Vous connaissez les gagnants des dernières élections fédérales. Moi pas. J’ai dû rendre la copie de ma chronique peu avant la tombée des résultats. Satisfaits dans l’ensemble ? Je l’espère. J’aurais tant aimé commenter l’issue de ces élections. Vous comprenez bien que je ne peux me permettre de le faire sans risquer de mettre en péril le peu de crédibilité pamphlétaire qu’il me reste. Faute de quoi je vous propose un petit jeu.
Il s’agit de deviner quelle personnalité politique je dépeins en faisant appel, à tour de rôle et dans l’ordre, aux lettres de notre alphabet. La description peut parfois paraître un peu tirée par les cheveux et l’exercice souvent sembler fastidieux, mais le jeu, croyez-moi, en vaut la chandelle à condition bien entendu de ne pas brûler cette dernière par les deux bouts. Êtes-vous prêts ? Sans doute. Alors, attachez vos ceintures, c’est parti.
A : abominable, affolant plutôt qu’adorable et amusant. Un bon début qui devrait déjà vous servir d’indice. B : bête, baveux, brutal. Des adjectifs qui peuvent vous mettre la puce à l’oreille. C : cupide, capricieux. Là, je ne vous en dis pas davantage. D : diabolique, dangereux, dédaigneux. Vous n’êtes pas sûr ou sûre ? Vous hésitez encore ? Bon, continuons. E : effrayant, effarant, épouvantable. La lettre E fournit énormément de possibilité mais pour le moment je m’en tiendrai à ces trois mots, ce qui n’est pas mal. F : Faible, faux. Ces descriptifs sont forts mais ne sont pas faux, loin de là. G : grossier, grotesque. Je vous vois sourire. Vous pensez avoir trouvé la réponse mais vous n’osez pas encore vous prononcer. Je vous comprends. Prenez votre temps. Rien ne presse.

Des pancartes de candidats aux élections fédérales. | Photo par Dillan Payne
H : hideux, horrible. Navré mais je n’ai pu trouver mieux. Le H, qu’il soit muet ou aspiré, inspire peu. I : ignorant, ignare, irritant. Voilà qui devrait vous donner une petite idée de qui il s’agit. Je vous entends réfléchir à haute voix. C’est bon signe. J : jaloux. Oui, de toute évidence, il ne peut le dissimuler, monsieur envie toute personne lui faisant ombrage.
Je viens de commettre une gaffe. J’ai dévoilé qu’il s’agissait d’un homme et non d’une femme. Au temps pour moi. Je poursuis. K : Kleptomane. Avec son envie irrépressible de s’approprier ce qui ne lui appartient pas, il tombe la tête la première et les yeux fermés dans cette catégorie. L : lunatique. Son humeur déconcertante et ses changeantes prises de position font de lui un candidat sérieux pour l’obtention d’un billet de voyage vers la lune. M : macho, méchant, malappris, menteur. À ce stade-ci je me passerai de tout commentaire. N : nuisible, néfaste. Idem. Rien à dire ou à redire. O : odieux. Surtout au diable. P : paresseux, à tel point qu’il ne se donne même pas la peine de lire les mémos ou les articles de plus d’une page qu’on lui remet. Q : quelconque. C’est ça. Aucune qualité ou valeur particulière. R : roublard. Il n’en existe pas deux comme lui. S : sadique. À l’excès, ai-je envie d’ajouter. T : tyrannique. Comme tout autocrate avide de pouvoir. U : ubuesque. Frise, en effet, souvent le ridicule. V : vicieux, vulgaire, vénal. Jugement sévère, même cruel, mais combien judicieux. Avant de poursuivre, une pause s’impose. Elle sera publicitaire.
Lisez La Source, un bimensuel sensuel, une source intarissable de bonheur et de plaisirs. De l’info sans défaut. Plus de culture, moins de confiture, La Source vous ressource. Comme l’a impérativement sommé Al Capone lors de son dernier hold-up : « La Source ou la vie ? ». Tous du même avis : la Source c’est la vie.
Fin de l’intermède. Reprise du jeu. W : Wasp. J’allais rajouter pure laine mais par respect pour les moutons je vais m’abstenir. X : Xénophobe. Certainement. Tout étranger, au statut légal ou non, vous le confirmera et pourra en apporter la preuve. Y : Yankee. Au mauvais sens du mot (Que les joueurs de l’équipe de baseball de New-York me lancent la première balle). Z : zèbre. Un sacré zèbre ce drôle de zigoto.
Nous voilà enfin au bout du parcours. Les 26 lettres de l’alphabet y sont toutes passées avec plus ou moins de succès. Vous avez eu le temps de vous faire une idée du personnage dont il a été question. Vous ne vous êtes pas trompés. Il est vrai qu’à un moment vous avez hésité. La possibilité qu’il s’agisse d’une personnalité canadienne vous a effleuré l’esprit. Le mot Yankee vous a replacé sur la bonne voie.
Pour une fois, par ailleurs, j’ai eu le plaisir de ne pas mentionner son nom lors de cette chronique. Quel bonheur. Cela faisait longtemps que ça ne m’était
arrivé. Alléluia !