L’accès aux soins de santé mentale en milieu rural en Colombie-Britannique reste un défi malgré des initiatives provinciales. Si certains trouvent des services adaptés à leurs besoins, d’autres peinent à consulter un professionnel, notamment en français. Les disparités régionales et le manque de visibilité des ressources rendent la situation encore plus complexe.
Paul T. Tshilolo – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Selon le rapport 2024 de l’Association canadienne pour la santé mentale (CMHA), la Colombie-Britannique affiche un taux de psychiatres de 14,8 pour 100 000 habitants, supérieur à la moyenne canadienne de 13,1. Cependant, ce taux ne résout pas tous les problèmes d’accès aux soins.
Des statistiques contrastées
Le taux de besoins de services insatisfaits ou partiellement satisfaits en C.-B. atteint 9,4 %, soit plus que la moyenne nationale de 7,8 %. De plus, 15,3 % des patients hospitalisés pour un trouble de santé mentale sont réadmis dans les 30 jours, un taux supérieur à la moyenne canadienne de 13,4 %.
Malgré ces chiffres, le gouvernement de la province a pris des mesures pour améliorer l’accès aux soins. En 2023, il a investi 75 millions de dollars pour la création de 12 nouveaux centres Foundry, qui offrent des services de santé mentale aux jeunes. De plus, des équipes de soins assistées par des pairs (Peer Assisted Care Teams) ont été mises en place pour intervenir en cas de crise sans recours systématique à la police.

Photo de famille de Catherine Alary à Kelowna. | Crédit : Matt Ferguson
Des expériences variées selon les régions
Catherine Alary, habitante de Kelowna, fait partie de ceux qui n’ont pas rencontré de grandes difficultés pour trouver de l’aide. « Ici, je trouve que c’est facile de faire des recherches en ligne. Nous sommes quand même une petite communauté francophone, mais pour moi, ce n’est pas un grand défi », explique-t-elle. « J’avais personnellement voulu parler à un conseiller, et ça a été facile d’y accéder. Au moins une fois par mois, individuellement, en couple et en famille, nous consultons un professionnel. »
Toutefois, Catherine souligne que la question du coût et de la couverture par les assurances reste un enjeu majeur. « Ce que nous voulons, c’est que ces services soient abordables et couverts par les assurances de travail », ajoute-t-elle. Selon elle, la principale amélioration à apporter serait d’accroître la visibilité des services de santé mentale en français, notamment pour les parents.
Une accessibilité relative selon les besoins
Deborah Dennis, résidente de Salmon Arm depuis plus de 30 ans, n’a pas personnellement eu besoin de ces services, mais son mari a dû consulter un psychiatre. « Il voulait aussi participer à un groupe de soutien pour personnes souffrant d’anxiété, alors j’ai appelé et nous avons pu y accéder facilement », témoigne-t-elle.
Si elle reconnaît la facilité d’accès aux services virtuels, Deborah regrette un manque d’information sur les ressources locales. « J’espère qu’il y en a d’autres, mais je n’en connais pas trop », admet-elle. Son conjoint, souffrant d’un trouble mental à haut fonctionnement, a pu obtenir un soutien adéquat, mais il est possible que d’autres habitants de la région ne bénéficient pas du même niveau d’information.
Une autre perception chez les aînés
Lise Ouimet, également de Salmon Arm, n’a jamais eu recours aux services de santé mentale, mais elle témoigne de l’existence de ressources accessibles, notamment pour les aînés. « Mon mari et moi sommes en bonne santé, mais je connais une amie dont le mari a été déclaré inapte, et elle a pu facilement voir un médecin et obtenir du soutien », dit-elle.
Elle met en avant un outil précieux : « Il y a des petits dépliants dénommés « Le Guide pour les aînés de la C.-B. » qu’on retrouve à la bibliothèque, à la pharmacie et chez le médecin. Ils sont très utiles pour savoir où aller chercher de l’aide. » Cela montre que l’information existe, mais qu’elle est parfois peu soulignée.
L’expérience de Catherine Alary à Kelowna montre qu’un bon niveau de bilinguisme et une recherche proactive facilitent l’accès aux soins, tandis que le témoignage de Deborah Dennis à Salmon Arm met en lumière les lacunes en ce qui concerne la sensibilisation aux services disponibles.