Depuis le début des hostilités entre Israël et l’Iran, pas une rencontre entre ami(e)s ne se soit passée sans que le sujet de cette guerre revienne sur le tapis. Parfois, lors de ces longues et pénibles discussions, j’avoue éprouver un certain malaise. Conscient de ma grande ignorance sur les questions touchant le Moyen-Orient, je ne sais plus quoi penser ni que dire.
Jouant tantôt le rôle d’arbitre ou celui d’avocat du diable j’essaie dans la mesure du possible de faire preuve de lucidité. Tâche extrêmement difficile. En fait, je constate, non sans une certaine gêne, avoir très peu de réponses à fournir aux nombreuses questions sur le conflit que l’on est en droit de se poser. Mon ignorance sur le sujet peut être qualifiée de profonde. De même chez celle de mes interlocuteurs trop souvent sûrs d’eux-mêmes. Trop d’éléments nous manquent. Des réponses donc, j’en ai peu. Des questions, par contre, j’en ai comme s’il en pleuvait.

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou lors d’une rencontre avec des officiels américains | Photo de Department of Homeland Security
La première qui me vient en tête, la plus évidente, celle que tout le monde semble se poser, est celle-ci : Est-ce que l’Iran était oui ou non proche de fabriquer des armes nucléaires et, par cela même, représentait une menace pour la sécurité d’Israël et d’autres pays du Moyen-Orient ? Oui, selon les services de renseignements israéliens et certains pontes américains dont on peut questionner l’objectivité. Non, selon d’autres experts en la matière dont on peut tout aussi bien douter de leur impartialité. Tant d’intérêts différents entrent en jeu. Alors qui croire ? Comment se forger une opinion au milieu de ce brouhaha politique et médiatique ? Comment mettre de côté ses préjugés, son racisme, son islamophobie, son antisémitisme, ses idées préconçues avant de porter un jugement ? Autant d’écueils à éviter.
Peut-on faire confiance à Netanyahou qui depuis des années répète, croquis ridicules à l’appui, que l’Iran (gare au loup) est, à quelques semaines près, en passe de produire des armes nucléaires ? Doit-on croire les mollahs iraniens qui prétendent vouloir rayer Israël de la carte ? Faut-il prendre les uns et les autres au sérieux ? De plus, pourquoi Israël a-t-il décidé d’attaquer l’Iran alors que des négociations étaient prévues entre les États-Unis et les dirigeants iraniens afin de trouver une solution pacifique au programme d’enrichissement de l’uranium ? Quels sont les véritables objectifs de ces attaques contre l’Iran par Israël ? Un changement de régime ? Un besoin de gagner du temps en retardant le programme nucléaire iranien ? Affaiblir l’influence du pouvoir du gouvernement de Téhéran sur la région ? Sans doute tout ça et plus encore, peut-être ?
La première victime d’une guerre c’est la vérité, nous fait-on savoir. J’ai bien peur que ce soit vrai si je fais abstraction bien entendu de tous ces Iraniens et Israéliens qui ont perdu la vie depuis le début de ces hostilités. Ces dernières, j’espère, auront cessé lorsque cette chronique paraîtra. Est-ce un vœu pieux ? Ou au contraire avec l’intervention de Donald Trump le conflit va-t-il dégénérer ? Dois-je me croiser les doigts dans l’espoir qu’une solution pacifique soit atteinte ? Que puis-je faire d’autre ? C’est dur d’être pacifiste au bord du Pacifique ces temps-ci, vous ne trouvez pas ?
Quand bien même l’Iran serait en mesure de posséder un armement nucléaire, de quel droit se prévalent les pays qui sont déjà en possession de cette arme redoutable, d’en interdire l’accès à un autre état ? Trop dangereux ? Bien qu’il le démente, Israël, c’est un secret de Polichinelle, possède un armement nucléaire. La question serait donc : pourquoi pas l’Iran ? m’ont fait valoir quelques individus voulant faire preuve d’une certaine logique. Ont-ils raison ?
Doit-on aussi placer ce conflit dans le contexte d’une rivalité entre les communautés sunnites et celles des shiites ? Entre les États arabes et les Perses ? Est-ce que cet état de chose expliquerait le manque d’engagement militaire des pays arabes auprès de l’Iran ? Certes on a pu observer un soutien verbal, même moral, mais sans plus. Diminués, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis étaient-ils en mesure de venir aider leur parrain ? En avaient-ils encore les moyens ? Qui sait ?
Vient maintenant une petite pluie de « est-ce-que » suivie par quelques tentatives de réponses brèves. Est-ce-que cette guerre va mettre un terme au régime des Ayatollahs ? J’en doute. Est-ce que nous allons assister à la fin des conflits par procuration au Moyen-Orient ? Certainement pas. Est-ce que les salves de missiles de part et d’autre vont bientôt cesser ? C’est à souhaiter. Est-ce qu’il y a un bon et un mauvais entre le régime des ayatollahs et celui du gouvernement d’extrême-droite israélien ? Pour moi c’est kif kif bourricot. Est-ce-que Netanyahou et Trump sont vraiment de mèche ? Oui, mais plus pour très longtemps.
Et, finalement : est-ce qu’au fond je me pose vraiment les bonnes questions ? À vous de décider.