La Galerie d’art de Vancouver soutient l’art autochtone contemporain

Raven: On the Colonial Fleet, 2010, par Skeena Reece

Raven: On the Colonial Fleet, 2010, par Skeena Reece

Du 25 février au 3 juin 2012, la Galerie d’art de Vancouver présentera une toute nouvelle exposition sur l’art autochtone contemporain, intitulée Beat Nation – Art, Hip hop and Aboriginal culture. Il s’agit d’une exposition principalement axée sur l’art contemporain et sur l’art urbain, vecteurs d’expression privilégiés des jeunes générations.

Mettre en lumière l’art autochtone et les artistes de la nouvelle génération

Force est de constater que l’art autochtone, qu’il soit contemporain ou traditionnel, n’est pas surreprésenté dans les médias. Pourtant, selon les dernières études, la population autochtone représenterait à peu près 1,3 million de personnes au Canada (soit près de 4% de la population). Il s’agit d’une population jeune. En effet, 48% de la population autochtone est âgée de 24 ans ou moins. Alors que pour le reste du Canada, le ratio est porté à 31%.

Parmi cette jeunesse autochtone, qui tente de trouver sa place dans la société canadienne, se trouvent beaucoup de jeunes artistes de renom. C’est pour supporter cette jeunesse créative, et montrer au public ses œuvres, que l’exposition a été montée. Ce n’est pas la première fois que la galerie présente des œuvres autochtones et des œuvres de jeunes artistes. On se rappellera notamment l’exposition intitulée Raven Travellings : Two Centuries of Haida Art de 2006. Beat Nation se situe donc dans la continuité directe des expositions précédentes. Comme le rappelle l’une des conservatrices de l’exposition, Kathleen Ritter, « la Galerie d’art de Vancouver met un point d’honneur à mettre en avant de jeunes artistes ».

Un art qui innove et une culture qui se renouvelle

L’exposition présentera des œuvres issues de supports très différents comme le hip pop, la danse, les graffitis, la peinture ou la sculpture. Au total, plus d’une vingtaine d’artistes d’Amérique du Nord seront représentés, dont des références internationales comme Brian Jungen ou Michael Nicoll Yahgulanaas pour la sculpture. Néanmoins il y a de quoi s’interroger : Pourquoi associer l’art et le hip hop ? La réponse est simple. Le hip hop est devenu un vecteur efficace pour rapporter ses expériences et porter l’activisme politique. On peut même dire que c’est sa raison d’être. C’est pour cela qu’il a influencé d’autres arts, et notamment des arts visuels comme la peinture ou la sculpture, qui tendent de plus en plus à utiliser des stratégies similaires pour toucher le public. Même s’il existe des différences, il s’agit du même procédé : s’approprier les codes de la culture dominante pour refléter la culture autochtone. Mais il s’agit également de dénoncer les choses et de les inscrire dans une lutte politique. « Le hip hop autochtone est devenu un moyen privilégié pour raconter des histoires, utiliser des langues autochtones et faire du militantisme politique », rappelle Kathleen Ritter.

Turning Tables, 2010, par Jordan Bennett

Turning Tables, 2010, par Jordan Bennett

Quid alors de la pérennité des anciennes traditions ? En voyant cette jeune génération rapper comme une superstar de Grammys Awards, on serait tenté de penser que la jeune génération a rompu tout contact avec l’ancienne et avec les traditions ancestrales. D’ailleurs, un certain nombre de personnes d’un âge avancé voient d’un mauvais œil cet élan créatif issu du milieu urbain. Pourtant il n’en n’est rien. Et c’est même là que réside tout l’intérêt de la chose. Que ce soit en matière de hip hop, de mode, ou encore de graffitis, tous présents dans l’exposition, on ne peut qu’observer le mélange entre modernité et tradition. Il s’agit d’innover, en utilisant de nouvelles techniques ou de nouveaux matériaux par exemple, sur des terres solides et antiques, afin de s’approprier le monde.

La culture autochtone vit. Elle s’adapte. Et cela en dépit des tragédies représentées par la colonisation et les tentatives d’assimilation, et des assauts répétés qui lui ont été portés. Mais désormais les choses avancent. Cette jeune génération d’artistes, en adoptant les codes de la culture « mainstream », crée un pont entre les cultures et les générations. Ce qui constitue un signe de réconciliation entre des populations que tout oppose, cependant unies par les liens sacrés enfouis dans la magnifique terre du Canada.