Le printemps tire à sa fin. Je ne l’ai pas vu passer. Entre-temps l’été s’approche les deux mains dans les poches. Sa nonchalance m’inquiète. Est-ce une saison prête à se plier en quatre pour nous accueillir ? Dans un peu plus d’une semaine nous le saurons.
En attendant je tiens à faire mes adieux au printemps 2025. Voici, offert par les faits d’hiver du Castor castré, le chant du cygne de ce surprenant, parfois désolant printemps alors qu’il s’apprête, une fois pour toutes, à nous quitter.
Maintenant tous en chœur.
C’est le printemps : les incendies de forêts dévastent le pays d’un océan à l’autre. Des populations entières sont évacuées. C’est notre lot, nous dit-on. Il n’y a rien à faire, faut s’y faire. Les provinces sont à feu et à sang cherchant désespérément un moyen de lutter contre ce fléau qui chaque année nous ravage inlassablement.
C’est le printemps : notre premier ministre, Mark Carney, fait des pieds et des mains tout en promettant aux Canadiens de beaux lendemains. Il a un plan, pif, paf, pouf, plan. Le tour est joué. On est sauvé. Tout le monde il est beau, tout le monde il est content.
C’est le printemps : les Canadiens, unis, ne veulent plus se rendre aux États-Désunis. Nous boycottons leurs produits. Nous leur faisons comprendre jusqu’à quel point nous sommes fâchés contre eux. Nous leur en voulons d’avoir élu un président aussi déroutant. Gros dégoûtant. Et vlan. Autant en emporte le vent.

Le premier ministre Mark Carney | Photo de Bank of England
C’est le printemps : parlant de l’ours dont on voit l’anneau et non l’anus. Poutine est en fête et n’en fait qu’à sa tête. Sa guerre en Ukraine lui donne des ailes d’où son zèle. Parle de pourparlers sans jamais parler à celui à qui il devrait parler. Vous parlez d’un comportement. De Dostoïevski, a-t-il lu Crime et Châtiment ?
C’est le printemps : sur la place du Vatican, ça pédale. Le pape Léon XIV bénit les coureurs du dernier Giro d’Italie lors de l’ultime étape. Un canadien, Derek Gee, arrive quatrième de ce prestigieux tour. Tous nos compliments. Il termine au pied du podium certes mais avec une faible équipe comme la sienne (Israël-Premier Tech) pour l’aider, ce champion du vélo, allons-y mollo, est digne d’estime. Absolument, il mérite nos encouragements.
C’est le printemps : en sport, seul compte le score. Au foot, l’équipe des Whitecaps de Vancouver a coulé au lieu de prendre son pied. Battue 5-0 ses joueurs fatigués n’ont pas fait le poids. Sur le même score le Paris Saint-Germain (PSG) à Munich s’est débarrassé de l’Inter Milan. Deux équipes, deux continents, deux heureux et deux mécontents.
C’est le printemps : au festival de Cannes le dissident iranien Jafar Panahi obtient la Palme d’or pour son film Un simple accident. Les mollahs à cet effet reçoivent un camouflet en guise de récompense pour leurs méfaits. Les tyrans à Téhéran en Iran répriment leur rage tout en laissant passer l’orage. Les voilà bafoués. Dur moment.
C’est le printemps : le roi Charles III, chez nous en visite royale, ramène sa fraise aux communes d’où il lit le discours du Trône à l’invitation de notre premier ministre. Quarante-huit heures plus tard il repart avec sa dulcinée, satisfait de sa tournée qui n’a pas mal tourné. Retour au bercail où personne en grande pompe, ne l’attend.
C’est le printemps : pas pour tous. Il est des régions où les quatre saisons, faute aux guerres, n’existent guère. Les Gazaouis entre autres en savent quelque chose. À Gaza c’est l’enfer, pas de printemps. Hamas : libérez les otages rapidement. Netanyahou : arrête le carnage, cesse les tirs et les bombardements. À quand ton jugement ?
C’est le printemps : nos premiers ministres se réunissent à Saskatoon. Elles et ils sortent tout sourire de cette rencontre. Sommes-nous les témoins du début d’une aventure idyllique entre le gouvernement fédéral et ceux des provinces ? C’est à espérer. Tous dans le même bateau. Il vaut mieux ramer ensemble dans le bon sens si on ne veut pas chavirer. Rien de plus évident.
Oui, c’est le printemps, un printemps peu ordinaire mais loin d’être extra.