
Pour la série des articles sur les emplois verts, nous avons interrogé Caroline Malczuk, éducatrice en environnement et directrice générale de l’organisme EcoNova Education, qui a bien voulu nous partager sa vision du métier d’éducatrice en environnement.
L’éducation relative à l’environnement consiste à transmettre les connaissances, les compétences et les valeurs nécessaires à la préservation des conditions d’habitabilité de la planète. Caroline est journaliste de formation. Après avoir exercé ce métier pendant plusieurs années, elle a voyagé et travaillé en Nouvelle-Zélande puis au Canada. Pendant la pandémie, alors qu’elle vivait dans la vallée de l’Okanagan, elle s’est posé beaucoup de questions. Comme de nombreuses personnes, elle a songé à un changement de carrière au profit d’un métier qui « fasse sens ». Tournée vers l’avenir, engagée à faire une différence, résolue à apporter sa pierre, Caroline a choisi de se consacrer à la jeunesse en devenant éducatrice à l’environnement et au changement climatique.
Chez EcoNova, l’éducation à l’environnement est principalement proposée au sein des écoles. « Aujourd’hui, l’enjeu est double », nous dit-elle. « D’une part, il s’agit de combler les limites des programmes scolaires qui ne traitent malheureusement pas suffisamment des enjeux écologiques. D’autre part, il faut désormais lutter contre la désinformation en ligne qui sévit notamment sur les réseaux sociaux, en particulier en matière de connaissances environnementales. »
Pour répondre aux enjeux sociétaux, l’éducation est souvent la clé. Pourquoi envoie-t-on toute notre jeunesse à l’école pendant douze années ? Pour qu’ils acquièrent les fondations en sachant lire, écrire et compter, bien entendu. Mais plus généralement, pour conférer à la population un certain niveau de connaissances et de valeurs communes. Sans un système éducatif fonctionnel et bien pensé, la démocratie ne peut jouer son rôle.
L’étude des programmes est intéressante. Alors que certaines provinces comme la Colombie-Britannique ont une vision de leur curriculum bâti « pour préparer les futurs citoyens », d’autres provinces comme l’Ontario invoquent comme objectif de « préparer les futurs professionnels au marché de l’emploi ». Et ce n’est pas du tout la même chose. Alors que l’un s’intéresse aux aspirations communes et partagées de la société, l’autre se met au service de l’économie et des marchés. Pourquoi enseigner l’environnement dès l’école primaire et secondaire, et non pas seulement à l’université ? Tout dépend justement de l’idée que l’on se fait de l’éducation. Si elle est le socle commun d’une démocratie saine, on préférera l’approche universelle, et donc celle qui se propose au sein de l’école obligatoire pour toutes et tous.
En pratique, Caroline décrit les formes de l’éducation à l’environnement. « Leçons en classe, activités ludiques et mémorables pour les élèves, mais aussi des formations pour les enseignants. Bien entendu, dans cette démarche, il ne faut pas oublier les parents d’élèves. L’objectif n’est pas uniquement de sensibiliser les élèves aux défis écologiques, mais aussi de toucher les adultes. »
Les défis spécifiques de l’éducation à l’environnement sont multiples. Tout d’abord, il y a l’éternelle question du financement qui, dans l’éducation publique, n’est jamais acquis. Les changements de politiques au sein des ministères, des conseils scolaires et des écoles peuvent favoriser les sujets environnementaux ou, au contraire, les mettre en veilleuse. Ensuite, la concurrence pour l’attention des élèves est une réalité. Sur le volume annuel d’heures disponibles pour sensibiliser les élèves au-delà des programmes officiels, l’éducation à l’environnement est concurrencée par d’autres thématiques telles que la santé, la littératie financière, l’inclusion, le codage et désormais l’intelligence artificielle.
Pour exercer dans les métiers de l’éducation à l’environnement, Caroline recommande d’avoir « un intérêt soutenu pour l’écologie, une appétence pour la pédagogie et la transmission des connaissances ainsi qu’une bonne compréhension des capacités d’apprentissage selon les âges. Sans oublier l’empathie, car les sujets tels que le changement climatique et la crise de la biodiversité peuvent susciter une palette d’émotions variées, selon le niveau de sensibilité des élèves. Il faut être préparé à les accueillir. »
De nombreux acteurs de l’éducation à l’environnement militent pour que tous les élèves sortent de l’école secondaire avec une solide compréhension des enjeux. Il est permis de rêver qu’à terme, l’éducation à l’environnement devienne une compétence aussi fondamentale que la lecture ou l’écriture. D’ailleurs, à bien y regarder, dans les cultures ancestrales qui se sont révélées soutenables l’apprentissage des écosystèmes était bel et bien fondamental, avant même la lecture. Faut-il y voir un simple hasard ?
Aloïs Gallet est juriste, économiste, co-fondateur d’EcoNova Education et Conseiller des Français de l’étranger.