Un webzine, deux langues, une même exigence

Réunir sur un seul site d’information en ligne les sujets et débats canadiens qui animent le pays de la côte Est à la côte Ouest, et ce, dans les deux langues, voilà l’ambition du nouveau média Ricochet.

C’est à la suite d’un constat résultant de leurs expériences respectives que Derrick O’Keefe et Jérémie Bédard-Wien ont émis l’idée de créer ensemble un site web d’information en anglais et en français. Impliqués lors des manifestations étudiantes québécoises de 2012, l’un comme acteur et porte-parole de groupes étudiants (Jérémie Bédard-Wien), l’autre comme témoin et journaliste (Derrick O’Keefe), les deux hommes ont alors ressenti un manque à combler dans l’univers des médias canadiens. « J’étais le rédacteur en chef de Rabble.ca, publication progressiste canadienne, en 2012, quand les grèves étudiantes ont eu lieu au Québec, » explique Derrick O’Keefe. « C’était un événement majeur que nous essayions de couvrir au mieux. Nous pensions qu’il était nécessaire qu’un média alternatif anglophone explique les événements qui se déroulaient au Québec. Il y avait peu d’échos sur ce qui se passait, alors que certains rassemblements réunissaient 200 000 personnes, voire plus, soit l’une des plus importantes manifestations jamais organisées au Canada en terme de nombre. Nous pensions donc qu’il était nécessaire de couvrir la situation, mais nous percevions aussi un préjugé négatif par rapport aux étudiants québécois de la part de nombreux médias anglophones. »

Jérémie Bédard-Wien, journaliste et co-foundateur francophone de Ricochet Media. | Photo de Jérémie Bédard-Wien

Jérémie Bédard-Wien, journaliste et co-fondateur francophone de Ricochet Media. | Photo de Jérémie Bédard-Wien

Ricochet se veut donc une alternative dans le paysage médiatique actuel du Canada. Un site internet d’information progressiste dont les racines s’ancrent dans un journalisme fondé sur le sérieux et la crédibilité. « Ricochet est d’abord une initiative indépendante », souligne Jérémie Bédard-Wien.
« Sa création vient en réponse au contexte de concentration de la presse très important au Canada et tout particulièrement au Québec, où 90% des médias sont entre les mains de quelques grands conglomérats médiatiques. Pour nous, cette indépendance permet de produire du journalisme d’enquête qui posera les questions qui doivent être posées et qui n’aura pas peur de se montrer incisif. C’est notre point focal. »

Soirée de présentation et de levée de fonds

Derrick O’Keefe, chroniqueur à  La Source  et co-foundateur anglophone de  Ricochet Media. | Photo par Ricochet Media

Derrick O’Keefe, chroniqueur à La Source et co-fondateur anglophone de Ricochet Media. | Photo par Ricochet Media

Inspiré par des exemples internationaux lancés sur le web comme Mediapart en France, De Correspondent en Hollande ou encore First Look Media aux États-Unis, Ricochet s’appuiera sur l’éventail de possibilités qu’apportent les nouvelles technologies pour proposer aux lecteurs francophones et anglophones de longs articles de fond, des analyses et chroniques, un espace blogs, mais aussi des vidéos, photos, etc. L’aspect « communauté » du web représente également un atout majeur dans l’identité de ce nouveau média. « Nous avons choisi la gratuité, mais avec un volet participatif réservé à ceux qui décideront de nous financer »,
explique Jérémie Bédard-Wien, « avec l’aide d’outils de soutien financier permanents qui suivront notre campagne de levée de fonds initiale et qui permettront de développer certains projets. Par exemple, si nous souhaitons envoyer un correspondant dans les réserves autochtones, un sujet que nous aimerions couvrir et qui est généralement éclipsé dans les grands médias, nous serons capables de demander aux gens de contribuer financièrement à ce projet spécifique pour qu’il voie le jour. Ce sera notre projet de financement à long terme, en plus, bien évidemment de contributions d’organisations et de financements publics ».

Dans un contexte de déclin de la presse papier – le quotidien québécois La Presse a récemment annoncé qu’il renonçait à son édition papier –, et même si l’essentiel des publications de Ricochet se fera en ligne, la rédaction envisage aussi à moyen terme de faire paraître une à deux éditions papier par an consacrées à des thématiques spécifiques.

Après Montréal le 21 mai, une soirée de présentation et de levée de fonds sera organisée le 30 mai à Vancouver au Commercial Street Café. Ce sera l’occasion pour le public de rencontrer la rédaction locale et de montrer son soutien financier pour ceux qui le souhaitent. L’équipe de Ricochet espère d’ailleurs, au cours du mois qui suivra, rassembler 75 000$ par le biais d’un système de financement participatif. « En attendant, nous pensons pouvoir publier deux à trois articles par semaine durant l’été, » précise Derrick O’Keefe. « Nous avons un site qui nous le permet et dont l’aspect est attrayant, mais ce ne sera pas notre produit final. » Alors
bonne route à Ricochet !

www.ricochetmedia.ca