Le Powell Street Festival de Vancouver : une fenêtre culturelle pour mieux comprendre la dure réalité des immigrants asiatiques du siècle dernier

Les activités festives du quartier Japan Town de Vancouver ont repris cette année, avec plus de 20 000 personnes présentes à la 47e édition du Powell Street Festival. Il s’est déroulé les 6 et 7 août 2023, lors du long congé du BC Day. Il s’agit du plus ancien festival artistique et communautaire du Canada et du plus important de la Colombie-Britannique. Il célèbre la vitalité de la culture japonaise traditionnelle et contemporaine, reflétant les jours heureux de cette petite communauté asiatique établie à Vancouver depuis plus de 150 ans. 

Marc Béliveau – IJL – Journal La Source

Rares sont les occasions de revêtir le kimono ou le yukata, seul ou avec ses enfants, et de célébrer son identité culturelle dans un lieu public à Vancouver.  Le Powell Street Festival est l’événement par excellence permettant à la communauté nippo-canadienne de se rassembler et de faire valoir sa culture et son identité.

Au fil des ans, le festival est devenu beaucoup plus inclusif ; comme l’explique Emiko Morita, la directrice générale : « Le festival est né d’un mouvement populaire, et la participation s’est très diversifiée. En plus de la communauté japonaise, il y a les résidents du quartier, les étudiants qui apprennent le japonais, les nouveaux immigrants et le grand public.

Emiko Morita, directrice-générale du Powell Street Festival | Credit photo: Powell Street Festival

Le programme du festival a également évolué pour inclure diverses activités et événements. Par exemple, le festival propose des installations interactives, des activités pour enfants, des démonstrations d’arts martiaux, des tambours taiko, des tournois de sumo amateurs, des cérémonies du thé, des démonstrations d’ikebana et de bonsaï. Il présente également des talents locaux, nationaux et internationaux, notamment des artistes, des interprètes et des musiciens.

Aussi, plus de 250 bénévoles participent au succès de l’événement. On retrouve aussi des dizaines de kiosques de nourriture, d’échange d’information et de cours de japonais. Il y a aussi plus d’une trentaine de performances artistiques, des visites guidées du quartier et des forums de discussion. Jusqu’à 500 artistes professionnels et amateurs font partie de la distribution de ces activités culturelles et communautaires.

En plus des activités récréatives et conviviales, plusieurs kiosques d’information, dont celui du National Nikkei Museum, situé à Burnaby, répondent aux nombreuses questions du public. «Les gens qui s’arrêtent au kiosque sont généralement à la recherche de leur généalogie familiale », explique Mme Daien Ide, archiviste du Musée et elle-même Canadienne d’origine japonaise depuis trois générations. Elle ajoute « qu’il y a aussi des chercheurs universitaires qui veulent en savoir plus sur la diaspora japonaise en Amérique du Nord.”

Daien Ide, archiviste au Musée National Nikkei, à Burnaby. | Credit photo: Marc Béliveau

Elle soutient que le sujet mérite plus d’attention, soulignant le projet de recherche initié par le National Nikkei Museum et l’Université de Victoria.  Intitulé « The Past Wrongs, Future Choices », le projet s’étalera sur une période de sept ans. Il vise à documenter l’impact de la Seconde Guerre mondiale, notamment la dépossession de leurs biens et l’emprisonnement de populations japonaises, déjà établies à l’étranger, notamment au Canada, aux États-Unis, en l’Australie et au Brésil. Cette recherche débouchera sur la création d’une exposition au Musée Nikkei en 2029, en plus de fournir du matériel pédagogique pouvant soutenir des ateliers de formation et de réflexion dans les écoles.

Publication récente “White Riot” sur l’émeute anti-asiatique à Vancouver en 1907. L’auteur: Henry Tsang. | Credit photo: Marc Béliveau

Cette année, des visites sont également proposées dans le quartier de Strathcona pour retracer l’importance des émeutes anti-asiatiques de 1907.  En fait, plusieurs historiens canadiens nous rappellent le destin tragique de plusieurs communautés asiatiques, qu’elles soient japonaises, chinoises ou indiennes, lors de leur établissement sur la côte Ouest.

Selon la directrice du festival, Emiko Morita, « le Powell Street Festival n’est pas en quête d’expansion. Il est important de le maintenir dans sa facture actuelle ». Elle rappelle un aspect insoupçonné de l’événement : « Le festival sert de « retour au bercail » à de nombreux Nippo-canadiens, de partout au Canada, qui profitent du festival pour y rencontrer des amis et des membres de leur famille ».