En cette journée pluvieuse du 15 février 2025, la Place du Canada à Vancouver, lieu traditionnel des célébrations nationales, semblait étrangement déserte. Le 60e anniversaire du drapeau canadien risquait-il de passer inaperçu ? Nullement, puisqu’au Palais des congrès, à quelques pas de là, l’unifolié était célébré par des centaines de Vancouvérois lors d’une activité conviviale organisée en marge des jeux Invictus, une compétition sportive internationale se déroulant à Whistler du 8 au 17 février.
Marc Béliveau – IJL-Réseau.Presse – Journal La Source
Si les Britanno-Colombiens se montrent plus réservés que leurs voisins du Sud dans l’expression de leur patriotisme, leur fierté d’appartenance à la société canadienne n’en est pas moins vive.
À l’occasion de cet anniversaire important, la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a déclaré : « À l’image de notre richesse culturelle, notre drapeau est un puissant symbole de notre souveraineté, de notre résilience et de notre détermination ».
Ce message résonne particulièrement auprès des participants réunis au Palais des congrès de Vancouver.

À la question sur ce que représente pour eux le drapeau canadien, ils évoquent spontanément : « Le Canada, c’est chez moi », « le drapeau canadien reflète notre diversité et nos valeurs », « le drapeau canadien, c’est notre fierté ». | Photo : Marc Béliveau
Une distinction recherchée
Le nationalisme canadien s’exprime de diverses manières. L’une des plus visibles est la pratique répandue chez les voyageurs canadiens d’arborer un petit drapeau sur leurs bagages, une habitude qui vise à se distinguer des Américains.

L’unifolié et la feuille d’érable, des signes distinctifs du Canada | Photo : Marc Béliveau
Cette pratique pourrait s’intensifier dans le contexte des tensions commerciales croissantes entre le Canada et les États-Unis, soit par une augmentation du nombre de voyageurs arborant l’unifolié, soit par une diminution du tourisme canadien vers les États-Unis.
Une anecdote révélatrice
En marge de l’ouverture des jeux Invictus à Whistler, les quotidiens vancouvérois ont souligné la présence du prince Harry et de son épouse Meghan Markle. Cette dernière, ayant vécu à Toronto, portait un manteau d’hiver et des accessoires de mode fabriqués au Canada. L’information, reprise par les médias américains, a suscité une réaction négative du président Trump, qui venait pourtant d’autoriser le prince Harry à maintenir sa résidence en Californie malgré ses aveux concernant sa consommation de drogues douces.
60 ans d’histoire
Le drapeau canadien, adopté officiellement le 15 février 1965, a remplacé le Red Ensign qui arborait l’Union Jack et les armoiries du Canada. Son adoption, fruit d’un long débat parlementaire, visait à doter le pays d’un symbole distinctif. Le drapeau comporte deux bandes verticales rouges de chaque côté de la feuille d’érable, sur un fond blanc. Ces bandes rouges symbolisent les océans qui bordent les côtes est et ouest du Canada, l’Atlantique et le Pacifique. Pour rappel, c’est au XIXe siècle que la feuille d’érable apparaît comme symbole de l’identité canadienne.
Marc Carpentier, un expatrié canadien qui vit actuellement au Japon, garde un souvenir vivace de cette journée historique.

Marc Carpentier, un expatrié canadien vivant à Tokyo à côté de sa photo prise le 15 février 1965. | Photo : Courtoisie Marc Carpentier
Originaire de l’Outaouais, il se remémore : « À huit ans, membre de la fanfare Les Troubadours d’Aylmer comme joueur de trompette, j’ai eu l’honneur de participer à la cérémonie du lever du nouveau drapeau canadien devant l’hôtel de ville. Ce fut un grand moment de fierté ! »
Un symbole plus pertinent que jamais
Aujourd’hui, le drapeau canadien connaît un regain d’intérêt. Bien que moins présent sur les résidences et immeubles privés, il s’affiche fièrement sur les édifices gouvernementaux, les hôtels et les sièges des grandes entreprises.
On le retrouve également dans les rayons des épiceries, identifiant les produits alimentaires canadiens.

Plusieurs supermarchés ont déjà commencé à identifier des produits alimentaires canadiens en cas de mesures de représailles du Canada face à l’annonce de tarifs d’importation des produits du pays aux Etats-Unis. | Photo : Marc Béliveau
Dans les succursales de la Régie des alcools de la Colombie-Britannique, où les vins et spiritueux américains ont été retirés des étagères, les consommateurs sont encouragés à privilégier les produits canadiens.
Entretemps, les médias canadiens rapportent une hausse importante des ventes en ligne du drapeau canadien. Qui aurait cru qu’à 60 ans, l’unifolié deviendrait la coqueluche des boutiques en ligne américaines, chinoises et canadiennes ? Un phénomène aussi surprenant qu’une journée sans pluie en février à Vancouver.