Le troisième Sommet sur la transition linguistique se tiendra le 14 mars 2025 à Victoria. Cet événement majeur rassemblera plus de 200 participants de tous âges et horizons, incluant un groupe de spécialistes. L’objectif du sommet est de créer une synergie entre les différents acteurs de la francophonie, en plaçant les enfants et les jeunes francophones au cœur des discussions, afin de contribuer au rayonnement du français en Colombie-Britannique.
Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Ce 3e Sommet s’inscrit dans une démarche initiée lors des deux éditions précédentes, qui avaient rencontré un franc succès en 2018 et 2020. Il est organisé sous l’égide de la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique (FPFCB) et en collaboration avec huit autres organismes francophones.

Marie-Andrée Asselin, directrice générale de la Fédération des parents francophones de la C.-B. | Photo : Courtoisie FPFCB
Selon la directrice de la FPFCB, Marie-Andrée Asselin : « Ce type d’initiative est essentiel pour réfléchir en profondeur sur la transmission linguistique et impulser des changements pour l’avenir. La question linguistique, ajoute-t-elle, sera abordée sous tous ses angles : sociétal, politique, éducatif, notamment pour la petite enfance, langagier, ainsi que du point de vue des jeunes et de leur inclusion ».
Des défis spécifiques en Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique présente un contexte particulier pour la communauté francophone. Selon la présidente de la Fédération des francophones de la C.-B. (FFCB), Marie-Nicole Dubois, « l’absence d’un bastion et l’éparpillement de la communauté francophone dans la province crée une situation où il est plus difficile de travailler la francophonie en groupe ». À cela s’ajoutent des défis quotidiens, notamment dans les familles mixtes où les parents parlent différentes langues.

Marie-Nicole Dubois, présidente de la Fédération des francophones de la C.-B. | Photo : Courtoisie FFCB
Pour mieux comprendre ces enjeux, Stéphanie Chouinard, professeure agrégée de science politique au Collège militaire royal de Kingston en Ontario, ouvrira la journée avec un portrait complet de la communauté. Sa présentation abordera les aspects politiques, juridiques et identitaires sous les angles fédéral et provincial, offrant ainsi une cartographie des défis et des possibilitrés propres aux francophones britanno-colombiens.
La petite enfance comme fondement identitaire
La directrice de la FPFCB, Marie-Andrée Asselin, reconnaît « la nécessité de créer des environnements physiques francophones autour des enfants. Ça commence au foyer, voire dès la naissance de l’enfant, ajoute-t-elle, et il incombe au parent francophone de lui parler en français. Actuellement, dit-elle, il existe une trentaine de garderies francophones dans la province, mais il en faudrait encore davantage. »
Pour discuter des différentes facettes de cette construction identitaire, l’une des intervenantes, Annie Bourret, linguiste, présentera les aspects fondamentaux du développement langagier bilingue chez les enfants. Elle insistera particulièrement sur la période clé de la naissance à sept ans et proposera des ressources concrètes pour les parents francophones souhaitant encourager le bilinguisme.
L’expérience réussie de la garderie « Les randonneurs de Rossland » sera également mise en avant par l’éducatrice Sabrina Serrette, qui illustrera comment la cohérence entre communauté, famille et services à l’enfance peut favoriser une construction identitaire francophone harmonieuse.
La jeunesse au premier plan
Les jeunes francophones occuperont une place importante dans ce sommet, avec plusieurs temps forts qui leur seront consacrés. Marie-Eve Bouchard, professeure associée à l’Université de la Colombie-Britannique, abordera la question épineuse de l’insécurité linguistique, analysant le processus de délégitimation des accents et des identités linguistiques. « La sécurité linguistique ne repose pas uniquement sur les individus, mais sur l’ensemble de la communauté », rappellera-t-elle lors sa conférence.
Cinq jeunes francophones partageront chacun leurs parcours en définissant leur identité au singulier et au pluriel parce qu’il est possible d’avoir des identités multiples. S’ensuivra une conférence sur l’inclusion stratégique des jeunes au sein des organismes communautaires, animée par Claudya Leclerc et Blanche Monabeka. Ces deux intervenantes présenteront des pratiques innovantes pour intégrer efficacement la jeunesse à tous les niveaux décisionnels.
Des générations en dialogue
L’importance des relations intergénérationnelles dans la transmission linguistique sera également mise en lumière à travers le témoignage de Johanne Dumas, une aînée francophone, toujours très active dans la communauté de Maillardville. Elle partagera son expérience sur le bonheur de transmettre sa langue et sa culture à ses enfants et petits-enfants, soulignant ainsi le rôle crucial que peuvent jouer les aînés dans la préservation du patrimoine francophone.
Le français – un élément distinctif des Canadiens
Selon la présidente de la FFCB, Marie-Nicole Dubois, il y a lieu de rappeler « que le français représente une plus-value ». À la suite des tensions commerciales entre les États-Unis et le Canada, dit-elle, plusieurs Canadiens anglophones sentent le besoin de se différencier des Américains. Les États-Unis, rappelle-t-elle, viennent de décréter l’anglais comme leur seule langue officielle.
« Le bilinguisme au Canada, rétorque la présidente de la FFCB, est un élément distinctif, pouvant également favoriser la diversification de nos liens d’affaires auprès des pays de la francophonie ». Elle rappelle que « l’adoption de la politique des services en français de la province offrira également de nouvelles possibilités d’emploi aux étudiants des écoles francophones et d’immersion ».
Des actions concrètes en perspective
Cet événement d’une grande importance pour la communauté francophone permettra de dégager des stratégies et des actions concrètes à mettre en place. « À ce sujet, précise Marie-Nicole Dubois, les thèmes abordés sur la transition linguistique à ce 3e sommet recoupent déjà les trois axes stratégiques du Plan de développement global de la FFCB qui sera validé en juin prochain ».