le Vendredi 11 juillet 2025
le Vendredi 20 juin 2025 21:16 | mis à jour le 20 juin 2025 21:58 Francophonie

Un symposium engagé pour une francophonie plurielle

De g.à d. : Bonnie Lépine Antoine, directrice de la Réconciliation et de l’Éducation autochtone au Conseil scolaire francophone; Diane Campeau, professeure invitée à l’Université d’Ottawa et chargée de cours au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta; Dalila Bekkaoui, présidente de l’Association de la Maison du Maroc, Jacky Essombe, fondatrice et directrice générale de la Société de l’amitié africaine; Michèle Smolkin, documentariste, auteure et traductrice, et Linda Li, présidente de la Société de la communauté chinoise de Tri-City | Marc Béliveau
De g.à d. : Bonnie Lépine Antoine, directrice de la Réconciliation et de l’Éducation autochtone au Conseil scolaire francophone; Diane Campeau, professeure invitée à l’Université d’Ottawa et chargée de cours au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta; Dalila Bekkaoui, présidente de l’Association de la Maison du Maroc, Jacky Essombe, fondatrice et directrice générale de la Société de l’amitié africaine; Michèle Smolkin, documentariste, auteure et traductrice, et Linda Li, présidente de la Société de la communauté chinoise de Tri-City | Marc Béliveau
Un symposium engagé pour une francophonie plurielle
00:00 00:00

La communauté francophone de la Colombie-Britannique s’est rassemblée pour la première fois, le 13 juin dernier, lors du symposium « Ensemble pour l’inclusion et la diversité » à l’Alliance française de Vancouver.

Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Inès Ghozzi, directrice générale du Relais francophone de la Colombie-Britannique | Marc Béliveau

Organisé par le Relais des francophones de la Colombie-Britannique, en partenariat avec la Fédération des francophones de la C.-B., le symposium a réuni plus de 140 participants, dont des représentants officiels fédéraux, provinciaux et des villes de Vancouver et Coquitlam.

Tout au long de la journée, un message clair s’est imposé : se rencontrer, se connaître et construire ensemble. « Il y a des barrières à déconstruire », a rappelé Inès Ghozzi, directrice du Relais francophone et animatrice de la table de discussion.

Six témoignages marquants

La matinée s’est déclinée en une mosaïque d’expériences et de vérités, portée par six voix percutantes. Chacune des intervenantes a révélé un fragment d’une réalité souvent méconnue, lançant un appel à la reconnaissance.

Bonnie Lépine Antoine, directrice de la Réconciliation et de l’Éducation autochtone au Conseil scolaire francophone, a ouvert le cercle en évoquant les liens tissés entre les communautés autochtones et francophones de l’Ouest. Elle a rappelé que l’oppression des peuples autochtones perdure et que des ponts peuvent encore se bâtir, notamment par l’adoption de pratiques traditionnelles ancrées dans la relation au territoire. Elle a mis en lumière les échos profonds entre les cultures autochtones et africaines, semant l’idée d’un dialogue fécond possible.

Diane Campeau, professeure invitée à l’Université d’Ottawa et chargée de cours au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, a retracé le développement historique du pays, soulignant la résilience des francophones dans les provinces anglophones, confrontés à l’effacement et à l’exclusion. Elle a insisté sur les douleurs partagées avec les peuples autochtones, marquées par l’empreinte du colonialisme. « Reconnaître cette histoire », a-t-elle plaidé, « est un pas nécessaire vers la réconciliation. »

Dalila Bekkaoui, présidente de l’Association de la Maison du Maroc, a salué l’accueil reçu à son arrivée au Canada, tout en dénonçant l’invisibilisation grandissante des femmes voilées et la montée de l’islamophobie. Elle a rappelé que « l’ignorance nourrit les préjugés, et que seule la connaissance mutuelle permet de les déconstruire. »

Jackie Essombe, fondatrice et directrice générale de la Société de l’amitié africaine, a souligné le rôle prépondérant de l’Afrique dans la francophonie internationale, en rappelant que la vitalité de la francophonie canadienne repose en grande partie sur l’immigration africaine. Elle a plaidé pour une juste reconnaissance des Africains dans les instances décisionnelles, et ce sans paternalisme.

Michèle Smolkin, documentariste, auteure et traductrice, a livré le témoignage d’une identité multiple, portée par la mémoire des communautés juives francophones. Dispersées, parfois oubliées, ces voix portent en elles un profond attachement au pays, mêlé à une inquiétude croissante face à la résurgence de l’antisémitisme. Elle a lancé « un appel à la solidarité pour bâtir, ensemble, un monde plus juste. »

Pour sa part, Linda Li, présidente de la Société de la communauté chinoise de Tri-City, a rappelé les blessures de l’exclusion à l’arrivée, mais aussi la force de la résilience. Elle a indiqué que sa communauté, aujourd’hui un acteur économique incontournable, est la preuve vivante que la collaboration, sous toutes ses formes, est non seulement possible, mais aussi féconde.

Eveline Minou, participante camerounaise | Marc Béliveau

Des échanges authentiques

Ces présentations ont donné lieu à des ateliers lors du second volet du symposium. 

« La présentation qui m’a le plus marquée venait de la représentante camerounaise, qui a souligné qu’on parle souvent de notre histoire sans nous, et qu’il est essentiel que nous soyons à la table des discussions», témoigne Eveline Minou, une participante camerounaise.

Padminee Chundunsing, membre du conseil d’administration du Centre de la francophonie des Amériques | Marc Béliveau

« La raison même de ce symposium, c’était d’écouter les multiples perspectives. Pour travailler à l’unisson, il faut d’abord se connaître, puis se rassembler pour s’entraider, en ayant tous le même but, et dans le respect de la communauté », soutient Padminee Chundunsing.

Un bilan porteur d’espoir

Visiblement satisfaite de la réussite de l’événement, Inès Ghozzi a reconnu l’authenticité comme l’une des forces majeures de ce symposium. « Nous étions là pour déconstruire, mais avec le sourire. Nous avons abordé les douleurs sans détour, dans une démarche autochtone où la parole est source de guérison. Il ne s’agissait pas de juger, mais d’apprendre les uns des autres. » 

Les échanges ont permis de nouer de nouveaux liens entre les communautés francophones, portés par la volonté de bâtir une francophonie ouverte à sa diversité.