
Un présentoir de l’exposition interactive pour le programme Expérience internationale Canada. | Credit : Immigration Canada.
Ottawa vient de lancer une nouvelle campagne pour inciter les jeunes entre 18 et 35 ans à se rendre à l’étranger pour voyager ou travailler. Parmi les moyens mis en place : une nouvelle interface numérique et deux événements en présentiel à Toronto et Vancouver.
Suzanne Leenhardt – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
“Quelle est la météo parfaite pour toi ?”, “Comment décrirais-tu ton style social ?”, “Qu’aimes-tu manger ?” sont autant de questions posées sur le nouveau site web du programme Expérience Internationale Canada, une initiative du gouvernement fédéral pour inciter les jeunes Canadiens à voyager et travailler à l’étranger. Sur des fonds jaunes, turquoise et violets, les utilisateurs ont le choix de plusieurs réponses dont les photos sont dignes d’une pellicule de vacances.
En substance, rien de particulier dans le programme d’immigration : cette nouvelle interface lancée en ce début d’année 2025 a pour but de mettre en lumière ce programme. “Les jeunes peuvent acquérir une précieuse expérience de travail à l’étranger, financer leur voyage, développer des compétences linguistiques et tisser des liens”, égrène Aski Ehdego, directeur à la Division de l’Élaboration des politiques et développement du savoir au ministère d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada ( IRCC).
Près de 35 pays ont des ententes réciproques avec le Canada et proposent aux jeunes un permis de mobilité pour venir au pays. Pour appuyer la campagne numérique, le ministère de l’immigration organise aussi des rencontres en personne avec des membres d’Immigration Canada à Toronto et Vancouver en février et mars.
Trouver sa destination
En fonction des réponses, l’algorithme propose trois pays qui pourraient correspondre aux envies de l’utilisateur. Et ajoute même des faits culturels : secteurs économiques les plus importants, le plat culinaire typique, ou encore la légende locale. Par exemple, sur les 5 000 types de bières brassées en Allemagne, “1 500 brasseries respectent encore la Reinheitsgebot (loi allemande sur la pureté de la bière) de 1516”. Jackson Gu, 29 ans, est né à Port Moody en banlieue de Vancouver et vit à Paris depuis deux ans. Il est parti par l’intermédiaire du programme Expérience Internationale Canada et a basculé sur un visa étudiant pour prolonger cette “expérience magique”. À côté de ses études, il travaille à temps partiel pour l’entreprise “pvtistes.net” qui tient un site web en anglais et français de conseils, bons plans et forum sur le voyage pour encourager des personnes à sauter le pas.
“La nouvelle interface du programme est moderne et ça donne envie d’en découvrir davantage mais je trouve que les questions sont celles que l’on se pose pour des petites vacances, songe-t-il. Ce qui n’est pas la même chose que de partir à l’étranger pour deux ou trois ans”. Le jeune homme invite donc les utilisateurs à ne pas se baser uniquement sur ce questionnaire pour choisir leurs destinations.
Aski Ehdego de IRCC décrit une “ambiance café” qui se dégage de cette interface avec pour but de “donner un aperçu des possibilités qu’offre la mobilité”. Cependant, pour lui, elle ne limite pas les choix de l’utilisateur mais constitue une porte d’entrée vers le site web existant.
La question du marché du travail
Bien que le type de voyage promu ne soit pas axé sur le travail, pour pouvoir rester plusieurs années dans un pays et y vivre, mieux vaut avoir une source de revenus. Or, aucune mention sur le marché du travail n’est présente dans le questionnaire.“C’est un permis de travail ouvert qui offre beaucoup de possibilité aux Canadiens”, pousse Aski Ehdego qui le rappelle : chaque pays a des critères d’admissibilité. “Avant de travailler à l’étranger, c’est important qu’ils demandent un permis de travail dont la marche à suivre est très bien expliquée sur notre site”, souligne-t-il.
“Il y a beaucoup de facteurs comme les diplômes, l’expérience, l’âge qui influent sur la recherche d’emploi. Ça aurait été compliqué de proposer des réponses qui aident. La majorité choisissent des petits boulots ici et là pour financer leur voyage”, plussoie Jackson Gu. Avec un permis ouvert, les participants peuvent effectuer du travail à la ferme ou encore du volontariat.
La Belgique, pays francophone mis en lumière
Après avoir suivi des études francophones au secondaire puis dans une université aux États-Unis, Jackson Gu a voulu poursuivre sa pratique en France. Et ne regrette pas son choix. “Ça a été une super expérience. J’ai pu me faire des amis à l’autre bout du monde, découvrir le patrimoine, voyager dans d’autres pays en Europe ! J’encourage les Canadiens à se renseigner sur ce programme”, assure-t-il.
Pourtant, même si le français est une langue officielle au Canada, seule la Belgique fait partie des cinq pays mis en avant, en plus de la Corée du Sud, la Finlande, l’Italie et la Nouvelle-Zélande. De son côté, le directeur du programme justifie ce choix en raison de la “diversité des possibilités de carrière dans l’agriculture, l’art culinaire, le tourisme”. “On a des ententes avec plusieurs pays francophones comme la France et le Luxembourg mais certains canadiens voyagent pour apprendre une autre langue que celles qu’ils maîtrisent, comme l’allemand”, ajoute-t-il. Mais finalement peu importe, une fois arrivés en Europe, la majorité des Canadiens voyagent d’un pays à l’autre tant les distances sont minimes à l’échelle de leur pays.