Le festival du film juif, Entre mémoire et rapprochement culturel

Le Nom des gens

Le Nom des Gens - Photo par le festival du film juif

Depuis le 10 novembre, le festival du film juif a ouvert ses portes au Ridge Theatre pour son 23ème anniversaire. Au total, pas moins de 29 films sont à l’affiche jusqu’au 20 novembre, faisant de Vancouver une place forte du cinéma juif.

« Ces cinq dernières années, nous avons doublé la fréquentation et nous atteignons en moyenne 8000 spectateurs chaque année» précise Robert Albanese, le Directeur exécutif. « Nous comptons désormais parmi les dix plus importants festivals d’Amérique du Nord. Au Canada, nous sommes même le deuxième festival du film juif après celui de Toronto. »

Un résultat plutôt encourageant au regard de la petite population présente sur place. « Seul 25 000 juifs1 vivent à Vancouver mais il s’agit d’une communauté très dynamique » explique Robert Albanese avant de poursuivre : « Je crois que notre festival a trouvé son public car notre message passe bien. » Un positionnement qui oscille entre devoir de mémoire et ouverture culturelle.

Un succès au box office français à l’affiche

Tout un pan du festival du film juif de Vancouver revient sur la tragédie de la Shoa à l’image du drame historique La Rafle, grand succès à sa sortie en France en 2010. Le film de la réalisatrice Roselyne Bosch porte sur la rafle du Vél d’Hiv survenue le 16 juillet 1942, date à laquelle la police française arrêta treize mille personnes fichées comme juives, dont plus de quatre mille enfants, avant qu’ils ne soient déportés puis exécutés au camp d’Auschwitz-Birkenau.

Solidement documenté et remarquablement portés par l’interprétation de Mélanie Laurent et de Jean Réno, le film pointe du doigt une zone d’ombre de l’Histoire de France en provoquant une émotion déchirante.

« Il est important de parler du génocide afin que cette histoire ne tombe pas un jour dans l’oubli » confie Robert Albanese. « A l’avenir, nous souhaitons tout de même proposer moins de films sur la seconde guerre mondiale.  Il est bien évidemment important de se souvenir mais nous devons aussi grandir et tendre davantage vers d’autres sujets. »

Avec pas moins de 30% de spectateurs issus d’autres communautés, le festival veut s’ouvrir au plus grand nombre. « Nous avons, par exemple, des partenariats avec les festivals asiatique et latino et un certain nombre de films que nous proposons ont des thématiques universelles susceptibles d’intéresser des personnes de diverses origines. »

Israéliens et palestiniens main dans la main

Parmi eux, citons My So-called enemy, documentaire israélo américain pour lequel la réalisatrice Lisa Gossels a suivi en juillet 2002 un groupe de vingt deux adolescentes israéliennes et palestiniennes réunies pour quelques jours aux États-Unis autour d’un programme intitulé Building Bridges for Peace.

Juives, musulmanes ou chrétiennes, la plupart d’entre elles avaient perdu un ou plusieurs proches durant le conflit. Sept ans plus tard, six d’entre elles, parfois devenues amies, révèlent comment leur expérience a changé leur façon de penser et de vivre. « Les différences entre les communautés peuvent souvent paraître conséquentes et provoquer des tensions, mais lorsque les gens se rencontrent réellement tout change et la compréhension devient meilleure » explique judicieusement Robert Albanese.

Une manière subtile d’aborder les thématiques identitaires qui fonctionne à merveille dans Le nom des gens de Michel Leclerc. Sara Forestier y interprète avec brio Bahia Benmahmoud, “jeune prostituée politique” spontanée et libertine qui couche avec des hommes de droite, qu’elle qualifie de fachos, pour les faire changer d’opinion. Une méthode qui lui réussit plutôt bien jusqu’à sa rencontre avec un certain Arthur Martin (Jacques Gamblin) dont le nom de famille cache une histoire bien plus complexe qu’il n’y paraît. A noter que l’ancien premier ministre Lionel Jospin fait une apparition pleine d’auto-dérision dans cette comédie atypique à voir  ou revoir.

Ridge Theatre

Gratuit étudiants 18 à 25 ans 13$ la place, pack de 5 films pour 55$ Abonnement: 2$

www.vjff.org