À la veille des élections fédérales du 28 avril, Marie-Nicole Dubois, présidente de la Fédération des francophones de la Colombie‑Britannique, a accordé un entretien au journal La Source pour discuter d’enjeux majeurs pour la francophonie en Colombie-Britannique : immigration, services et enseignement postsecondaire en français.
Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Note : Les propos de la présidente de la Fédération des francophones de la Colombie‑Britannique (FFCB) ont été condensés et reformulés pour plus de clarté.
La Source : Comment se fait l’intégration des immigrants francophones dans la communauté?
Marie-Nicole Dubois : Il existe des modèles de Communautés francophones accueillantes à Prince George, à Nanaimo et à Kelowna, qui en est à ses débuts. Cette approche fonctionne bien, car au‑delà d’une institution ou d’un centre communautaire qui accueille un nouvel arrivant, c’est toute la communauté au complet qui y participe. Et cela fait vraiment une différence. De plus, ces immigrants sont reçus par quelqu’un qui peut leur présenter le b.a.‑ba pour s’installer au Canada, en plus de les aider à trouver un emploi et un logement.

(de g. à d.) Peter Julian, candidat NPD dans la circonscription de New Westminster- Burnaby-Maillard ville et Marie-Nicole Dubois, présidente de la FFCB | FFCB
LS : Les services de santé, d’emploi et d’éducation sont‑ils adéquats pour faciliter l’intégration des immigrants?
MND : Malheureusement non, autant pour les immigrants que pour les francophones qui vivent ici depuis longtemps. Un Centre de santé communautaire francophone a été ouvert en novembre dernier à Vancouver. Toutefois, on a de la difficulté à trouver du personnel en raison de la pénurie de main‑d’œuvre.
LS : Les cibles annuelles d’immigration préconisées par les partis politiques sont‑elles suffisantes pour la C.‑B.?
MND : Si je me réfère à la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), elle soutient la cible de 12 % des immigrants et immigrantes d’expression française qui s’établiraient ailleurs qu’au Québec. Cette cible devrait par la suite croître progressivement jusqu’à 20 % d’ici 2036 pour freiner et inverser le déclin de la francophonie.

(de g. à d.) Liane Roy, présidente de la FCFA, Laura Dupont, candidate du Nouveau Parti démocratique dans la circonscription Coquitlam-Port Coquitlam et Marie-Nicole Dubois, présidente de la FFCB | FFCB
LS : Le financement du gouvernement fédéral pour soutenir l’enseignement postsecondaire en français en C.-B. est‑il adéquat pour répondre aux besoins de la communauté francophone?
MND : C’est clair qu’on n’a pas le minimum acceptable. On est chanceux d’avoir l’Université Simon Fraser et ses services en français. Cette lacune est importante. Au niveau de l’immersion en français dans la province, plusieurs étudiants sont très enthousiastes de pouvoir parler le français. En revanche, il manque des occasions de poursuivre leur éducation en français, dans les secteurs de leur choix, au risque d’en perdre l’usage.

Marie-Nicole Dubois, présidente de la FFCB, lors de la Journée de la francophonie en C.-B. | Gouvernement de la C.-B.
LS : L’accès aux services publics (santé, éducation, garderies) en français en Colombie‑Britannique est-il suffisant? Quels sont les lacunes et les moyens d’y remédier?
MND : Ce n’est pas suffisant. À propos des garderies francophones au Canada, il y aurait un manque de 72 000 places. Il faut absolument investir davantage dans les garderies. On est chanceux d’avoir la Fédération des parents francophones de la C.‑B. qui travaille à mettre en place une structure. Toutefois, le montant d’argent nécessaire est insuffisant. Il faut cesser de voir cela comme une dépense, et plutôt y voir un investissement.
LS : Quelle évaluation faites‑vous de la campagne électorale actuelle en C.‑B. où les enjeux francophones ont été peu abordés?
MND : À l’origine à la FFCB, la formule des débats avait été écartée, en raison de l’excellente émission sur la francophonie, diffusée en français sur Radio-Canada et organisée en collaboration avec Réseau.Presse et Francopresse. Nous voulions plutôt une formule permettant à deux candidats par session d’exprimer leurs positions sur les enjeux francophones dans la province. Hélas, hors de notre contrôle, deux candidats se sont désistés aux derniers moments.
Par ailleurs, j’ai eu une série de rencontres avec des candidats des principaux partis politiques dans la région de Vancouver pour discuter des enjeux touchant la francophonie en C.‑B.
Pour plus d’information :
https://www.youtube.com/watch?v=5AZO6chk17A
https://monvotefrancophone.ca
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