À l’occasion de la sortie récente de As Always – traduction anglaise de l’autobiographie de la femme de lettres québécoise Madeleine Gagnon – nous nous sommes interrogés sur la littérature canadienne et ses impératifs de traduction.
Avant d’être une richesse culturelle, le bilinguisme au Canada est une difficulté à dépasser. À l’image du texte fondateur de la tour de Babel, n’est-ce pas le plus compliqué de se comprendre quand on ne parle pas la même langue d’un bout à l’autre du pays ? Comment parvenir à jongler et à garder l’équilibre entre unité culturelle et diversité ?
Transformer ces différences en atouts et ce bilinguisme en unité est le mandat du gouvernement canadien, qui alloue chaque année des fonds à la traduction du français vers l’anglais. Les maisons d‘édition sont les premières bénéficiaires de ces aides et peuvent ainsi se lancer dans des projets uniques et porteurs.
Faire avancer la recherche
Globalement, la question de la traduction du français vers l’anglais dans les maisons d’édition possède deux niveaux : les ouvrages de fiction et ceux dits de non-fiction, comme le sont par exemple les recherches universitaires.
Les prestigieuses presses de l’Université de Colombie-Britannique (connues sous UBC Press) proposent régulièrement des traductions en anglais des meilleurs ouvrages universitaires de la partie francophone du pays. Ainsi, ce n’est pas seulement le partage de la culture qui est mis en avant, mais également le partage de la connaissance et de la science.
La traduction la plus récente effectuée par UBC Press s’intitule Who is Bob_34? Les auteurs Francis Fortin et Patrice Corriveau s’intéressent à la question délicate et cruciale de la cyberpornographie infantile. Travaillant tous les deux en collaboration avec la police parallèlement à leur contribution au département de criminologie de l’Université de Montréal, les deux hommes apportent des conclusions constituant une base de données précieuse et unique dont la traduction est une réelle œuvre pour le bien commun.
Deux lectorats
cependant différents
« La tradition écrite française est très différente de celle anglaise, et nous voyons vraiment ces différences lorsque nous travaillons dans la traduction » explique
Kevin Williams, président et éditeur à Talonbooks, maison d’édition implantée à Vancouver depuis 1967.
Talonbooks œuvre depuis des décennies pour la promotion de la culture canadienne à l’échelle du pays. Ses sélections de titres comprennent entre autres des témoignages des premières nations et des traductions des meilleurs auteurs franco-canadiens.
Avant tout, selon Kevin Williams, « la littérature canadienne est riche en lecteurs français et anglais qui veulent connaître les auteurs de toutes les parties de la mosaïque culturelle canadienne. Les bons traducteurs sont nombreux aussi. Cela signifie que nous avons la possibilité d’amener les auteurs de langue française vers les lecteurs anglophones. Il y a aussi des grands dramaturges canadiens-français et nos traductions anglaises ont élargi le répertoire de pièces disponibles pour la lecture et la
scène. »
Malgré l’effort de traduction, la diversité culturelle s’observe directement dans les habitudes de consommation des lecteurs et dans le style d’écriture des auteurs, ce qui rend parfois difficile la promotion des titres traduits. « Un exemple de ces différences est la longueur des romans », annonce Kevin Williams. « Dans la tradition française, il y a une vraie place pour le roman court, de 130 à 160 pages, alors que les romans de cette brièveté ne suscitent pas autant d’intérêt en anglais et sont difficiles à vendre. »
Talonbooks tient cependant le cap et affirme appliquer les mêmes critères pour les recherches de titres en anglais et en français : « Nous recherchons de l’originalité, des travaux novateurs souvent de nature expérimentale. Nous recherchons également des styles distinctifs véhiculant une vision particulière de lieu et de temps. »
Depuis toujours : l’exemple
de Madeleine Gagnon
Madeleine Gagnon est à l’heure actuelle l’une des fières représentantes des lettres québécoises. Son immense œuvre est récompensée depuis plus de trente ans par la critique. Pourtant, Gagnon n’est que peu, ou pas, connue du côté ouest du Canada.
Talonbooks a pris les devants en publiant quatre de ses romans. Le plus récent en date, sorti en juin 2015, est son autobiographie Depuis toujours.
Cette superbe œuvre littéraire retrace à la fois la petite histoire dans la grande histoire du Canada et du Québec, nous offrant ainsi, au-delà de la beauté des mots, un témoignage historique poignant. Paul Jacques du Magazine Le Clap commente Depuis toujours en disant que « ce récit autobiographique fouillé et sensible est en même temps un document majeur sur le Québec moderne ».
Chantal Guy, critique pour La Presse, ajoute « c’est le portrait de toute une génération »
que l’on trouve dans ce récit.
La Source souhaite une longue vie à des initiatives de ce genre qui sont autant de mise en lumière de cette belle richesse culturelle canadienne !
As Always, M. Gagnon, 22,95 $, Talonbooks publishing.
Depuis toujours, M. Gagnon,
29,95 $, éditions du Boréal.
Agenda
The Fair at PNE
Jusqu’au 7 septembre
Au Pacific National Exhibition, 2901 rue Hastings Est
Entrée à 16 $.
La foire est une tradition estivale avec plus de 800 spectacles et une cinquantaine d’attractions.
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WAA World Music Showcase with Alex Cuba, Harry Manx, African Guitar Summit, Vahagni and Locarno
Mercredi 2 septembre à 19h
À l’Imperial, 319 Main Street, Vancouver
Entrée à 20 $.
Concert événement dans le cadre des Global Roots de l’Université Capilano.
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Vancouver Taiwan Festival
Du 4 au 7 septembre
À Granville Street, Vancouver
Activités gratuites et payantes sur place
Ce festival célèbre la culture taïwanaise avec de la musique, du cinéma, des démonstrations culinaires et bien d’autres.
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Vancouver Zombie Walk
Samedi 5 septembre
Départ à la Vancouver
Art Gallery
Événement gratuit
Cette marche montre à quel point les Vancouvérois aiment les zombies. Rejoignez la marche ou venez juste voir les centaines de déguisements.