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La Saint-Valentin à l’ère de MeToo : Réinventer l’amour dans une culture du consentement

La Saint-Valentin à l’ère de MeToo : Réinventer l’amour dans une culture du consentement
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La Saint-Valentin, qui trouve ses origines dans des rituels anciens liés à la fertilité, a évolué au fil des siècles pour devenir une célébration commerciale de l’amour. Aujourd’hui, dans le contexte du mouvement MeToo, cette fête offre une occasion de redéfinir l’amour, en mettant l’accent sur le consentement et le respect mutuel.

Paul T Tshilolo
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

En Colombie-Britannique, des initiatives telles que le programme Jeunes Leaders des Relations Saines (JLRS) et des ressources comme le Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter jouent un rôle essentiel pour sensibiliser les jeunes et la communauté à l’importance de bâtir des relations équilibrées, saines et respectueuses.

Saint-Valentin, MeToo et l’évolution des dynamiques relationnelles

À l’origine, la Saint-Valentin n’avait rien de romantique. Inspirée des Lupercales, une fête romaine dédiée à la purification et à la fertilité, elle consistait en des rites où les jeunes femmes étaient frappées, dans l’espoir d’accroître leur fertilité. Un autre aspect des origines de cette fête est lié à la légende de saint Valentin, un prêtre chrétien du IIIe siècle, qui fut exécuté pour avoir célébré des mariages secrets entre jeunes couples. Ce n’est qu’au XIXe siècle, aux États-Unis, que la Saint-Valentin a pris sa forme commerciale avec l’échange de cartes et de cadeaux, devenant une occasion de célébrer l’amour sous une forme consumériste.

Jeunes Leaders des Relations Saines de Réseau-Femmes C.-B. | Crédit : Marie-Rose Monabek

Le mouvement MeToo, né il y a quelques années pour dénoncer le harcèlement sexuel et les violences sexuelles, a changé la manière de voir et de comprendre les relations interpersonnelles. En dénonçant des histoires de violences sexistes et sexuelles, MeToo a permis de rappeler l’importance du consentement dans toutes les interactions humaines, et plus particulièrement dans les relations amoureuses. Ce mouvement a ouvert la voie à une prise de conscience collective sur les abus de pouvoir et la normalisation des comportements toxiques dans les relations. « Les messages de sensibilisation, comme ceux du mouvement MeToo, encouragent les femmes : même si elles sont épanouies dans leur relation amoureuse, elles ont le droit de dire non lorsque le comportement en face devient inapproprié. On ne leur dit pas d’éviter les relations, mais plutôt de choisir celles qui leur conviennent et de refuser celles qui ne les respectent pas », souligne Hilla Kerner, porte-parole du Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter, un centre d’aide aux victimes de viol au Canada.

Le programme Jeunes Leaders des Relations Saines (JLRS) : Une initiative visant à promouvoir des relations saines.

Dans le cadre de cette réévaluation des normes amoureuses, des initiatives éducatives jouent un rôle crucial. Mis en place en Colombie-Britannique, le programme Jeunes Leaders des Relations Saines (JLRS) est un excellent exemple de ce que la société peut faire pour favoriser des relations respectueuses dès le plus jeune âge. Conçu par et pour les jeunes, ce programme œuvre pour l’épanouissement personnel et collectif en inculquant des valeurs fondamentales telles que l’empathie, le respect, la communication non violente et la prévention de la violence.

Blanche Monabeka, chargée de projet de JLRS, souligne l’impact de ces initiatives : « Nous avons offert plus de 300 ateliers l’année dernière, atteignant ainsi des milliers de jeunes dans toute la province. Chaque atelier est une occasion d’éduquer sur l’importance de relations équilibrées et respectueuses, de prévenir la violence et de renforcer le bien-être affectif des jeunes. »

En offrant ces ateliers interactifs aux jeunes, du primaire au secondaire, le programme permet de sensibiliser les élèves aux différentes facettes des relations saines. Des thèmes essentiels sont abordés, tels que l’estime de soi, la communication respectueuse, la résolution des conflits, ainsi que la diversité et l’inclusion. Ce programme permet de bâtir une nouvelle génération capable de remettre en question les dynamiques de pouvoir et de violence qui peuvent exister dans une relation.

« Plus on peut sensibiliser les jeunes dès un jeune âge, meilleur sera le futur de l’équité », conclut Blanche Monabeka.

Des statistiques qui témoignent de l’urgence d’agir

Selon Statistique Canada (2021), 19 % des victimes de violence ont signalé les faits à la police, 45 % des victimes d’agression par un ex-conjoint ont subi des violences après la séparation, et 66 % des homicides de femmes et de filles liés au genre ont été commis par un partenaire intime.

Ces statistiques montrent la nécessité d’une sensibilisation continue, non seulement pour prévenir la violence, mais aussi pour éduquer les jeunes générations à des relations plus égalitaires.

Des ressources accessibles pour éduquer et soutenir

Pour soutenir cette éducation, plusieurs ressources sont disponibles pour les jeunes, les parents et les éducateurs en Colombie-Britannique. Des sites comme Loveisrespect.org et SALAL offrent des guides pour aider à repérer les signes d’une relation malsaine et prodiguer des conseils sur la manière de réagir.

Le Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter, quant à lui, œuvre sans relâche depuis 1973 pour soutenir les femmes victimes de violences sexuelles et conjugales. Leur engagement va au-delà de l’aide immédiate, en organisant des événements d’éducation publique gratuits et en militant pour des réformes législatives en faveur de l’égalité des femmes. Ils accompagnent aussi les femmes et les jeunes filles dans le processus de sortie de la prostitution, en leur offrant un soutien téléphonique, un hébergement temporaire et un accompagnement auprès des autorités. Leur mission est d’abolir la prostitution en tant que forme d’exploitation sexuelle et de violence envers les femmes.

Hilla Kerner, porte-parole du Vancouver Rape Relief, rappelle l’importance de l’autonomie des femmes dans leurs relations amoureuses. « Il est vital de comprendre que, même pendant la Saint-Valentin, les femmes ne sont pas obligées d’être dans une relation. Si elles sont en couple, cela doit être une relation dans laquelle elles se sentent en sécurité et respectées. »

Elle rappelle également trois messages essentiels : d’abord, la possession et la jalousie ne sont pas des signes d’amour, une relation saine doit reposer sur la confiance et le respect mutuel. Ensuite, les femmes ont le droit de choisir leurs relations sans se sentir contraintes par des pressions sociales ou culturelles. Enfin, elles doivent savoir qu’elles peuvent demander de l’aide à tout moment. Si une femme se sent maltraitée, en danger ou non respectée, elle a la possibilité de contacter le refuge, disponible 24 h sur 24.

Elle conclut avec un message fort : « Il existe une forte pression culturelle pour être en couple. Mais il y a plusieurs manières de célébrer l’amour : avec ses amis, sa famille, et surtout avec soi-même. »