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Trouver son bonheur, entre terre et cœur

Trouver son bonheur, entre terre et cœur
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Le Rapport mondial sur le bonheur 2025, dont les résultats seront dévoilés le 20 mars lors de la Journée internationale du bonheur de l’Organisation des Nations Unies, dépasse le simple classement avec ses recommandations pour favoriser le bien-être des populations.

Marie-Paule Berthiaume
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

À l’initiative du Bhoutan, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté en 2011 une résolution encourageant les gouvernements à promouvoir des politiques axées sur le bonheur. En 2012, une rencontre des Nations Unies sur la mesure du bien-être a conduit à la création du Rapport. Depuis les années 1970, ce pays d’Asie du Sud privilégie l’indice du bonheur national brut plutôt que le produit intérieur brut.

Deux Britanno-Colombiens ont contribué cette année à la rédaction de ce baromètre annuel du bien-être : l’un des rédacteurs fondateurs du rapport, John Helliwell, professeur émérite à l’Université de la Colombie-Britannique, et Lara Aknin, professeure et directrice du Helping and Happiness Lab (laboratoire de l’entraide et du bonheur) à l’Université Simon Fraser.

Même si le bonheur est difficile à définir, Lara Aknin, spécialiste en psychologie sociale, souligne qu’une définition de référence dans le domaine proposée par Ed Diener repose sur trois éléments clés : des émotions positives fréquentes, l’absence d’émotions négatives et un sentiment de satisfaction à l’égard de sa vie.

Le Rapport mondial sur le bonheur évalue le bien-être subjectif des populations dans différents pays au moyen de critères comme le revenu, le soutien social, la liberté, la générosité et la perception de la corruption.

« Ce qui suscite des émotions positives, réduit les émotions négatives et favorise la satisfaction dans la vie peut varier d’une personne à l’autre. Cependant, beaucoup de gens trouvent que le temps passé à l’extérieur, le temps passé avec leurs proches et le fait d’aider les autres peuvent être associés au bonheur », explique-t-elle.

Milieu rural

John Helliwell note que la Colombie-Britannique, tout comme le reste du Canada, a un niveau moyen de bonheur, les zones rurales étant de beaucoup plus heureuses que les grandes villes comme Vancouver. « Les gens en régions rurales ou éloignées des grandes villes tendent à être plus heureux, notamment en raison d’une relation rapprochée avec la nature et leur communauté.  »

Il cite le chapitre du Rapport 2020, How Environmental Quality Affects Our Happiness (Comment la qualité de l’environnement affecte notre bonheur), qui démontre que les activités dans des espaces verts et calmes augmentent le bien-être.

« Mais le facteur clé n’est pas seulement ce que l’on fait ou bien où l’on se trouve, mais surtout avec qui l’on partage ce moment. Le bonheur se trouve ainsi autant dans l’expérience de la nature que dans le fait de la partager avec les autres  », indique le professeur d’économie.

Québec

John Helliwell célèbre le fait que la ville de Québec soit parmi les villes les plus heureuses au classement mondial sur le bonheur, année après année.

« La province de Québec représente un exemple marquant de bonheur durable, avec une amélioration notable de la satisfaction des Québécois en moins de 30 ans, passant de la population la plus mécontente à la plus heureuse du pays », explique-t-il. « Ce phénomène, appelé la “Révolution tranquille du bonheur” et étroitement lié au slogan “Maîtres chez nous”, illustre de manière frappante l’impact positif de l’identité locale et du sentiment d’appartenance, touchant d’ailleurs aussi bien les francophones que les anglophones. »

Nelson

La Québécoise d’origine et résidente de Nelson, Andrée-Anne Cromp, incarne cette réalité. « J’ai le bonheur facile, grâce à une enfance heureuse, des liens forts et une bonne santé, mais aussi à une philosophie de vie basée sur l’acceptation de ce que je ne peux pas contrôler.  »

Après avoir passé les trente premières années de sa vie à Montréal, elle a choisi de déménager en Colombie-Britannique avec son conjoint, pour se rapprocher des montagnes et d’un mode de vie axé sur le plein air.

« On passait toutes nos fins de semaine à s’échapper de la ville pour aller faire de la randonnée ou du ski  », raconte-t-elle. « On s’est dit : pourquoi ne pas vivre directement dans notre terrain de jeu ?  »

La docteure a choisi la région des Kootenays Ouest pour se rapprocher de l’alpin, mais aussi pour pratiquer la médecine familiale en milieu rural. « J’apprécie la polyvalence et l’autonomie associée à la pratique rurale. Je me sens plus proche de mes patients et plus investie dans leurs soins. Ça ajoute un défi professionnel et un sentiment de contrôle.  »

La jeune mère s’efforce de tisser des liens solides avec les membres de sa communauté. « J’aime faire des visites spontanées avec mes enfants. Si c’est un bon moment, tant mieux, sinon, on essaie ailleurs. J’apprécie aussi mes moments de solitude, même si j’en profite souvent pour appeler mes proches au Québec  », relate-t-elle, priorisant les relations avec les gens qui partagent son mode de vie.

L’étude How Happy Are Your Neighbours ? Variation in Life Satisfaction Among 1200 Canadian Neighbourhoods and Communities sur la variation de la satisfaction de vie dans les quartiers et communautés canadiennes classe Nelson parmi les villes les plus élevées en matière de satisfaction de vie et de sentiment d’appartenance à la communauté.