Le Musée d’anthropologie célébre la fête des morts

Une des oeuvres de l'artiste mexicain de Carlos Amorales, Sin título (Untitled), 2004 | llustration par Carlos Amorales

Une des oeuvres de l’artiste mexicain de Carlos Amorales, Sin título (Untitled), 2004 | llustration par Carlos Amorales

Cette année la fête des morts, ou Dia de los Muertos en espagnol, est célébrée au Musée d’Anthropologie de Vancouver grâce à l’exposition inédite The Marvellous Real: Art from Mexico, 1926–2011 qui ouvre ses portes au public le 25 octobre.

Cinquante quatre œuvres hétéroclites d’artistes mexicains contemporains évoquent des perspectives surréelles et fantastiques autour du thème du réalisme merveilleux – une variation du concept plus largement connu du réalisme magique.

Un type d’esthétisme étrange

Dans cette exposition temporaire, peintures, photographies, et autres supports multi-médias éludent les banalités grâce à des amalgames excentriques, des juxtapositions improbables et des parallèles troublants.

La conservatrice de l’exposition Docteure Nicola Levell souhaite avant tout plonger le visiteur dans un monde magique. « Nous ouvrons une fenêtre sur l’extraordinaire et l’improbable, le bizarre et le merveilleux, afin que le public puisse vivre cette expérience de lui-même. »

« La notion de réalisme merveilleux fut créée en 1949 par l’écrivain et ethnomusicologue cubain Alejo Carpentier, » explique Levell, également assistante professeure d’anthropologie à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC).« Carpentier utilise ce terme pour désigner un type d’esthétisme étrange – ni beau, ni laid – mais présent dans la culture et la vie de tous les jours des Sud-américains.»

« Nous explorons cette forme d’esthétisme si particulière, et comment elle se manifeste à travers des générations d’artistes résidant au Mexique, » précise la conservatrice originaire d’Angleterre.

Levell ajoute que le réalisme magique est présent dans la vie de tous les jours des latinos depuis des générations « C’est une combinaison entre l’extraordinaire et le banal. »

L’identité culturelle du continent se développe au XXème siècle, en réponse à son passé colonisé. « La présence jugée trop importante de l’art provenant des pays occidentaux pousse les artistes mexicains à piocher leur inspiration dans le quotidien qui les entoure, » explique Levell sur un ton animé.

Des œuvres des grandes pointures d’art contemporain mexicain sont exposées, telles que Dr. Atl, Leonora Carrington, Jean Charlot, Juan O’Gorman, Alice Rahon, David Alfaro Siqueiros, Juan Soriano, et Rufino Tamayo.

Sont également présents des ouvrages d’artistes plus récents : Carlos Amorales, Sandra Cabriada, Claudia Fernández, Adela Goldbard, Yishai Jusidman, Alejandro Santiago et Francisco Toledo.

Un espace pour étudier l’homme

Nicola Levell (dans son bureau à UBC) présente le livre-catalogue de l'exposition. | Photo par Anne-Laurence Godefroy

Nicola Levell (dans son bureau à UBC) présente le livre-catalogue de l’exposition. | Photo par Anne-Laurence Godefroy

Aussitôt entré dans la salle d’exposition, une installation visuelle et sonore enveloppe le visiteur. Des jeux de lumière au sol reconstituent l’atmosphère sombre et mystérieuse du réalisme magique mexicain. « Le baroque, l’ultra baroque! » s’exclame Levell.

Bien sûr, pour la conservatrice de formation, l’œuvre est importante. Mais sa mise en scène au sein de la galerie tient également un rôle essentiel à jouer. Avec l’aide de son équipe, Levell a aménagé cinq espaces aux ambiances différentes.

« Au lieu d’avoir une salle d’exposition aux murs blancs avec beaucoup d’espace pour respirer entre les œuvres, l’idée ici est d’imaginer des salles aux dimensions poétiques, magiques et extraordinaires. »

Pour sa première exposition au Canada depuis son immigration avec son époux en 2005, la conservatrice de l’exposition a mis le pied à l’étrier. Depuis deux ans et demi, elle rassemble des œuvres mexicaines conçues sur huit décennies. « Cette exposition est le résultat d’une constellation d’un nombre d’évènements et d’histoires. »

Et Levell voit grand. Les œuvres viennent tout droit de la collection privée du FEMSA, qui n’est autre que la fondation à l’origine de la création de la biennale des arts visuels de Mexico depuis 1992.

Levell se réjouit particulièrement à l’idée d’exposer au musée d’anthropologie, avec lequel elle travaille en étroite collaboration depuis plusieurs années.

La diplômée de l’University College London mise sur le cadre de l’exposition – un espace pour étudier l’homme – pour éveiller la curiosité.

« En se rendant au musée d’anthropologie, le public vient déjà avec l’idée d’interroger leur conception de la notion d’anthropologie. […] L’idée est d’être plongé dans un environnement qui pousse à la réflexion. »

The Marvellous Real: Art from Mexico, 1926–2011
Du 25 octobre 2013 au 30 mars 2014
Musée d’anthropologie de l’UBC
6393 NW Marine Drive, Vancouver
Les tarifs varient entre 9$ et 16,75$
http://www.moa.ubc.ca

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Everything Strange, Everything Amazing : le tour du conservateur du musée
Dimanche 27 octobre de 13h à 14h
Gratuit avec le ticket du musée

La conservatrice de l’exposition Nicola Levell et le directeur du musée d’anthropologie de Vancouver Anthony Shelton font la visite guidée de l’exposition. Un excellent moyen d’en savoir plus sur l’art mexicain et de découvrir les motivations des organisateurs.

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Dia de los Muertos : célébration de la fête des morts au musée d’anthropologie
Samedi 2 novembre de 11h à 16h
Gratuit avec le ticket du musée

Dans les cultures méso-américaines, la mort représente une continuation de la vie dans un monde parallèle. Chaque année, ces deux mondes se rencontrent le jour de la fête des morts seulement. Le musée d’anthropologie présente une journée d’activités consacrées à cette tradition, le tout accompagné de musique de mariachis.

Agenda

Bhangra!
Mardi 26 octobre
Sessions entre 11h et 13h
ArtStarts Gallery,
808 Richards Street, Vancouver
http://www.artstarts.com

Originaire d’Inde du nord, le Bhangra est une danse pleine d’énergie sur une musique aux rythmes effrénés. Les participants à ce cours apprendront bien sûr à danser mais aussi à jouer du Dholdrum !

Photo de ArtStarts

Photo de ArtStarts

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Un Ballo In Mascherapar l’opéra Pro Cantanti
Mercredi 27 octobre à 19h
Cambrian Hall
215 East 17th Avenue, Vancouver
Tickets entre $18/$12
http://www.procantanti.com

L’opéra Pro Cantanti présente l’œuvre Un Ballo In Maschera. Drame, passion et surprise sont à prévoir dans cette composition célèbre de Verdi.

Photo de Opera Pro Cantanti

Photo de Opera Pro Cantanti