Perte de confiance envers les politiciens : à qui la faute?

Bev Oda, ancienne ministre. Photo par Megan Mallen, Flickr.

Bev Oda, ancienne ministre. Photo par Megan Mallen, Flickr.

Les sondages viennent souvent nous dire tout haut ce que l’on pense tout bas. La récente introspection de la population par la firme Ipsos Reid pour le groupe médiatique Postmedia révèle, ou peut-être devrais-je dire confirme, que les Canadiens ne font pas beaucoup confiance aux politiciens.

La perception que nous avons envers ceux-ci ne me surprend pas, mais elle me désole. Loin de moi l’idée de tenter de vous convaincre qu’ils ne méritent pas ce traitement de votre part, bien au contraire. Mais, bien que je comprenne ce sentiment exprimé, je ne le partage pas nécessairement.

Par exemple, Ipsos Reid nous apprend que la presque totalité des personnes consultées, soit 95%, sont d’avis que les politiciens fédéraux n’ont pratiquement rien en commun avec le Canadien moyen. C’est un résultat qui m’a estomaqué. Après tout, avant d’être politicien, de nombreux députés fédéraux étaient eux-mêmes des Canadiens que l’on pourrait considérer être dans la moyenne. Toutefois, je suis le premier à admettre qu’ils sont les premiers responsables de leur triste sort.

Prenez par exemple la députée-ministre démissionnaire Bev Oda. Elle est fort probablement à elle seule le reflet de cette image négative que la population se fait des politiciens. Ses goûts extravagants lors de ses voyages officiels ont été largement rapportés par les médias. On se rappelle son verre de jus d’orange à 16$. C’est ce genre de comportement qui a le don de provoquer l’ire du public.

Les résultats du sondage doivent quand même nous inquiéter puisqu’ils laissent entre-voir que ce bris de confiance pourrait venir nourrir la montée du cynisme envers la politique. Malheureusement, cela ouvre la porte à un désintéressement généralisé de la population que l’on constate par le taux de participation aux élections générales qui est tragiquement bas.

Il faut quand même avouer que la classe politique a cette manie de ne pas aider sa cause. La mécanique qui anime la dynamique politique suit de plus en plus le modèle américain, c’est-à-dire une approche qui repose avant tout sur la division inspirée par l’idéologie. Et quand on observe ce qui se trame chez nos voisins américains, il n’y a rien pour nous donner espoir d’un changement de cap imminent en ce qui concerne les sentiments des Canadiens envers les politiciens.

La croissance de l’utilisation de messages publicitaires négatifs dont le but est avant tout de peindre un portrait peu flatteur des adversaires plutôt que de faire la promotion d’idées novatrices n’est certainement pas étrangère à la situation actuelle. C’est là pour moi une des causes évidentes de la perte de confiance vérifiée par le sondage.

En effet, les Canadiens sont constamment confrontés à ces publicités de la part des partis politiques, remplies de sous-entendus vis-à-vis de leurs adversaires. Il n’est donc pas étonnant que les électeurs soient confus et quelque peu dégoûtés envers tout ce qui touche à la politique. Malheureusement, la première victime de cette confusion est trop souvent la démocratie.

On n’a qu’à regarder le taux de participation pour vite comprendre qu’elle en prend pour son rhume depuis quelques années. Un changement de cap important dans la façon de faire la politique devra avoir lieu pour rectifier le tir. La balle est dans leur camp.