2012: de l’huile sur le feu

L’année 2012 débute et l’ampleur du réajustement politique au Canada se clarifie.

Stephen Harper a désormais un pouvoir absolu. Pour l’instant, l’hégémonie de Harper semble inébranlable. Cette victoire de la part du Premier Ministre est le fruit d’un long combat qui marque un virage au sein même de l’establishment canadien. Plus que jamais les politiques pétrolières dominent nos politiques, internes et internationales. Harper, aidé par la base de son camp, établi en Alberta, a amassé assez d’appuis pour juger être en mesure de gouverner sans le Québec. Plusieurs observateurs se demandent déjà et à haute voix, si ce style de priorités politiques ‘Anglo-western’ provoquera une nouvelle crise d’unité dans le pays.

Les plus profondes questions quant à la souveraineté, la culture et la gouvernance ne seront pas posées tant par les Québécois que par les peuples autochtones.

La crise humanitaire à Attawapiskat plus tôt cette année, donne une idée de ce que l’avenir présage. Lorsque les conditions de vies aussi effrayantes que dangereuses dans cette communauté isolée du nord de l’Ontario ont fait les manchettes le Premier Ministre a immédiatement blâmé les victimes. La communauté a été mise sous tutelle. Harper a refusé d’écouter les membres de l’opposition.

Attawapiskat

Harper's handling of the Attawapiskat crisis in 2011 drew fire from First Nations - Photo by Paul Lantz, Flickr

Les grands enjeux pétroliers mettront Harper et les peuples autochtones en situation de conflit. Et cette situation définira peut-être cette période de l’histoire de Canada. Le projet du pipeline Enbridge Northern Gateway est le plus récent des mégas projets d’infrastructures qui conduiront les produits des sables bitumineux de l’Alberta vers, en grande majorité, les pays émergents de l’Asie.

Le trajet du pipeline d’Enbridge passe directement sur des territoires autochtones non cédés. Le 1er décembre 2011, se tenait à Vancouver, une cérémonie autochtone célébrant le premier anniversaire de la Déclaration Fraser (Fraser Declaration) un document qui, à ce jour, enregistre la signature de plus de 130 chefs autochtones qui ont tous voué de faire front commun contre le projet Enbridge et tout autre pipeline provenant des sables bitumineux en Colombie-Britannique.

Dans plusieurs entrevues, Harper a déclaré que le projet Enbridge était une priorité. Dernièrement il a même déclaré que le dossier environnemental qui inclut des audiences publiques en Colombie-Britannique et en Alberta en janvier, février et mars, risquaient d’être ‘kidnappés’ par des ‘intérêts étrangers’. Il faisait référence à des groupes environnementaux américains et à des philanthropes qui ont épaulé financièrement les projets anti-pipeline.

Les véritables intérêts étran-gers donnant souffle à l’expansion de l’extraction des sables bitumineux sont ceux de l’idéologie de Harper et de ses compères pétroliers de la droite américaine, ainsi que les énormes intérêts pétroliers de la Chine. Même la pétrolière française Total, par le biais d’une entreprise canadienne, a des parts dans Enbridge. Les besoins multinationaux de l’industrie pétrolière sont également au centre des décisions honteuses prisent par le gouvernement Harper en matière de négociations sur les changements climatiques décisions qui mettent le Canada dans l’embarras aux yeux du monde entier.

En fin de compte, Harper devrait faire attention s’il ne veut pas que les peuples autochtones du nord de la Colombie-Britannique voient Ottawa comme étant justement de ces “intérêts étrangers”, puisqu’ils sont sans traités et que le droit aux terres et à leurs titres n’a jamais été éteint.

Quant au reste des Canadiens, cette majorité d’entre nous qui votons, nous devrions écouter attentivement cet appel au secours de la part des Premières Nations au sujet d’Enbridge. S’ils peuvent stopper Harper dans le nord de la Colombie-Britannique, nous aurons encore plus de pouvoir pour le stopper une fois pour toute.

Traduction Monique Kroeger

La chronique de Serge Corbeil revient à la prochaine édition