Nichée sur les rives pittoresque de Neroutsos Inlet, au nord de l’île de Vancouver, la petite communauté de Port Alice réinvente son avenir. Cette municipalité d’environ 800 âmes, qui tire son nom de l’épouse du propriétaire de la première usine de pâte à papier établie en 1916, connaît une transformation positive depuis la fermeture définitive de cette usine en 2019. Et si les activités séismiques de la région inquiètent, les résidents de Port Alice s’y sont adaptés.
Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Contrairement aux attentes, le village affiche une croissance démographique encourageante. Les données de Statistique Canada révèlent une augmentation de 11 % de sa population entre 2016 et 2021, passant de 664 à 739 résidants. Cette tendance à la hausse se maintient, avec une estimation actuelle d’environ 800 habitants.
« Depuis la fermeture de l’usine de pâte à papier, qui a été notre principal employeur pendant plus d’un siècle, le village se réinvente en tant que destination touristique et havre pour les nomades numériques », explique Bonnie Danyk, trésorière du village. Cette reconversion s’accompagne de l’émergence de nouvelles entreprises, dont une pharmacie récemment inaugurée.
« L’économie locale se diversifie progressivement », poursuit-elle. Si la foresterie et l’aquaculture demeurent les piliers économiques traditionnels du nord de l’île de Vancouver, le tourisme gagne en importance. La communauté compte aujourd’hui une cinquantaine d’entreprises variées, allant du commerce en matériaux de construction aux services professionnels, en passant par le développement touristique et la restauration.
Pour Bonnie Danyk : « L’attrait de Port Alice repose en grande partie sur son accessibilité financière, particulièrement en matière de logement, dans un contexte où les prix immobiliers en Colombie-Britannique atteignent des sommets. La beauté naturelle environnante et le potentiel pour les activités de plein air constituent également des attraits majeurs. »
Un territoire séismique sous surveillance
« L’année 2024 a été relativement active sur le plan séismique en Colombie-Britannique », déclare Brindley Smith, sismologue à Ressources naturelles Canada. « Nous avons enregistré entre 60 et 70 secousses séismiques d’une certaine magnitude dans un rayon de 200 kilomètres au large des côtes. Ces chiffres ne sont pas exceptionnels pour une zone tectoniquement active. L’intensité reste relativement modérée comparée à celle des zones tectoniques majeures, comme celles du Japon ou la faille de San Andreas en Californie. »
« Concernant le nord de l’île de Vancouver », poursuit-il, « cette région figure toujours sur la carte nationale des risques majeurs, sans toutefois présenter un risque plus élevé que le reste de l’île ou la région de Vancouver. Si nous mentionnons régulièrement sur notre site web qu’un séisme important s’est produit à proximité de Port Hardy ou Port Alice, c’est simplement parce que ces villes sont les plus proches de l’épicentre, généralement situé à 100 -150 kilomètres. »
Quelles sont les prévisions pour 2025? « Nous rappelons constamment qu’il est impossible de prédire les séismes comme on prédit la météo. Cela dit, ajoute Brindley Smith, nous essayons de rassurer les gens car souvent, même pour moi, avant de commencer mes études, ma famille était inquiète. C’est juste une idée infondée. Il nous faut toujours être conscient des séismes et s’y préparer ».
À Port Alice, la communauté prend les précautions nécessaires. Un plan d’urgence est en place, et des campagnes de sensibilisation sont régulièrement menées sur les réseaux sociaux. L’école locale, qui accueille les élèves de la maternelle à la 7e année, participe au « Grand Exercice de Secousse » à chaque mois d’octobre.
Services et infrastructures
Sur le plan médical, Port Alice dispose d’une clinique, mais pour les soins plus spécialisés, les habitants peuvent se rendre aux hôpitaux de Port Hardy ou Port McNeill, situés à 45 minutes de route. Toutefois, il existe une pénurie de personnel médical, empêchant le maintien de services d’urgence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 dans ces établissements hospitaliers.
Le tourisme : nouvelle manne économique
La période idéale pour découvrir Port Alice s’étend de mai à octobre, la région étant marquée par d’abondantes précipitations en hiver. Bien que la ville ne dispose pas actuellement d’hôtel en activité, plusieurs options d’hébergement sont disponibles via Airbnb, ainsi qu’un parc municipal accueillant campeurs et véhicules récréatifs.
Les possibilités de développement touristique demeurent importantes, particulièrement dans le secteur du tourisme d’aventure. Plusieurs entreprises proposent déjà des excursions de pêche et d’observation des loutres de mer, un créneau au potentiel de croissance considérable.
Établie sur le territoire ancestral de la nation Nuu-chah-nulth, Port Alice témoigne de la capacité d’adaptation des petites communautés face aux défis économiques. L’expérience de ce village du nord de la province illustre comment une communauté peut se renouveler tout en préservant son caractère accueillant et sa qualité de vie, attirant ainsi de nouveaux résidents en quête d’un mode de vie plus paisible au cœur d’une nature préservée.