Face aux aberrations de l’actualité, deux réactions possibles : vous pouvez en rire ou vous pouvez en pleurer. Autant l’admettre : je n’aime pas pleurer. Cela m’évite une consommation excessive de mouchoirs jetables en papier, un gaspillage absolument inutile, un affront épouvantable à la cause environnementale. La planète un jour me remerciera de ce geste purement altruiste. De tous ces continuels égarements dont nous sommes les victimes au quotidien, j’ai choisi de rire ou de sourire, car je me donne le droit de m’amuser de tout ou de presque tout.
L’humour, la dérision, la satire, l’ironie, la parodie, la moquerie, même le sarcasme sont des armes mises à notre disposition pour nous aider à lutter contre le désespoir, la rage ou la colère. Pourquoi s’en priver ?
Quel horrible spectacle cet ensemble d’égarements auquel nous sommes chaque jour confrontés. Quel triste concert qui nous est donné, non par l’orchestre symphonique de Tataouine-les-bains, mais par tous ces gredins responsables d’un nombre soutenu de fausses notes. Les exemples de ces incartades ne manquent pas. Je n’en citerai que quelques-unes.
Qu’avez-vous pensé du salut peu salutaire d’Elon Musk au cours d’un rassemblement républicain lors de la journée d’investiture du 47e président des États-Unis responsable de la dérive collective ? Geste maladroit ou innocent ? Faux pas ? Doit-on lui accorder le bénéfice du doute ? Personnellement, en voyant cela j’étais en fureur (et non en Führer). Je me suis calmé par la suite. Il devrait savoir, malgré son penchant en faveur des causes fascistes, qu’il ne faut pas élever le bras droit tendu plus haut que l’épaule face à une foule hystérique.

Danielle Smith, la première ministre albertaine et le premier ministre Justin Trudeau. | Photo par Alberta Newsroom, Flickr
Permettez-moi cette petite parenthèse (Depuis longtemps je me pose cette question idiote mais qui demeure toujours sans réponse : est-ce que les gauchers étaient obligés de lever la main droite pour saluer le Führer ou avaient-ils le droit d’utiliser la main gauche pour ne pas être contrariés ?), fin de la parenthèse.
Au fond, pour tout vous dire, malgré ses milliards de dollars, Elon me fait pitié. À le voir trépigner et s’emballer sur scène comme il a tendance à le faire je me dis que ce déplaisant personnage a sérieusement besoin d’aide. Voulant venir à son secours, bien qu’athée et parfois agnostique quand je ne suis pas trop désespéré, n’ayant d’autres recours, j’en suis réduit à cette ultime supplique m’adressant au ciel : « Père pardonnez-le car il ne sait pas ce qu’il fait ». Enfin, Elon, un conseil : si tu tiens à ton salut, tire ta révérence. Cela te créera moins d’ennuis.
Autre bavure à signaler. Face à la nouvelle administration américaine, le Canada ne sait plus sur quel pied danser. Si toutefois nous devons danser, évitons à tout prix de nous tirer dans les pattes et de nous marcher sur les pieds. Ce que Madame Danielle Smith, la première ministre albertaine, semble ne pas avoir compris. Les mots unité, solidarité ne font pas partie de son vocabulaire. À la limite je peux la comprendre. Elle tient aux intérêts de sa province et veut les protéger, pensant qu’elle est en mesure, elle seule, avec son charme que je ne lui connais pas, de séduire le locataire de la Maison Blanche au son d’un accordéon mal accordé. La première ministre albertaine préfère le tango Trumpeur et s’interdit ainsi de valser avec ses partenaires canadiens. Cela relève d’un égocentrisme mal placé qui va nous obliger à réfléchir sur l’avenir de la confédération. À moins de voir Madame Smith reprendre ses esprits, l’Alberta deviendra sous peu le 51e état américain. Ainsi si le golfe du Mexique est devenu aux yeux de l’administration Trump le golfe de l’Amérique, l’Alberta pourrait changer de nom aussi. Pourquoi pas l’appeler « K-nada » m’a suggéré un ami mexicain ?
Revenons à Trump. Impossible de l’ignorer, celui-là. Il touche à tout. L’expulsion devient son mot d’ordre. Un de ses premiers décrets présidentiels : l’expulsion systématique d’étrangers criminels, sans statut légal, vers leur pays d’origine. Puis, la cerise sur le gâteau ou, plutôt, le marteau sur l’enclume, il suggère, comme si de rien n’était, d’expulser de leur propre terre les Palestiniens de Gaza pour les envoyer en Égypte et en Jordanie. Se foutre du monde de la sorte est impensable et carrément outrageux. Puisque c’est de cela dont il s’agit, pourquoi ne pas l’envoyer, lui le protagoniste des expulsions, en Alaska où les ours polaires le voyant arriver s’exclameront à l’unisson « phoque, phoque, phoque » histoire d’avertir les mammifères marins de la région de la présence d’un individu peu recommandable.
Malheureusement ce n’est pas tout. L’horloge de l’apocalypse a progressé d’une seconde. Il ne nous reste que 89 secondes avant la fin du monde. Nous n’avons jamais été aussi proches de l’arrivée d’un cataclysme planétaire. À en rire ou à en pleurer ? Ne serait-il pas temps de remettre les pendules à l’heure ?