ultime supplique m’adressant au ciel : « Père pardonnez-le car il ne sait pas ce qu’il fait ». Enfin, Elon, un conseil : si tu tiens à ton salut, tire ta révérence. Cela te créera moins d’ennuis.

Autre bavure à signaler. Face à la nouvelle administration américaine, le Canada ne sait plus sur quel pied danser. Si toutefois nous devons danser, évitons à tout prix de nous tirer dans les pattes et de nous marcher sur les pieds. Ce que Madame Danielle Smith, la première ministre albertaine, semble ne pas avoir compris. Les mots unité, solidarité ne font pas partie de son vocabulaire. À la limite je peux la comprendre. Elle tient aux intérêts de sa province et veut les protéger, pensant qu’elle est en mesure, elle seule, avec son charme que je ne lui connais pas, de séduire le locataire de la Maison Blanche au son d’un accordéon mal accordé. La première ministre albertaine préfère le tango Trumpeur et s’interdit ainsi de valser avec ses partenaires canadiens. Cela relève d’un égocentrisme mal placé qui va nous obliger à réfléchir sur l’avenir de la confédération. À moins de voir Madame Smith reprendre ses esprits, l’Alberta deviendra sous peu le 51e état américain. Ainsi si le golfe du Mexique est devenu aux yeux de l’administration Trump le golfe de l’Amérique, l’Alberta pourrait changer de nom aussi. Pourquoi pas l’appeler « K-nada » m’a suggéré un ami mexicain ?

Revenons à Trump. Impossible de l’ignorer, celui-là. Il touche à tout. L’expulsion devient son mot d’ordre. Un de ses premiers décrets présidentiels : l’expulsion systématique d’étrangers criminels, sans statut légal, vers leur pays d’origine. Puis, la cerise sur le gâteau ou, plutôt, le marteau sur l’enclume, il suggère, comme si de rien n’était, d’expulser de leur propre terre les Palestiniens de Gaza pour les envoyer en Égypte et en Jordanie. Se foutre du monde de la sorte est impensable et carrément outrageux. Puisque c’est de cela dont il s’agit, pourquoi ne pas l’envoyer, lui le protagoniste des expulsions, en Alaska où les ours polaires le voyant arriver s’exclameront à l’unisson « phoque, phoque, phoque » histoire d’avertir les mammifères marins de la région de la présence d’un individu peu recommandable.

Malheureusement ce n’est pas tout. L’horloge de l’apocalypse a progressé d’une seconde. Il ne nous reste que 89 secondes avant la fin du monde. Nous n’avons jamais été aussi proches de l’arrivée d’un cataclysme planétaire. À en rire ou à en pleurer ? Ne serait-il pas temps de remettre les pendules à l’heure ?