Invitation culturelle: Fatoumata Diawara ou la révolte musicale malienne

Fatoumata Diawara | Photo par Myspace de Fatoumata Diawara

Fatoumata Diawara | Photo par Myspace de Fatoumata Diawara

Avec ses mélodies entraînantes et ses textes engagés, Fatoumata Diawara – Fatou pour les intimes – est la nouvelle figure de proue de la musique malienne, et elle est bien décidée à faire changer les choses en Afrique.

Grâce à un savant cocktail de musique wassoulou, de jazz et de soul, cette chanteuse pleine d’énergie nous fait passer un message fort : il est temps d’agir. Dans le cadre de sa tournée internationale, Fatoumata espère conquérir la scène musicale de Vancouver le 24 juin.

Artiste d’ici et d’ailleurs

Si elle est désormais connue en tant que chanteuse et compositrice, ça n’a pas toujours été le cas. Tout d’abord repérée par un metteur en scène au Mali après avoir quitté sa Côte d’Ivoire natale, c’est devant les écrans que la jeune Fatoumata fait ses premiers pas d’artiste. Elle tourne plusieurs films, dont La Genèse, un film franco-malien qui rencontrera un grand succès en Afrique de l’Ouest et lancera sa carrière.

On retrouvera ensuite cette jeune femme aux multiples talents en 2007 sur les planches françaises, où elle interprétera le rôle de la sorcière dans la comédie musicale de renom Kirikou et Karaba.

Depuis, « Fatou la comédienne » a laissé place à « Fatou la musicienne », et c’est à la guitare qu’elle s’accompagne « en espérant pouvoir faire changer les choses au Mali, » confie-t-elle.

Une révolte musicale

Derrière un grand sourire plein de charme, son regard mélancolique et perçant témoigne d’un passé douloureux, dans lequel elle puise son inspiration. Comme beaucoup d’autres jeunes Africaines, Fatoumata a vécu le traumatisme de la circoncision, contre laquelle elle se révolte à l’aide de ses textes : « Ne coupez pas la fleur qui fait de moi une femme… Maman, ne les laisse pas m’exciser, c’est si douloureux, » supplie-t-elle dans sa chanson Bokolo.

L’artiste s’interroge sur la légitimité de l’excision, pratique grandement répandue en Afrique : « certains disent que c’est la tradition… Mais quelle tradition ?! Puisqu’on ne sait pas vraiment d’où ça vient, arrêtons, tout simplement, » s’exclame-t-elle, révoltée.

À travers ses textes, elle espère au moins alimenter le débat et faire bouger les choses. « Pour notre génération, c’est trop tard. Mais j’ai envie de donner une chance à la prochaine génération. »

La chanteuse aborde également d’autres sujets d’actualité en Afrique, comme le mariage forcé ou l’émigration. « En Afrique quand les femmes vont se réveiller, ça va chauffer, » prévient-elle en riant. « Nous avons la force, l’intelligence et la patience. »

Fatoumata rend visite à différentes écoles du pays, dans l’espoir d’aider les jeunes Maliennes à s’épanouir loin des carcans de la tradition. « Je suis allée dans des écoles pour dire aux jeunes filles qu’elles pouvaient se marier et continuer à rêver. Pourquoi la vie d’une femme devrait-elle s’arrêter au mariage? Je ne comprends pas ! »

La musicienne connaît le potentiel de son continent et aimerait se faire entendre des gouvernements africains qui, d’après elle, devraient « aider les jeunes d’Afrique à rester chez eux, à avoir des rêves, pour qu’ils puissent construire l’Afrique de demain. »

Elle se penche ainsi sur le problème de l’émigration dans sa chanson Clandestin, décrivant les dangers de la traversée vers l’Europe et l’inquiétude des proches laissés derrière. « Certains les appellent les clandestins. Nous les appelons les guerriers, » écrit-elle.

La lutte pour l’union

Face à la récente insurrection islamiste au Mali, beaucoup d’artistes ont dû fuir le pays, menacés de mort. « Au nord du Mali on ne pouvait plus jouer de la musique. On cassait nos instruments, » raconte Fatoumata.

Le dernier album de Fatoumata Diawara s'appelle Fatou | Photo par Myspace de Fatoumata Diawara

Le dernier album de Fatoumata Diawara s’appelle Fatou | Photo par Myspace de Fatoumata Diawara

Mais la musique ne peut pas être retirée au Mali. En réponse à ces menaces, Fatoumata a rassemblé plus de 40 musiciens maliens sous l’égide de Voices United for Mali pour chanter Mali-Ko, un appel à la paix et un pied de nez aux islamistes.

« Maliens, donnons nous la main, ce pays n’est pas un pays de guerre… Maliens, donnons nous la main, qu’est-il arrivé au Mali ? » peut-on les entendre chanter.

Dans sa lutte pour une Afrique unie, Fatoumata est actuellement en tournée internationale. Le 24 juin, elle viendra chanter ses combats et régaler le public de ses mélodies atypiques à Vancouver, alors dépêchez-vous de réserver vos places.

Fatoumata Diawara
24 juin à 20h
Billets: 28$/30$
North Shore Jazz
NSCU Centre

Agenda
Visite nocturne de l’Aquarium de Vancouver
Jeudi 6 juin, de 18h à 20h
http://www.vanaqua.org
Réservée aux adultes, cette visite nocturne de l’aquarium vous propose de vous immerger (pas littéralement!) dans le monde marin, le tout dans le calme et la tranquilité. Un havre de paix loin de vos chères têtes blondes, le temps d’une soirée.
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Dreamgirls
Arts Club Theatre Company
du 9 mai au 7 juillet
http://www.artsclub.com

Suivez les hauts et les bas de trois jeunes filles qui passent de l’anonymat à la célébrité grâce à leur groupe, les Dreamgirls. Cette comédie musicale se penche sur l’histoire de ces divas, avec Motown en musique de fond.
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Jazz: le trio de Sarah Kennedy

Roedde House Museum
13 juin 2013, de 19h à 20h
http://www.roeddehouse.org

Star montante de la scène musicale de Vancouver, Sarah Kennedy nous régalera d’une pléiade de reprises de Billie Holiday, Sarah Vaughan, Etta James, Joni Mitchell ou encore Blossom Dearie, accompagnée de ses musiciens montréalais.