le Vendredi 11 juillet 2025
le Samedi 14 juin 2025 20:31 | mis à jour le 14 juin 2025 21:46 Initiative de Journalisme Local

Des élèves de Nelson peignent une murale pour défendre les droits 2SLGBTQIA+

Un autobus scolaire arrive à l’école francophone publique élémentaire et intermédiaire des Sentiers-alpins, à Nelson | école des Sentiers-alpins
Un autobus scolaire arrive à l’école francophone publique élémentaire et intermédiaire des Sentiers-alpins, à Nelson | école des Sentiers-alpins
Des élèves de Nelson peignent une murale pour défendre les droits 2SLGBTQIA+
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Pour cacher un graffiti homophobe sur son mur, l’école francophone des Sentiers-alpins, à Nelson, vient de terminer une peinture murale aux couleurs de la communauté 2SLGBTQIA+. 

Suzanne Leenhardt – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source 

À son arrivée à l’école, il y a deux ans, la directrice Sylvie Mazerolle se souvient encore des minutes qui ont défilé avant l’arrivée des premiers élèves. Elle venait de découvrir avec effroi un graffiti explicitement homophobe à l’entrée de son école. 

« Ma première réaction a été de protéger les élèves pour qu’ils ne le voient pas. Je suis allée chercher de la peinture en aérosol et j’ai fait des cœurs et des symboles de paix pour cacher le graffiti », raconte-t-elle. 

Madeleine Arsenault, aide pédagogique spécialisée, qui accueillait le premier autobus d’élèves au moment des faits, a ensuite proposé à la directrice de monter un projet artistique « positif, à l’image des valeurs de l’école » pour recouvrir le mur. Sylvie Mazerolle, emballée par cette idée, avait déjà un nom d’artiste en tête.

Deux ans plus tard, l’école inaugure sa nouvelle fresque murale, réalisée avec l’aide des élèves du Secondaire de Nelson, l’école francophone publique dont Sylvie Mazerolle est également à la direction.

Huit jours de travail 

La directrice de l’école a choisi l’artiste francophone Bambi, aussi connu sous le nom de Claudia Simon, après avoir repéré l’une de ses œuvres créée durant le Nelson International Mural Festival, sur le site du marché fermier de la ville.

L’artiste francophone Bambi a réalisé la murale de l’école des Sentiers-alpins, avec une vingtaine d’élèves du Secondaire de Nelson | Bambi

La muraliste d’origine québécoise, aujourd’hui établie à Revelstoke, a passé huit jours sur ce projet. Bambi a réalisé toutes les étapes de préparation : enlever la végétation, rincer le mur et tracer les formes. 

« J’ai eu carte blanche pour transmettre le style de vie de Nelson et ses paysages. Ça ne devait pas forcément être associé à la culture 2SLGBTQIA+ mais ça devait être joyeux », explique l’artiste. 

Aujourd’hui, des nuages, des arcs-en-ciel et des émoticônes aux couleurs éclatantes et aux formes arrondies s’entremêlent sur plusieurs mètres. 

Une vingtaine d’élèves du secondaire l’ont aidé à peindre, accompagnés par leurs correspondants français venus du Mans, dans l’ouest de la France. « Ça a été l’une des trois plus belles journées de ma carrière. Il faisait beau et tout le monde avait le sourire. Les élèves de l’élémentaire et de l’intermédiaire ont même pu donner des coups de pinceau. En tant que membre de la communauté queer, c’était une vraie blessure et c’est devenu une joie », décrit la directrice de l’école. 

La directrice des écoles francophones publiques élémentaire et intermédiaire Sentiers-alpins et Secondaire de Nelson, Sylvie Mazerolle | Annie Brosseau

« Résister à la haine par la joie »

Le projet a nécessité  la tenue d’une levée de fonds de plus de 6 000 dollars. « Pour une petite école comme la nôtre, ça représente un quart du budget annuel », pointe Sylvie Mazerolle. 

En plus d’une aide financière du Conseil scolaire francophone, une subvention PassepART portée par l’Association des francophones des Kootenays Ouest a permis de faire aboutir le projet. 

Quand Amélia Simard, chargée de projet et du développement communautaire au sein du Comité FrancoQueer de l’Ouest, a eu connaissance de cette réalisation artistique, ça lui a fait « chaud au cœur ».

« Depuis que Meta a changé sa politique de modération de contenu, l’accès aux propos violents sur Internet augmente, notamment pour la communauté trans », avance-t-iel, tout en soulignant que les écoles sont des lieux où les propos homophobes sont de plus en plus entendus. 

Le Comité FrancoQueer de l’Ouest anime des ateliers gratuits auprès des élèves pour partager des ressources et démystifier les mythes liés à la communauté 2SLGBTQIA+. « Je reconnais l’effort nécessaire pour aborder ces sujets à l’école, et en français », concède Amélia Simard. « J’encourage les écoles à normaliser ces conversations, surtout à la suite d’un acte homophobe ou transphobe. Plus on normalise, moins on laisse place à la peur et la haine. »

À l’école des Sentiers-alpins, l’équipe pédagogique ne s’est pas arrêtée là. Le 17 mai, à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, les élèves ont défilé dans les rues autour de l’école, munis de pancartes pour défendre les différences et sensibiliser à la bienveillance. 

Pour découvrir les ressources du Comité FrancoQueer de l’Ouest : cfqo.ca/ressources-cfqo